Le mardi 09 avril 2024, la communauté musulmane du Niger avait fêté dans la communion, après vingt-neuf (29) jours d’abstinence et dévotion, la fin de Ramadan, une occasion que l’on dit propice, selon les recommandations de l’Islam, pour le pardon.
Les Nigériens, jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, avaient alors convergé vers les places dédiées au rituel, dans les villages et dans les quartiers. Dans la capitale, l’on compte plusieurs lieux de convergence pour la prière, avec pour les officiels, la place communément appelée la Mosquée de Kadhafi. Comme toujours, les protocoles avaient indiqué les participants officiels qui ne sont d’ailleurs pas tenus d’y assister. Car, par exemple, l’on n’a presque jamais Mahamane Ousmane, Hama Amadou, prier là, tous priant dans leurs quartiers ou dans leurs villes. Mais, la fête de cette année consacré l’exception. Les Nigériens avaient été surpris de voir sur la même ligne, trois anciens présidents Salou Djibo peu visible à l’écran, Mahamane Ousmane à gauche du président du CNSP et l’ancien président, séparé du Général Tiani par le Général Salifou Mody , trônant , avec symbolisation désormais sulfureuse au Niger . En orchestrant cet assemblage de mauvais gout, le CNSP misait sur une journée de félicité et de pardon pour croire que les Nigériens allaient comprendre et tolérer une proximité soupçonnée depuis des mois et enfin exposée au grand jour, non sans avoir offusqué bien d’observateurs. Qui ne veut pas comprendre, n’a qu’à comprendre, pourrait-on dire en déduire.
Les Nigériens, eux ne s’en revenaient pas. Alors que les thuriféraires de l’ancien régime jasaient, fiers de célébrer sur les réseaux sociaux le retour de leur champion qui aurait encore et toujours une main mise sur le pouvoir, ailleurs l’on ne lit que le ressentiment et colère, déception et amertume.
Le Niger n’a jamais été divisé qu’autour d’un tel personnage qui ne peut, aujourd’hui et demain, sans doute, faire l’unanimité car, pour la majorité des Nigériens, tout le malheur de ce pays ne vient que par cet homme qui les a divisés et opposés, et surtout qui a instauré un système de prédation par lequel il a laissé se milliardiser son clan qu’il couvrait d’impunité, allant souvent jusqu’à faire payer leurs fautes par des promotions qui avaient choqué l’opinion. Mais, il n’en a cure et faisait ce que bon lui semble. Il a des airs de monarque et tenait ainsi le pays sous ses pieds. Tant pis que des Nigériens râlent ! Il est le roi-soleil.
Certains, depuis qu’ils voyaient « invité-surprise » venir sur les lieux, avaient changé de lieu de prière, allant prier ailleurs, loin de celui qu’ils peuvent considérer comme un monstre politique. Mais, le mal est fait car, pour la majorité des Nigériens, cet homme n’a pas sa place à cette mosquée, ce jour-là, dans le Niger d’aujourd’hui pour lequel, pendant des mois, des Nigériens sont restés au soleil et dans les vents, sous la pluie et la fraicheur des nuits d’été, gardant la sentinelle afin que le pays, de ce nouveau retour, reparte sur le bon pied.
Mais, cette image ne pouvait plus rassurer, notamment quand, en sus, l’on voit l’ancien patron, aller saluer celui que Bazoum Mohamed prétend être envoyé par Issoufou pour lui faire le coup d’État, ou si l’on veut, dans un premier temps, pour lui faire quelque chantage avant que la suite des évènements ne leur échappe, lui serrant la main et s’échangeant des sourires discrets qui cacheraient mal bien de complicités, peuvent croire certains observateurs.
Mauvais calcul…
Le moment choisi n’est certainement pas le bon. La fête de Ramadan, à elle seule, ne peut permettre de réconcilier les Nigériens avec leur ancien tortionnaire avec lequel bien de comptes restent encore à solder. Bazoum aura beau faire le mal , il n’en est comptable , dans bien de cas , que d’être l’héritier de son bienfaiteur et prédécesseur , tout le mal que les Nigériens rappellent aujourd’hui ne venant que de ce lui qui l’a imposé au parti en refusant que la démocratie fonctionne dans le parti pour qu’il se choisisse un candidat puis aux Nigériens au moyen d’élections terrorisées et manipulées pour faire de lui, dolé, le président de tous les Nigériens voudraient repartir sur de bonnes bases , des vérités à se dire , des abcès à crever , des silences et des colères étouffées à déchirer . On ne peut pas tresser sur des poux tant qu’on voudra qu’une coiffure garde longtemps ses beautés.
Mais, a-t-on franchement besoin que le Niger redevienne beau ?
Pourquoi donc tant d’amalgames ?
Le Niger, pour se réconcilier avec lui-même, ne peut pas ne pas passer par un forum national où sera fait le diagnostic de notre démocratie et de toutes les maladies qui ont détruit les partis politiques et l’idéal démocratique auquel aspirent les Nigériens. Le Niger n’avait donc pas besoin de cette farce que le CNSP lui jouait.
Si tant est qu’il savait qu’il jouait.
Si tant est qu’il savait qu’il jouait pour un autre, et notamment pour Issoufou Mahamadou, et que l’individu, à leurs yeux, pouvait être plus important pour le Niger que ce peuple qui a soutenu avant d’être lynché par le Colonel Ibro, pourquoi avait-il choisi de tricher pour ne pas assumer son choix, se cachant derrière le Labu sanni no et le Zantchan kassa ne qui ne seraient pas alors sincères ?
S’en est-on servi juste pour gruger les Nigériens et se servir de leur naïveté, eux qui avaient tort de vouloir que ce pays change et qu’il devienne normal et à tous ? Il y a donc, dans la marche de ce pays des équivoques à lever, des doutes à éclaircir.
Les questions sont graves et interpellent tous les Nigériens. Quand on voit la dernière manifestation organisée le samedi 13 avril 2024, l’on ne peut que s’effrayer pour l’avenir de ce pays. En allant se chercher un peuple, glanant dans les rangs de l’USN quelques militants-cobayes, le CNSP, avouons-le, fait fausse route et sans doute qu’il ne tardera pas à comprendre que ce n’était la bonne carte pour elle. Peut-être, faut-il comprendre, les profondeurs des mots d’un homme politique qui, il y a quelques mois déjà, avisant en substance en ces mots sur sa page : « on peut tromper un peuple un temps, mais on ne peut pas tromper le peuple tout le temps ». Il n’avait pas eu tort et on comprend certains silences dans le pays. Quelqu’un voudrait-il ruser avec le peuple ?
Et, il n’y a rien à dire ? Il reste au CNSP de faire son choix : Issoufou ou le Niger. Avec tant d’adversaires à l’extérieur, il va sans dire que s’en créer d’autres, encore plus nombreux dans le pays, c’est prendre de grands risques. Pas que pour soi, mais surtout voulu annoncé par le Colonel Ibro , n’est donc pas un bon signe pour le pays . Le Niger reste encore sur le quai des incertitudes depuis que son navire venait accoster sur le Cap de bonne espérance aujourd’hui brutalement abandonné. Et les Nigériens s’interrogent, le CNSP, est-il venu au hasard au pouvoir ? Sans programme viable ? Sans vision ? Les moments, à la vérité, redeviennent, troubles. Le CNSP doit rassurer son peuple. Le vrai