Cela fait de longs mois que l’on parle, sans y arriver, d’une éventuelle fusion de Niger Télécom et de Zamani télécom, deux sociétés en difficulté, l’une étatique, la seconde privée. L’on voudrait, par une telle mutation, les sauver d’un effondrement. S’il est vrai que le fait d’avoir mis ensemble Sahel Com et Sonitel pour créer Niger Télécom, avec à la tête une administration que l’on juge plus politicienne que technique, l’on ne peut que s’attendre de voir à la traine une société dont l’héritage aurait pu permettre qu’elle soit leader dans le domaine. Alors qu’elle ne prospère pas, voilà aussi qu’elle offre les services les plus médiocres, ne pouvant, au nom de nationalisme au moins, permettre aux Nigériens de faire plus le choix de cette société avant une autre.
Aujourd’hui où, dans le domaine, l’on ne parle que peu de cette société qui, apprend-on, serait au bord de la faillite, incapable, par ses recettes propres, de supporter sa charge salariale. Il en est de même avec Zamani Telecom qui, depuis qu’elle passait d’Orange à cette nouvelle appellation qui la met sous une nouvelle administration depuis que la société mère la cédait à un privé nigérien, ne connut plus de prospérité, sombrant de jour enjour. Alors qu’elle avait été leader, avec les services les plus appréciés du marché nigérien, Orange devenu Zamani a fini par devenir cette société dont les clients se plaignent si souvent des services. La magie pour récupérer les deux sociétés, afin de ne pas les laisser tomber et de ne pas mettre à la rue des centaines de familles, c’est leur fusion pour en faire une seule société nationale qui garde son statut de société d’Etat.
En gardant le caractère étatique de la société pour gérer les communications, il s’agit pour l’Etat d’avoir un regard sur les communications qui sont un domaine stratégique pour les Etats et d’en faire un instrument de la souveraineté nationale pour gérer le domaine complexe et sensible de la communication téléphonique d’un pays comme le Niger qui a fait, depuis le 26 juillet 2023, le choix d’assumer sa souveraineté, toute chose qui l’oblige à avoir une main dans la gestion de certains domaines éminemment stratégiques. C’est ainsi que le format choisi devrait permettre à l’Etat, leader du domaine, de conserver 70% des parts contre 30% pour le Privé. L’Etat, tout en ayant un certain œil sur la gestion des communications, pourra alors en même temps assurer la pérennité des emplois, afin de protéger les travailleurs et leurs familles.
La restructuration des deux sociétés se fait de sorte à voir les choses en grand, afin que Niger Télécom S.A. – c’est le nom que devra prendre, selon des sources crédibles, la nouvelle société née de la fusion – puisse avoir la plus grande couverture nationale, on l’espère aussi, la plus grande part de clientèle, sur le marché de la téléphonie au Niger. C’est d’autant possible que les deux sociétés ont un personnel qui capitalise une riche expérience dans le domaine, tant à travers la dimension technique que commerciale de telles entreprises. Ce capital peut donc être valorisé pour permettre à Niger Télécom S.A. de prospérer rapidement pour reprendre la place qui lui revient de droit. Pour cela, elle doit miser sur des installations nouvelles, modernes et plus efficaces qui peuvent lui permettre d’offrir des services de qualité pour damer le pion à ses concurrents sur le marché nigérien.
On apprend d’ailleurs que dans la perspective de cette fusion, le Niger cherche, pour sa prochaine révolution dans le domaine de la communication, un partenaire stratégique qui puisse permettre de mettre en place une société performante et moderne, dynamique et compétitive, capable de jouer avec les impondérables du marché et de la concurrence mais aussi de suivre les exigences de la technologie trop évolutive du domaine. C’est cette situation que trouvaient les nouvelles autorités qui, rapidement, s’en sont préoccupées, allant vers les représentants des travailleurs afin que la mutation souhaitée se fasse sans heurt ; les uns et les autres devant s’y impliquer pour sauver les deux sociétés d’un naufrage dont les travailleurs seront les premières et grandes victimes. Déjà, l’on apprend que le personnel des deux sociétés donne son accord de principe à cette fusion, consentant des sacrifices mais protégeant aussi des acquis qui ne sauraient être compromis dans le nouveau projet.
Aller vite…
Il est temps que le Niger ait sa grande société nationale de communication car l’Etat ne devrait pas laisser un domaine aussi sensible aux seuls privés qui ne sont intéressés que parleurs profits sans tenir compte, très souvent, de la dimension qui relève de la souveraineté nationale et donc de la sécurité nationale pour protéger des communications, et tenir à leur qualité, mais consentant des investissements importants pour contrôler le secteur, du moins pour en être leaders. L’Etat le comprendra tout de suite car, tant que la société nationale pourra donner des services de qualité, il verra les Nigériens faire le choix de cette société avant une autre, car notre argent que nous « perdons » dans nos communications – et Dieu sait combien ça nous coûte – doit plus profiter à une société nationale pour que l’argent reste au pays au lieu d’aller ailleurs. Il est aberrant que nous continuions à dépenser plus pour des économies extéieures, pour des sociétés privées étrangères, faisant peu le choix de la société nationale qui profite moins de la clientèle nationale. Il faut donc aller au concret pour que ce projet, déjà un peu vieux, devienne une réalité. On ne peut pas laisser ces deux grandes sociétés à la dérive qui sont appelées à porter l’emblème du pays pour être un instrument de fierté nationale.
Dans la restructuration, il faudra mettre un accent, au-delà des installations techniques et donc des nouveaux investissements à consentir, la problématique de la gouvernance même de la société. Une société, pour être viable, ne peut pas être une « denrée politique » pour caser la clientèle politique sans aucun souci de l’efficacité et de la productivité. Une entreprise s’apprécie par ses résultats et tant que les responsables qui la dirigent devraient être soumis à quelques accointances politiques, ils ne pourront jamais gérer efficacement et produire les résultats escomptés. On ne peut donc pas mettre de la politique dans une société et vouloir qu’elle marche. Aussi, l’Etat client doit être aussi bon payeur pour ne pas créer les mêmes problèmes qui pourraient justifier la faillite de la société. C’est pourquoi il faut suggérer pour l’en préserver, de mettre la direction générale à concurrence, par avis d’appel d’offre, pour que des postulants, par la qualité de leurs programmes pour l’émergence de la société, soient départagés pour être désignés pour un mandat déterminé à gouverner l’entreprise.
S’il n’a pas les résultats promis par sa gestion, il peut être remercié. On est ici dans l’option de ce que l’on appelle aujourd’hui dans la gouvernance de l’entreprise « l’obligation de résultats », les seuls faits concrets par lesquels on appréciera la qualité d’une gestion. Parce que le Niger bouge, il nous faut bouger de ce côté également pour que, sur les fonts baptismaux de la refondation de la République, émerge Niger Télécom SA qui devra porter nos nouvelles fiertés. Le Niger avance, c’est un fait.