L’achat-vente des établissements Bédir, un scandale aux allures d’un banditisme d’État.
Resul Ekrem Bilgen pourrait avoir été victime d’un véritable banditisme d’État. Dame Mariama Elhadj Ibrahim, ancien ministre des Enseignements primaires qui a fourni au journal Le Courrier un témoignage digne d’intérêt pour la justice, l’homme d’affaires turc était déboussolé, placé sous la contrainte absolue de se débarrasser de ses biens sous 24 heures ou de courir le risque d’être expulsé sous 48 heures. Qui est-ce qui a menacé Resul Ekrem Bilgen d’expulsion du Niger ?
Quand est-ce que Mariama Ali Ibrahim a acheté les établissements Bédir ?
Mariama El Hadj Ibrahim prétend qu’elle ne jouait plus aucun rôle au ministère des Enseignements primaires au moment où elle a acheté, en association avec deux autres quidams, le complexe scolaire BEDIR. Ce qui semble faux dans la mesure où le complexe n’a pas pu être mis en vente ou proposé pour une cession à l’État sans que le ministre de tutelle ne soit, en priorité, mis au courant. Or, ce ministre s’appelle Daouda Mamadou Marthe depuis avril 2016.
Daouda Mamadou Marthe a-t-il pu laisser son prédécesseur-adversaire politique mettre le grappin sur le complexe scolaire BEDIR alors qu’il a désormais plus d’ascendant sur les responsables de BEDIR que Gambi qui est plutôt un » has been » ?
Comment Daouda Mamadou Marthe, qui est celui qui a dû notifier la note diplomatique venant d’Ankara, si jamais elle a existé, aux responsables de BEDIR, peut-il pratiquement donner sa bénédiction à cette opération trouble pour ensuite devenir subitement une arête dans la gorge de Mariama El Hadj Ibrahim ?
Ces questions enlèvent tout crédit à la version hallucinante d’une transaction légale qui se serait passée au lendemain du coup d’État survenu en Turquie. Pour mémoire, le coup d’Etat déjoué en Turquie est intervenu dans la nuit du 16 au 17 août 2016.
- Les élections législatives de fin de mandat au Niger sont tenues le 21 février 2016, en même temps que le premier tour de l’élection présidentielle.
- Candidate à ces élections législatives, Mariama El Hadj Ibrahim a dû prendre congé du gouvernement le 29 janvier 2016, conformément à l’ordonnance 2010-96 du 28 décembre 2010 portant code électoral
- En avril 2016, Daouda Mamadou Marthe, est nommé ministre des Enseignements, de l’Alphabétisation, de la promotion des Langues nationales et de l’Education civique.
Que s’est-il exactement passé pour que Resul Ekrem Bilgen, un opérateur privé turc qui vient d’acquérir le complexe scolaire BEDIR, il y a à peine cinq mois (le changement de gérant statutaire unique est survenu le 2 février 2016), et qui n’a donc aucune relation privilégiée avec les » héritiers » nommés dans l’acte de cession de parts, fasse cette aumône à Dame Mariama El Hadj Ibrahim et consorts ? Or, la bonne dame explique qu’elle doit ce superbe cadeau au nom des » relations partenariales » qu’elle a entretenues avec les responsables de BEDIR. Des » relations partenariales » dont elle n’a jamais précisé la nature, qui n’ont pratiquement jamais existé avec Resul Ekrem Bilgen mais qui ont curieusement eu un effet. Epoustouflant !
Voici ce que Mariama Elhadj Ibrahim elle-même a écrit au Courrier à l’époque :
« Comme l’opinion publique nationale et internationale le sait, suite au coup d’état manqué du 16 Juillet 2016 en Turquie, le gouvernement turc a procédé à une vague d’arrestation dans toutes les couches socio-professionnelles ainsi qu’à la fermeture de plusieurs centres universitaires, des établissements scolaires et des centres hospitaliers. Dans la même lancée, des notes diplomatiques ont été envoyées dans les 162 pays où il existe des établissements turcs du genre BEDIR, demandant aux autorités de les fermer.
C’est ainsi que, le 19 Juillet, les responsables des établissements BEDIR ont été mis en demeure, par leur autorité de tutelle, de céder leur établissement à l’Etat du Niger ou de le vendre à un opérateur privé, sous astreinte d’un délai de 24 heures, laissant planer la menace de leur expulsion dans les 48 heures. Avant, même la notification de cette décision au groupe Bédir, un opérateur économique en a été informé et aborda les responsables de Bédir, juste à leur sortie du cabinet ministériel, pour connaître le coût de cet établissement.
Devant cette situation déboussolante, les responsables de BEDIR, ne sachant à quel saint se vouer, car n’ayant pas le temps matériel pour inventorier, évaluer ni liquider leur patrimoine, ont opté pour la cession des parts de leur société de gestion à des nigériens et du reste des hommes et des femmes de confiance, qui peuvent continuer la mission sociale et éducative de cet établissement après leur expulsion du pays. C’est ainsi que Monsieur RESUL EKREM Bilgen Associé unique de la société a décidé au cours l’AG du 20 Août de céder ses parts aux trois(3) nouveaux associés que sont :
- Mme Salim Nasser, un opérateur économique nigérien, actionnaire d’un autre groupe Turc et associé de Mr Yacoubou propriétaire du restaurant Turc ;
- Mme Dominique Billa Marie, enseignante nigérienne épouse d’un important homme d’affaire Turc naturalisé nigérien, en service à Bédir depuis plusieurs années ;
- Et moi-même, enseignante de formation, retenue pour mon expérience dans le secteur de l’Education et surtout pour les bonnes relations partenariales que nous avons entretenues avec Bédir depuis plus de 5ans ».
Laboukoye