Quand l’Etat décide de se faire leader du secteur
Pendant longtemps, l’on a plaint le fait que, presque toujours, ce sont des entreprises étrangères qui se taillent la part du lion dans l’exploitations des ressources naturelles, ne concédant que des profits dérisoires à l’Etat, et laissant aux populations des terres dégradées et inconvenantes à l’activité agricole et un environnement gravement pollué. Ceux de nos pays qui ont conclu les contrats de partenariats dans ce secteur, se sont faits gruger en laissant des sociétés étrangères s’accaparer de l’essentiel, parce qu’elles auraient accepté d’investir pour prendre des parts faramineuses que rien ne peut permettre de comprendre. Pendant des décennies d’exploitation de l’uranium par une société française, par exemple, l’on peut remarquer que le Niger n’aura presque profité de rien de cette ressource pourtant stratégique et avec laquelle la France a pu se positionner en Europe et même au plan mondial en leader de l’énergie civile nucléaire. Il en est de même pour l’or où, après avoir fait rêver les Nigériens de « lingots d’or », après plusieurs années d’exploitation à Samira, l’on n’aura rien vu de ce que le métal précieux aurait apporté au pays pour changer la vie des populations. Pire, le secteur a donné lieu à l’installation d’une vraie mafia qui a pris d’assaut les sites d’exploitation d’or, distribuant à tours de bras des permis pour permettre à certains cercles du pouvoir de s’y enraciner, prenant de l’or dans le pays sans rien payer à l’Etat ainsi spolié. On se rappelle que la BECEAO a même envoyé, sous la Renaissance, une lettre dans laquelle elle alertait le gouvernement de l’époque sur la sortie d’une importante quantité d’or sans voir revenir dans le pays l’équivalent en devises ainsi que cela devrait se faire. Et la BECEAO n’eut pas de réponse.
Le secteur des ressources minières est donc, pour tant de raisons, un secteur à assainir. C’est pour cela d’ailleurs, il y a quelques jours, que l’on appréciait la décision du Président du CNSP de suspendre tous les permis miniers qui avaient été attribués et qui avaient profité à une pègre de faire mains basses sur les richesses du pays.
C’est sans doute dans la même veine que le dernier Conseil des Ministres décidait d’avoir un œil regardant sur la gestion du pétrole qui est, aujourd’hui, au regard des perspectives qu’il offre, un secteur prometteur qui pourra radicalement changer la vie des populations. Il faut donc imposer une gestion rigoureuse du secteur pour que les générations futures puissent trouver un pays vivable parce que ses ressources auront permis de faire des investissements importants dans des secteurs vitaux de l’Etat dont la santé, l’éducation, l’agriculture, l’élevage et le numérique.
On apprend que le Conseil des Ministres du samedi 02 mars 2024 adoptait des projets de décrets qui doivent révolutionner la gestion du Secteur en donnant notamment une place importante dans ce qui se fait dans le domaine. Il y a d’abord un « projet de décret portant approbation du Contrat de Partage de Production (CPP), entre la République du Niger et la Société Nigérienne des Pétroles SA), relatif aux blocs pétroliers R5, R6 et R7 » et « un autre projet de décret portant approbation du Contrat de Partage de Production (CPP) entre la République du Niger et la Société Nigérienne des Pétroles SA, relatif au bloc pétrolier Bilma ».
Nouveaux espoirs dans l’exploitation pétrolière…
On apprend, en effet, de ce conseil, après que la production ait été portée à plus de 100.000 barils jour, que les« blocs pétroliers R5, R6 et R7 […] sont des rendus d’Agadem de petite taille mais dont le potentiel pourrait être significatif » pour encore booster la production de pétrole qui pourra faire du Niger un grand fournisseur pour des pays de la sous-région après le Tchad, le Mali, le Burkina Faso et le Togo qui ont déjà signé un partenariat important dans le domaine avec les autorités du Niger. Avant d’apprendre l’existence d’autres blocs, l’on apprend du Conseil des Ministres que « le deuxième concerne le bloc pétrolier de Bilma dont les réserves prouvées pourraient permettre d’engager des travaux de développement en vue de leur mise en exploitation ».
Selon un choix politique important du CNSP et du gouvernement, il a été décidé que « la SONIDEP désignée opérateur national, [participera] à l’essor du secteur pétrolier, en conformité avec l’élargissement de l’objet social de la SONIDEP intervenu en janvier 2020 ».
Le Niger ne regardera plus faire…
Le Niger qui a fait le choix courageux et historique d’assumer sa souveraineté n’entend plus se faire dicter des choix sur des ressources qui sont les siennes et entend – oh, quelle fierté ! – jouer pleinement son rôle de leader dans des activités qui se font quand même sur son territoire et qui concernent ses propres ressources. C’est à juste titre que le Conseil des Ministres rassure que « Ces deux projets de décrets s’inscrivent dans la vision du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie et du Gouvernement tendant à renforcer la participation de notre pays dans les activités de recherche et d’exploitation de nos ressources naturelles ». La loi nationale le permet et l’on ne peut que se réjouir que plus rien ne sera comme avant. Un temps a changé.
Les Nigériennes et les Nigériens soutiennent. Sans réserve.