Enquête dans le Fakara pour comprendre la succession à la tête du Canton de Dantchandou
Depuis quelque temps, c’est l’élection d’un nouveau chef à la tête du canton de Dantchandou qui semble préoccuper les populations de Fakara. Pour cause, plusieurs candidats se sont annoncés pour la succession de Wankoye Abdou Hama, chef de canton, décédé en 2023.
Selon des sources orales, le premier habitant de Fakara serait venu entre les années 1600-1650. Les sources soulignent que ce serait un certain Sandi, fils de Daouda Mali Béro dit Zanfarma, accompagné de ses deux frères Kabé Béri Zanfarma et Garantché Koda Zanfarma ainsi que de son neveu Karey boune Faham Zanfarma, qui seraient les premiers habitants. Sandi Daouda Zanfarma, grand chasseur, avait un jour, poursuivi depuis Guilleyni, une girafe. Ce qui l’amena à faire la découverte des meilleures terres cultivables et d’un puits appelé « Batafounzam » entouré de plusieurs mystères. Il retourna à Guilleyni pour porter la bonne nouvelle à ses autres frères. Sandi Zanfarma et ses frères quittèrent alors Guilleyni pour s’installer autour de ce puits. C’est cet environnement autour de ce puits qu’un jeune peulh de passage appela, selon des sources orales, « Dantcharey » qui signifie en langue fulfuldé « portion de terre ». D’après donc la tradition orale, Sandi Zanfarma et ses frères sont les fondateurs du village de Fakara Dantchandou devenu canton dans les années 1900 avec comme premier chef Wankoye Mazou Sina. La fiche de renseignement établie sur Wankoye Mazou indique qu’il est chef de guerre qui a participé à la guerre contre les toucouleurs d’Amadou Chekou. Musulman et grand propriétaire de captifs, Mazou était en relation avec les Zarmas de Dosso et régna de 1900 à 1914. Après le décès de Wankoye Mazou, c’est Mayaki Ali N’Gouda qui le remplace. Mayaki Gouda régna de 1914 à 1928. Dans sa vie, il n’aurait eu qu’un seul garçon et plusieurs filles. Le seul garçon serait décédé avant N’Gouda (le père). Il faut noter que la succession en pays zarma est patrimoniale.
En janvier 1929, suite au décès de Mayaki Ali N’Gouda, sur proposition de l’administrateur du cercle de Niamey, le sieur Marafa est nommé chef de canton de Fakara. Ainsi, Marafa Hama Mazou devient chef et régna jusqu’en 1947. Après sa mort, Djibo Hama Mazou prend la tête du canton. À cette période, il a été constaté l’entrée en lice pour la chefferie de certains descendants du chef Mayaki Ali Gouda qui n’avait pas de descendant masculin. À la mort de Wankoye Djibo Hama en 1992, c’est Wankoye Abdou Hama qui lui succède à la tête du canton en 1993. À cette période également, beaucoup de candidats se sont manifesté pour la chefferie. Sans succès. Aujourd’hui, après le décès de Wankoye Abdou Hama en 2023 consacrant la vacance du pouvoir dans le canton de Fakara, la succession fait couler beaucoup d’encre et de salive avec certaines candidatures, jugées hétérodoxes et présentées pour bouleverser l’ordre traditionnel. C’est pourquoi, après l’enquête de la gendarmerie et l’établissement de la liste des candidats par le ministère de l’Intérieur, le 27 juin 2024, la commission consultative régionale chargée d’examiner les dossiers des neufs candidats à la chefferie du canton de Dantchandou, sous la présidence du gouverneur de Tillabéry, le Lieutenant Colonel Maïna Boukar, après avoir statué sur les dossiers, a déclaré éligibles deux candidats, tous deux descendants de Wankoye Mazou Sina, le fondateur, en 1900, du canton de Dantchandou. Malgré cette décision de la commission consultative régionale, un arrêté du ministère de la tutelle est sorti pour aligner tous les neufs candidats. Ce qui fait peser, aujourd’hui, une menace réelle sur la cohésion dans le canton. Une cohésion déjà rendue fragile par l’ancien régime qui a manigancé avec la complicité de certains ressortissants du canton pour pouvoir renverser l’ordre social à Dantchandou. Mais, il semble que le CNSP, décidé à garantir la cohésion sociale et la paix dans le pays, a pris la mesure ferme de suspendre le processus électoral du nouveau chef de canton de Dantchandou. Cela, en attendant de voir clair dans les différents dossiers. Une décision applaudie par toute la Chefferie traditionnelle du Niger qui y marque son adhésion pour saluer le sens de responsabilité des autorités du pays. Une décision qui, pour des chefs traditionnels, annonce la fin de la pagaille et la remise de l’ordre dans les processus de désignation des chefs coutumiers au Niger