Manipulation et brigandage judiciaires dans le dossier
Jamais, une affaire de successions et, notamment, d’héritage n’a fait couler tant de salive et d’encre dans le pays comme ce fut le cas de Maman Abou où, enivrée par les parfums d’une fortune immense, une famille est venue s’exposer à la raillerie d’une société, cherchant, non sans quelques complicités, à dépouiller de leur héritage des enfants reconnus par leur père. Et le débat ne s’est jamais éteint, tant le dossier, par les soutiens politiques d’un des protagonistes, à savoir le frère du défunt, le général fugitif Abou Tarka qui, depuis les événements du 26 juillet 2023, avait pris la poudre d’escampette pour aller se chercher ailleurs, avait connu moult rebondissements. Comptant sur ses réseaux et ses complicités cultivées dans cette affaire d’héritage, il tenait même à distance à ne pas perdre le combat et la face. Comment ne pas s’en inquiéter quand déjà l’on apprend que l’entreprise de Maman Abou – la Nouvelle Imprimerie du Niger, NIN – depuis quelques mois, connait des difficultés, ne parvenant plus à payer les salaires de son personnel. Faut-il ne pas croire que ceux qui prétendent protéger, avant leur majorité, les biens hérités de Maman Abou, pourraient avoir un autre agenda, nullement préoccupés de faire fructifier les affaires, mais de conduire à la faillite les entreprises que le défunt laissait pour ruiner les héritiers ? Et l’on a l’impression que le but est de faire disparaitre le patrimoine immense que l’homme laissait. C’est triste.
Les avocats des héritiers ont donc tenu une conférence de presse où ils sont venus émettre des inquiétudes quant au sort de ce dossier qui se trouve dans les mains de la Cour d’Appel. Le Président de cette Cour qui a, entre ses mains, le dossier, voudrait-il le traiter à sa convenance, refusant de prendre en compte les avis de la partie en conflit avec le Général Abou Tarka qui veut imposer une procédure pour déshériter les enfants qu’il ne peut, même frère reconnu et incontestable du défunt, après que Maman Abou ait, de son vivant, reconnu les enfants, décider d’écarter de l’héritage. Il ne peut donc, d’un point de vue du droit normatif et moderne comme du droit islamique, décider de cet héritage pour lequel, depuis qu’il est apparu comme un saboteur et même un prédateur dangereux, l’on ne peut lui donner la place de tuteur et donc de protecteur des enfants car, par l’attitude qui a été la sienne, il a montré qu’il ne peut y assumer aucune responsabilité parentale dès lors que son objectif, tout le monde l’a compris, est d’arracher aux enfants leur héritage. On comprend que la fortune est colossale et qu’elle donne tant de salive, mais dans la vie, chacun doit se battre pour lui d’autant que, même frère, les enfants de l’un et de l’autre, ne peuvent se prévaloir de l’héritage de l’autre a fortiori les frères dont aucun ne peut prétendre à l’héritage de l’autre. Et le Général Tarka a beau être le frère, il ne peut hériter du frère.
Les avocats n’ont été que sidérés de constater que c’est le même juge, le Président de la Cour d’Appel en l’occurrence, qui garde le dossier qui veut le juger, ne voulant pas tenir compte des réserves émises, légitimes somme toute.
Comment un juge, sans tenir compte des avis des deux parties en conflit, peut-il décider de traiter un dossier et le vider à la seule convenance d’une partie en défaveur de l’autre ? Est-ce ça le droit qu’il a étudié ? Pourtant, il a été informé des démarches de l’autres partie et notamment de ce qu’il y a dans le dossier des pièces sur lesquelles pèsent de graves soupçons qui ont amené la partie plaignante – les héritiers de Maman Abou – à porter des réserves qui concernent le grief de faux et usage de faux porté contre l’avocat du Général Abou Tarka. La procédure, peut-elle dès lors se faire sans verser au dossier cette autre plainte afin qu’on en tienne compte pour que jaillisse la vérité dans ce dossier ? C’est un problème et il revient à nos juges de nous rassurer car la justice ne se rend pas à la tête du client mais pour le peuple, pour ne s’en tenir qu’à ce que commande le droit.
Aussi, quand on sait qu’un des protagonistes du dossier est décédé, l’on se demande pourquoi le tribunal veut coûte que coûte et, ce, malgré les réserves portées, vider le dossier, sachant encore une fois que des soupçons pèsent sur le dossier, soupçons qu’on ne peut pas ne pas traiter avant toute décision judiciaire. Cette affaire n’a que trop duré et il y a à en finir avec. On aurait cru qu’il n’y a pas d’autorité dans le pays, politique et religieuse, pour que des hommes, se prévalant de leur position, se jouent du droit et de la justice.
Il y a donc à se poser aujourd’hui des questions pour se demander pourquoi cette affaire dure tant. Quand l’intéressé et celui dont c’est la fortune qui est en jeu aujourd’hui, de son vivant, et lucide, décidait de reconnaitre ces enfants, de quel droit un frère peut-il remettre en cause leur paternité ? En est-il fondé d’un point de vue du droit moderne et du droit religieux ? Cette ingérence est trop grave quand d’une part elle met à mal la mémoire d’un frère et joue d’un gangstérisme judiciaire qui voudrait spolier des enfants qui paient de leur innocence, ne pouvant rien comprendre des intrigues que des adultes leur imposent. Qui donc protège ce magistrat qui prend en otage ce dossier et refuse de tenir compte des réserves émises qu’un juge ne peut pas ne pas traiter avant de mettre en procès le dossier et parvenir, de manière impartiale, à une décision irréfutable, respectueuse du droit et de la contradiction, ce en violation flagrante du principe de communication des pièces dans les dossiers judiciaires. Ce magistrat a-t- il eu la bénédiction du ministre de la justice ou du gouvernement dans son entièreté pour faire ce travail contraire à toutes les valeurs ? Ou bien est-t-il lié au dossier ?
En tout état de cause, l’opinion est alertée par rapport aux comportements des uns et autres qui tentent d’outrager, détourner les enseignements du Noble Coran sur l’héritage. Et l’Histoire jugera chacun de ses actes posés. Ce dossier montre à suffisance que la justice est vraiment malade au Niger. Le CNSP a vraiment du pain sur la planche pour la soigner. Mais Dieu veuille, à Lui le dernier le mot. C’est à Lui que les orphelins demandent justice.