Depuis quelques années, l’Afrique de l’Ouest vit de multiples crises, de vices convulsions politiques et sécuritaires qui ébranlent sa quiétude. Tous les pays, notamment francophones, à des degrés divers sont touchés par ces turbulences, donnant de ces images de pays incertains, instables où tout peut à tout moment basculer et notamment, hélas, dans la violence.
Le Mali, le Burkina Faso, le Niger qui avaient eu la malchance d’être dirigés par des socialistes que des complicités nouées à l’Internationale Socialiste poussaient à tout oser, n’ayant de respect ni pour les principes démocratiques ni pour les règles de gestion recommandées dans un État de droit, sont des exemples assez illustratifs. Ces trois pays, face à l’enlisement, notamment quand tout devrait se compliquer avec la crise sécuritaire, n’avaient eu de choix que le coup d’État pour sortir d’une impasse que leur imposaient des dirigeants qui ne peuvent rien entendre de ce que crient les peuples excédés par la conduite des dirigeants? On sait les douleurs que la démocratie béninoise avait vécue avec aujourd’hui encore des personnalités politiques et notamment une femme en prison dans le pays sans que personne ne crie au scandale. Et depuis des années, mettant en place son plan machiavélique de détournement de la démocratie sénégalaise, Macky Sall , comme Issoufou Mahamadou le fit au Niger , s’en inspirant donc , avait commencé à traquer ses adversaires et notamment le plus en vue pour lui barrer la route à la candidature à la présidentielle du pays . Ousmane Sonko qu’il voulut « manger » dans Tchop gaine », est ainsi allé en prison pour des montages grossiers qui ne peuvent pourtant pas émouvoir la communauté internationale, pas même la fameuse CEDEAO qui dit battre pour la promotion de la démocratie. C’est pourtant le peuple souverain qui juge en matière électorale et ce scrutin du 24 mars est venu le rappeler de manière assez éloquente, obligeant Sall et ses partisans à enfiler désormais la robe d’opposants. Sonko, comme au Niger avec Hama Amadou, connut le bannissement et la persécution jusqu’à lui empêcher lui aussi, d’être candidat dans son pays. L’école d’Issoufou faisait donc, sous nos tropiques, des émules.
Par de tels entêtements; travaillant sans doute pour Paris, le président sénégalais allait mettre à feu son pays. On sait comment, pendant des jours ; la rue était agitée dans le pays, une jeunesse qui en avait marre hurlait à pleine gorge, dépitée de voir sa démocratie s’effondrer par la faute d’ainés devenus irresponsables. Le peuple a tenu, courageux et combatif. Ses leaders aussi qui ne baissent jamais les bras, convaincus de ce qu’ils veulent pour leur pays et pour sa démocratie. Macky Sall tenta même de reporter les élections, et d’en faire ce qu’il veut. Mais, les partis politiques et le peuple ont veillé. Et ce jusqu’à ce que l’on libère les nombreux opposants y compris les leaders et notamment ceux interdits de compétition électorale. Mais la victoire de la démocratie n’aura été possible que par la force des institutions démocratiques avec des hommes et des femmes courageux qui savent que leur fonction ne les met pas au service d’un homme et de ses ambitions, mais au service de la démocratie et du peuple du Sénégal, ce pays qui a une grande culture démocratique et un grand passé politique indéniable. Souvent les universitaires sénégalais ont signé des tribunes pour mettre en garde et prendre leurs distances vis-à-vis d’une politique qui humilie une démocratie qui est quand même l’une des plus vieilles d’Afrique francophone et que Senghor aura laissé à son pays comme un patrimoine, comme un héritage à préserver. Contrairement à beaucoup d’autres Cours Constitutionnelles du continent ; celle du Sénégal a joué pleinement son role , et c’est elle qui a abrogé les décisions liberticides du président Sall pour maintenir le chronogramme des élections , obligeant à aller à la campagne électorale et à convoquer les électeurs à voter le dimanche 24 mars dernier . Personne, dans nos Gondwana, ne peut prédire un tel scénario. La qualité de nos démocraties des hommes devant la servir et l’animer. Le Sénégal vient ainsi d’administrer au monde et à l’Afrique, une belle leçon de démocratie.
