Les troupes françaises sont parties, le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (Cnsp) doit rapidement recadrer le débat. Sauf erreur de notre part, la Transition en cours ne peut prétendre être l’incarnation du patriotisme, de la droiture et de la défense des intérêts tous azimuts du peuple nigérien et accepter en même temps que ceux qui ont ruiné ce pays se pavanent comme on le voit tous les jours en train d’entonner « Zancan Kassa Né – Labou Sanni No », un slogan auquel ils ne comprennent rien et n’adhèrent pas en réalité. Ils en ont fait la preuve sur près de 13 ans, détournant des milliers de milliards à leurs profits personnels et concédant à des armées étrangères, parfois moyennant des milliards qu’ils ont empochés, le droit de s’installer chez nous, là où elles veulent, quand elles veulent et comment elles veulent.
Si, comme le Niger entier l’a appréhendé, c’est« Zancan Kassa Né – Labou Sanni No », le Cnsp doit mettre un terme à ce cirque d’un très mauvais goût. Un cirque dangereux pour la stabilité, il faut le dire. Oh, c’est tout de même trop gros, ce qui se passe ! Les bourreaux d’hier ne pouvant faire le travail de terrain sans trahir les desseins et les projets qui y sont attachés, ce sont leurs soutiens inconditionnels, regroupés sous le parapluie, généreusement offert, d’une Dynamique citoyenne récemment créée et portée sur les fonts baptismaux par des gouverneurs et des chefs traditionnels mal inspirés.
Le retour si rapide sur le terrain politique des affidés de l’ancien régime met le Général Tiani et les autres membres du Cnsp face au mur. Ils vont désormais s’atteler à convaincre : comment convaincre que la transition incarne le patriotisme, la droiture et la défense des intérêts tous azimuts du peuple nigérien tout en s’accommodant avec des individus qui ont incarné tout le contraire pendant près de 13 ans ? L’exercice n’est pas facile ; il est même difficile, voire impossible. Déjà, lors des veillées des patriotes nigériens pour un départ des troupes françaises, le bruit a couru que c’est un homme d’affaires dont le nom est cité dans le rapport d’enquête du ministère de la Défense nationale qui est un des principaux bailleurs de fonds d’un regroupement bien en vue.
Auparavant, d’autres hommes d’affaires ont fait des déplacements avec des membres du Cnsp à l’extérieur et leur présence, dans une délégation post-26 juillet 2023, a mis beaucoup d’eau au moulin de ceux qui disent entrevoir Issoufou Mahamadou derrière ce qui se passe. Bref, le Cnsp doit clarifier sa ligne de conduite au risque d’avoir à gérer des situations incroyables.
La lutte pour la souveraineté nationale et la sauvegarde de la patrie sont sans aucun doute des priorités absolues. Cependant, elles ne sauraient éclabousser, voire mettre aux oubliettes les aspirations légitimes du peuple nigérien à un changement de gouvernance. Or, et c’est plus que vrai, il est illusoire, voire dangereux, de créer la moindre condition pour une réhabilitation de l’ancien régime. Et Issoufou Sidibé et consorts, c’est l’ancien régime, précisément Issoufou Mahamadou que certains disent être le parrain des évènements du 26 juillet. Si tel est l’objectif poursuivi, le Cnsp n’a pas à reculer ni à modifier sa ligne de conduite. Si tel n’est pas le cas, il doit mettre OUT ceux qui ont agenouillé ce pays.
En tout état de cause, le peuple nigérien n’oubliera pas que des milliers de compatriotes ont perdu la vie à cause de la cupidité d’autres compatriotes qui se sont enrichis grâce au business de l’insécurité ; il n’oubliera pas non plus que c’est Issoufou Mahamadou, et personne d’autre, qui en est le responsable principal ; le même Issoufou qui a frauduleusement contracté 1000 milliards de francs CFA auprès d’Eximbank de Chine, qui en a contesté le montant par le biais de ses ministres et, qui, à ce jour, est la seule personne à savoir la destination de ces 1000 milliards.
« Zancan Kassa Né – Labou Sanni No », a dit le Général Tiani. Le peuple nigérien veut s’en convaincre.
Laboukoye