L’Afrique et sa façon éhontée de s’assoir autour de la table des autres pour des miettes
Du 4 au 5 juin 2024, se tenait le sommet Afrique-Corée du sud, sur le thème : ‘’l’avenir que nous construisons ensemble : croissance partagée, durabilité et solidarité’’. Thème alléchant, surtout pour des pays africains dont les dirigeants manquent cruellement de vision et qui espèrent que quelqu’un viendra faire le travail à leur place, pendant qu’eux et leurs familles pillent les maigres richesses des pays à la tête desquels ils trônent. Quarante-huit pays africains, soit la totalité des pays du continent étaient attendus à cette rencontre à l’initiative d’un pays asiatique, la Corée du sud. Ces pays étaient représentés, pour la plupart, par les chefs d’Etat et de gouvernement. Les dirigeants africains ne sont pas à leur première. Hier, c’était Afrique-Russie. Avant-hier, Afrique-Chine. Avant cela, c’était Afrique-Turquie. Il y a des décennies, c’étaient le Commonwealth, réunissant l’Angleterre et ses anciennes colonies, et la Francophonie pour la France et les siennes. Si de nos jours, on entend peu parler du Commonwealth, la France, elle, continue encore à considérer ses anciennes colonies comme des propriétés malléables et corvéables à merci. Et celles-ci se prêtent bien au jeu. Elle les maintient, comme des esclaves incapables de se libérer ou du moins de jouir de leur liberté bien que dits indépendants depuis plusieurs décennies, au sein d’une structure dite la Francophonie qui, en vérité, ne fait que la promotion des intérêts et de la langue française. Avec le bon vouloir de dirigeants serviles, de véritables valets se croyant plus redevables d’une puissance étrangère que de leurs propres pays. Ces dirigeants africains ont maintenu, et continuent à le faire, l’Afrique dans une longue tradition de dépendance. Ayant contraint, le plus souvent, par la force brutale les peuples à une mentalité d’esclaves et d’assistés, comme le voudrait l’Occident, un état d’esprit tout à fait convenable à la domination politique et à l’exploitation économique. Au grand bonheur des puissances extérieures qui ne s’encombrent outre mesure de scrupules et de morale pour exploiter, comme il faut, en vue de faire prospérer leurs pays et leurs peuples, ces Etats africains qui leurs sont gratuitement offerts par leurs dirigeants. Comment tout un contient peut-il être amené à croire que son développement dépend d’un seul pays, sachant que les rapports entre Etats ne sont guidés que par l’intérêt ? Comment peut-on penser qu’un autre peuple, un autre pays, traversera mers et océans, affrontant vents et marées, pour venir en Afrique, un continent avec lequel il ne partage autre chose que l’humanité, construire et développer cette Afrique, en lieu et place des africains eux-mêmes ? Et pourtant les africains y croient. L’africain semble d’ailleurs les seuls, en ce 21ème siècle, à penser que quelqu’un descendra du ciel ou viendra d’ailleurs pour lui donner à boire et à manger pendant qu’il chante et danse, assurer sa sécurité pendant qu’il fuit devant la première petite menace, réaliser sa prospérité pendant qu’il gaspille le peu qu’il a sans chercher à l’investir et le fructifier. En gros, l’africain compte sur l’Union européenne, la coopération japonaise, chinoise ou coréenne ; les américains, les russes, les turcs pour réaliser à sa place son bonheur. Alors qu’il dort sur des richesses incommensurables, du sol comme du sous-sol, des potentialités énormes dont lui seul dispose dans le monde et qui sont justement convoitées par les autres. L’Afrique dispose en effet de toutes sortes de richesses qu’il est impossible de citer et qui ne demandent qu’à être exploitées, une jeunesse nombreuse qui ne demande qu’à être mise à l’épreuve et se voir offrir les opportunités qu’il faut par leurs gouvernants, des terres arables à perte de vue. Le sommet de Séoul du début de ce mois de juin 2024 a réuni la Corée du sud et 48 pays africains. Triste sort pour l’Afrique. Quelques chiffres suffisent pour faire ressortir le caractère comique, voire pitoyable, d’une telle rencontre et surtout les doléances de certains d’Etat africains. La population de l’Afrique est estimée à 1 400 millions, avec une superficie de 30 millions de Km2. La Corée du sud, quant à elle, a une superficie de 100 210 km2, avec une population estimée à 55 millions d’habitants. La population africaine fait plus de 25 fois celle de la Corée du sud ; sa superficie multiplie celle du pays hôte par 299 fois. Ces chiffres laissent sans voix et aucune comparaison ne tient. Il est temps que les africains se ressaisissent et cessent de se ridiculiser. Ils doivent compter sur eux-mêmes, comme le font les autres, pour construire leurs propres pays. En usant de leur imagination créatrice, leurs bras et leurs jambes. En somme de leurs cerveaux. Au lieu de continuer à compter sur la commisération des autres et la mendicité d’Etat. Parce qu’en termes clairs, les africains sont allés mendier, comme à leur habitude, à ce sommet Afrique-Corée du sud. A ce petit pays qui prévoit de rehausser son aide au développement destiné à l’Afrique à 10 milliards de dollars d’ici 2030, les africains, par la voie du président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara, le mendiant en chef, a clairement dit : ‘’Au regard de la place de la Corée dans le monde, 10ème économie mondiale, et de son engagement en faveur du développement de l’Afrique, nous voulons encourager la République de Corée, dans le cadre de notre partenariat, à consacrer davantage de ressources à l’aide publique au développement en faveur de l’Afrique’’. Point. Quelle serait la contrepartie d’une telle offre ? D’ailleurs, que représentent 10 milliards de dollars pour un continent de 55 pays ? Surtout que la fortune personnelle de certains de ces chefs d’Etat est estimée en milliards de FCFA. Et si l’aide au développement était facteur de développement, l’Afrique serait développée depuis belle lurette. Cette aide, toujours conditionnée, retournerait d’ailleurs sous forme détournée dans certains de ses pays dits donateurs. Si l’Afrique veut se développer, les africains doivent étudier l’histoire des pays développés, l’histoire de tous ces pays qui dictent aujourd’hui leur volonté au monde, pour comprendre enfin que la mendicité, l’aide au développement, les aides budgétaires ne peuvent pas développer un Etat ni faire prospérer un peuple. Au contraire, elles développement chez le peuple concerné une mentalité d’éternel assisté, de perpétuel sous-développé, à la traine des autres peuples. Les africains doivent aussi revisiter les pensées de Nkrumah, Patrice Lumumba, Nasser et relire Axelle Kabou (Et si l’Afrique refusait le développement ?) et Paul Fokam (Et si l’Afrique se réveillait ?). En tout cas, cette façon éhontée de l’Afrique de s’assoir autour de la table des autres en attendant des os et des miettes ne l’honore pas. L’Afrique, pour ne pas périr, ne peut pas faire l’économie de l’effort, du travail, de la sueur, de la créativité et de l’ingéniosité de ses fils.
Bisso