Ce qui explique le malaise nigérien vient surtout des problèmes d’injustice et d’impunité que le pays a connus ces douze dernières années, une situation qui ne saurait rester dans l’impasse sans plonger le pays dans de nouvelles incertitudes. La question de la Justice, de ce point de vue, est assez cruciale dans la gouvernance de la Transition qui en a fait la promesse aux Nigériens. Mais plus les jours passent, plus la situation se tasse et le nouveau régime semble s’embourber dans la gestion de cette question comme si elle est obligée, contre la volonté populaire, à répondre de quelques complicités avec des hommes de l’ancien système qu’elle devrait protéger pour leur éviter ce qui pourrait paraitre pour certains de l’humiliation. La question, quand on sonde les Nigériens, n’est pourtant pas négociable.
Pour s’en rendre compte, il suffit de regarder la démotivation des Nigériens ces derniers jours, hésitant dans leur mouvement de soutien, et d’écouter les réseaux sociaux pour entendre les inquiétudes des Nigériens. Nous sommes-nous faits embarquer dans une histoire faite de secrets et d’intrigues, se demandent, intrigués, de nombreux Nigériens ?Tant les médias sociaux inondent de colères et d’interpellation ces derniers jours. Pour tout le monde, l’architecture de l’appareil judiciaire tel qu’il est en train d’être mis en place questionne les hommes pour se demander s’il ne cache pas d’autres intrigues, d’autres complots contre le peuple qui avait cru voir – et on voudrait bien croire ne pas s’être trompé ! – des sauveurs qui venaient ce 26 juillet 2023 pour la patrie qui était au cœur de plusieurs menaces.
De la nomination et affection des magistrats où l’on a relevé quelques points obscurs, du reste confirmés par le Bureau du SAMAN qui, dans une récente déclaration « alerte également les autorités de Transition sur les risques de sape auxquels les exposent des officines occultes responsables notamment des incohérences et irrégularités relevées lors des affectations et nominations des magistrats du 10 Octobre 2023 et sur le vide institutionnel découlant du retard dans l’installation des hautes juridictions dissoutes depuis les événements du 26 juillet 2023 ».
Eviter les connivences qui font douter…
Puis, après tout ce que l’on peut entendre dans le Fadas et les réseaux sociaux, un acteur, et non des moindres, Avocat à la Cour de surcroit, avait osé une interview sur un média de la place, disant tout ce qu’il pense des nominations de magistrats et notamment au niveau de Cour d’Etat. Montrant à quels points et pour quelles raisons, la nomination d’Abdou Dan Galadima à la Cour d’Etat pose problème, non pas pour remettre en cause les compétences de l’homme, et donc du Juge, mais de sa capacité, pour quelques accointances avérées avec l’ancien régime qui ne sauraient lui permettre de faire Justice aux Nigériens et donc d’être le juge impartial qu’on a mis à une telle position stratégique de l’appareil judiciaire.
Et le SAMAN venait au secours…
Il ne faut pas en douter, au regard de ce que l’on sait et que l’Avocat qui dérange dit haut, pose problème, et notamment pour l’image même du CNSP qui, par un tel choix peu mesuré, porte atteinte à son capital de confiance avec le peuple du Niger. Rapidement, par les réseaux sociaux, ce sont des choses qui se propagent si bien que tout le Niger est aujourd’hui informé du problème et il commence à douter. Or, il est important qu’avec le CNSP, dans cette marche que l’on veut historique, le peuple ne doute pas. Les gouvernants n’ont pas trop de chance en notre époque où l’information ne peut être cachée, circulant à la vitesse de l’éclair au gré d’Internet dont les vents sont devenus incontrôlables.