Cette Victoire, ainsi que peut le dire le président sortant dont le candidat échouait lamentablement, est une victoire pour l’Afrique et pour une jeunesse qui aspire à prendre le destin du continent en main. Une grande victoire de la démocratie africaine. C’est un message d’une jeunesse africaine assoiffée de liberté et de mieux-être donné à une vieille classe politique autocratique africaine et un message africain au monde et notamment aux puissances impérialistes. L’Afrique ne peut plus être ce qu’elle a été. C’est une donne qui déterminera ses relatons avec le reste du monde. Pour toujours. Quand on entend la presse occidentale attristée par la victoire de Diomaye, le présentant comme un candidat antisystème, pensant toujours que ces gens ne pensent que par un autre, que sous l’influence des Russes et d’autres notamment, l’on ne peut que lire là le désarroi d’un occident qui ne comprend pas comment l’Afrique, pays après pays, est en train de lui échapper. Ce fut presque un raz-de-marée et on aura compris que c’était cet échec pressenti qui a poussé Macky Sall , sous les injonctions de Paris apeurée par le grand déluge , à tenter de saborder le processus électoral . Le peuple est resté calme et serein, attendant de prendre le pouvoir du vote pour décider pour le Sénégal et sanctionner des hommes politiques qui, ingrats, ont voulu domestiquer la démocratie pour leurs seuls intérêts et pour des intérêts étrangers. On ne peut que rendre hommage au grand peuple du Sénégal fier de sa démocratie, à ses institutions et à surtout à la structure chargée d’organiser les élections qui aura réussi à sécuriser les votes des citoyens.
Cette victoire est donc une grande victoire de Sonko qui a été persécuté par le régime, trainé dans la boue, face à une France qui trouvait tout ça normal. Mais son peuple lui a rendu justice quand des juges manipulés ne le peuvent pas. Maintenant, ceux qu’on a utilisés contre lui, doivent savoir à quoi s’en tenir notamment quand, pour faire le jeu d’un homme, ils décidaient de l’accabler de harcèlements, de vol de téléphone, toutes choses assez drôles. Dans la vie, l faut savoir être honnête. Le temps est meilleur juge et sans tenir à sa seule personne, il choisissait, dans l’inconfort qui était le sien, un candidat dans son parti, et il a triomphé! Il avait compris que, plus que Macky Sall , c’est le peuple qui détenait les clés de sa libération. Aujourd’hui, c’est une jeunesse décomplexée qui arrive au pouvoir et elle sait ce que le peuple attend d’elle. Les choix courageux qu’elle pourra faire détermineront pour beaucoup l’avenir de ce pays qui mérite sans doute mieux. Le tandem doit tout faire pour résister aux vicissitudes de la vie politique, pour résister à ce qui pourrait les pousser à la séparation, car ils doivent s’attendre à ce que d’autres travaillent dans ce sens pour briser leur élan et leur force.
Il va sans dire que, comme la France malade depuis ce soir de la proclamation des résultats, incapable de saluer l’événement -Macron a salué plus tard le nouvel élu-, et à la suite d’appels d’adversaires, y compris le candidat de Macky Sall , pour féliciter le candidat de l’opposition , la CEDEAO pourrait elle aussi être en crise et complètement défaite : Le Sénégal va aussi échapper . L’Afrique est en train de changer. Les malaises africains sont profonds et la France perd pour n’avoir pas compris ces douleurs que ruminent les peuples depuis des années. Elle doit comprendre que le problème est réel et profond et surtout qu’elle n’a que peu de chance à faire changer la donne dans des pays où les « peuples sont fatigués », fatigués de ces amitiés inutiles. La CEDEAO, elle aussi, tremble depuis qu’elle entendait la victoire de l’Opposant car, si le Sénégal devait venir, ce serait certainement avec un nouveau discours qui ne paiera pas à Abuja. A force d’exiger des réformes impossibles à la CEDEAO, Diomaye n’aura de voie que l’AES. On l’aura compris et certains observateurs l’on dit : de nouvelles portes s’ouvrent à l’AES du coté du Sénégal aussi, une AES appelée à déterminer pour les années à venir la marche nouvelle du continent.
Rien ne sera plus comme avant.