Un soutien massif de l’Etat aux producteurs locaux est indispensable
Depuis le 26 juillet 2023, que le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) intervenait pour mettre fin à la descente aux enfers de notre pays fragilisé par certains de ses fils en renversant le régime de Bazoum Mohamed, au point où l’ancien Premier ministre Ouhoumoudou Mahamadou, devenu fugitif avec bien de ses camarades, déclarait, sans honte, depuis la France, que, connaissant ‘’parfaitement la situation au Niger pour avoir été ministre des finances et aussi PM, avec cette batterie de sanctions, le pays ne pourra pas tenir deux semaines’’, tellement ils ont rendu le Niger dépendant de l’extérieur, une nouvelle lutte pour la reconquête de la souveraineté du Niger et son indépendance nationale s’engageait. Déjà, avec le soutien populaire, après la dénonciation par le CNSP des accords militaires léonins par lesquels l’ancien régime offrait le Niger, son espace et ses abondantes richesses aux puissances étrangères, les militaires étrangers, illégalement installés sur le territoire national par Mahamadou Issoufou et ses camarades, ont été boutés hors du Niger. Les derniers sur le point de l’être sont les américains. Et, toute relation est coupée avec la France de Macron, cette même France qui a cru pendant longtemps que le Niger lui appartenait et que les richesses du pays sont réservées aux générations futures françaises, mais pas au peuple nigérien. Un nouveau vent souffle donc sur le Niger, tout comme sur les deux autres pays de l’Alliance des pays du Sahel (AES), le Burkina Faso et le Mali en l’occurrence. Un vent de liberté et de souveraineté retrouvée, où le Niger peut librement choisir ses partenaires. De nouveaux ‘’Soleils des indépendances’’, pour prendre le mot de Amadou Kourouma. Indépendance politique, financière et économique pour une souveraineté nationale réelle. Mais, il y a lieu de se demander si les nobles objectifs d’indépendance et de souveraineté nationale auxquels aspire toute communauté digne de ce nom peuvent être atteints sans souveraineté alimentaire. La question vaut tout son pesant d’or, car un peuple à même de bâtir une nation véritablement souveraine est un peuple qui se nourrit, qui produit ce qu’il consomme et consomme ce qu’il produit. Et qui ne dépend pas, de ce fait, des exportations exorbitantes de denrées alimentaires qui grèvent considérablement les maigres ressources nationales et, qui, régulièrement, est même tenu de tendre la main pour une assistance alimentaire. Régulièrement, la presse internationale fait cas de millions de nigériens qui souffrent et le Niger fait appel à communauté internationale qui, bien entendu, conditionne son aide en imposant ses désidératas à notre pays. Pourtant, le Niger regorge de potentialités énormes en matières de production agricole : les eaux de surface comme du sous-sol ; des terres cultivables à perte de vue ; des bras valides ; une jeunesse nombreuse. Depuis des décennies, il est enseigné aux élèves, dès l’école fondamentale, que l’agriculture et l’élevage sont les deux mamelles de l’économie nigérienne. Mais, dans la réalité, peu de dirigeants, en dehors de Kountché pour qui l’autosuffisance alimentaire est une obsession et Tandja qui, dans son programme spécial, a prévu la construction des mini-barrages pour la production locale alimentaire, en tiennent vraiment compte. La part de ce secteur dans le budget national est très insuffisante, pour ne pas dire insignifiante. Aujourd’hui que notre pays, sous la houlette du CNSP et du gouvernement de transition, cherche à recouvrer son indépendance réelle, l’Etat ne peut pas faire l’économie d’un soutien massif aux producteurs nigériens. Encadrer les producteurs locaux, les organiser s’il le faut en coopératives, les soutenir financièrement sous forme de subventions, les aider à trouver des débouchés, mettre à la disposition des populations l’eau nécessaire à la petite irrigation en installant de mini adductions d’eau, envisager la transformation et même la vente du surplus à l’extérieur sont, dans le contexte actuel, des nécessités incontournables. Sur l’ensemble du territoire, il y a des petits producteurs qui ne cherchent qu’à être appuyés, encouragés. Les populations d’Agadez, à plus de 900 Km de Niamey, alimentent régulièrement la capitale en fruits et en légumes. Diffa, à plus de 1200 Km de Niamey, en plus de son marché local et celui de Zinder, alimente, de plus en plus, de poissons les habitants de la capitale. Imaginons un seul instant que ces producteurs bénéficient d’un soutien massif de l’Etat et du privé qui peut être mis à contribution. Sans compter les aménagements hydro agricoles autour du fleuve Niger qu’il convient juste de réhabiliter et renforcer. Ainsi que les immenses terres riches propices à l’agropastoralisme de l’Irrazer, le lac Tchad et la Komadougou à Diffa, les vastes plaines de Maradi et Tahoua et les dallols. Certaines de ces régions sont si riches qu’elles sont même convoitées par des pays étrangers qui essaient par tous les moyens de se les approprier. Les sanctions sévères imposées par les pays voisins ont montré le degré alarmant de notre dépendance dans ce domaine. La flambée des prix des denrées alimentaires prouve si besoin est qu’un pays qui n’est pas autosuffisant sur le plan alimentaire ne peut prétendre à une véritable souveraineté. Nous devons tirer des leçons de l’histoire, sinon nous risquons de revivre le passé.