Pour Me. Larwana Abdourhamane, il s’agit d’un « sérieux problème », car, pour avoir participé activement entant que Secrétaire Général du même gouvernement dont la gestion est largement mise en cause, il ne saurait raisonnablement et sensément être le bon juge pour le juger. Comment, peut-il condamner les hommes qui ont été aussi ses camarades, peut-être même des parents ? Pour Me. Lirwana, c’est quand même, lui SG du gouvernement qui a « conseillé, amandé, sugcider seul au niveau de cette Cour importante, ne peut qu’être douteux. Et, convenons-en, s’il a été placé dans le dispositif de la Renaissance ici ou là, ce n’est pas que pour faire du bon travail. Il fallait des hommes de mains pour protéger, pour aider à trafiquer les dossiers. C’est sans doute pour cela que l’Avocat venait alerter.
Dans d’autres pays, dès que l’on parle ainsi d’un homme, pour son image et pour son intégrité mise en cause, il n’attend pas d’être congédié, il s’en va de lui-même, dans l’élégance des grands hommes. On ne peut donc pas comprendre que, depuis des jours, l’on parle d’un homme, doutant de lui, qu’il tienne quand même à faire le Job. Il faut avoir de la fierté. Si ce n’est pour des raisons corporatistes, personne ne peut comprendre cette intervention du SAMAN qui aurait mieux se servir en se taisant sur une telle question parce que, quand même, il s’agit de faire en sorte que la Justice gagne en crédibilité. Or, cela n’est pas possible si, pour une raison ou pour une autre, l’on peut être amené à douter d’un juge. Peut-il d’ailleurs comprendre que c’est justement pour ce qu’on ne doit pas dire, et que l’Avocat a eu le courage de dire, qu’il y a problème. Ces graves questions que soulève courageusement l’avocat, au lieu d’offusquer, doivent interpeller, et les juges nigériens et les Nigériens eux-mêmes, si tant est qu’ils tiennent à une justice juste.
Quand on construit l’appareillage judiciaire en se servant de certaines affinités et proximités, il va sans dire que l’on ne peut que faire douter de la qualité du travail que le juge pourrait faire, lorsqu’en face, il a des visages familiers pour lesquels, au nom d’intimité cultivées et souvent de complicités développées, il pourrait faiblir et manquer de courage pour dire le droit. La question concerne tout le monde et elle est du genre humain qui a un cœur pour sentir et trembler. Pour aimer ou détester. devra se faire dans le cadre de cette lutte contre la délinquance, que l’on ait, partout où il le faut, les hommes qu’il faut, c’est-à-dire des juges indépendants qui ne peuvent, pour quelques raisons, avoir à prostituer leur rôle qui consiste à ne dire rien que le droit, face à n’importe quel autre Nigérien, étant entendu que tous restent égaux devant la loi. Les vérités, même si le SAMAN sort quelques contrevérités dans les propos de l’avocat, restent pourtant importantes pour faire douter d’un homme qui doit humblement se retirer, pour les raisons invoquées qui mettent en doutes on objectivité pour le potentiel de présumé dont il aura à traiter des cas et qui, plus, rappelons-le, système qu’ils servaient ensemble et aujourd’hui mis en cause dans plusieurs dossiers.
Il faut que, dans ce pays, nous ayons le courage de reconnaitre nos problèmes et l’on ne nous aide pas à régler les problèmes et à moraliser la vie publique en diabolisant ceux qui ont le courage de dire « ce qu’il ne faut pas dire ». D’ailleurs qui, plus que lui, pour que ces vérités soient entendues, pour ne pas connaitre le risque de la manipulation, peut dire ce qu’il a dit sans que d’autres ne s’en servent à aller sur d’autres terrains glissants dont la crainte pousse justement certains autres à la retenue ? Me. Lirwana Abdourhamane aide son pays et, notamment, le régime actuel à ne pas tomber dans les mêmes travers. On ne se rend pas justice et plus qu’un autre, c’est le Juge qui le sait. Ayant été du système, logiquement, le juge récusé doit s’en aller. Le Niger ne manque pas d’hommes ! Il faut donc écouter la parole de l’Avocat : elle n’est pas méchante, quoique dise le SAMAN.Il faut que nous ayons les courages de nos problèmes. Pour nous écouter sur des questions d’intérêt national.