Le Recteur élu doit rassembler la communauté universitaire
La dernière campagne électorale pour la désignation, par voie démocratique, d’un nouveau recteur pour l’Université Abdou Moumouni de Niamey, a révélé les clivages qui composent la communauté universitaire que l’ancien parti présidentiel a réussi à infiltrer pour claniser les composantes de l’université, toute chose qui ne se devrait pas dans une institution aussi prestigieuse qui doit servir de modèle pour offrir à la société un bel exemple de gouvernance et de cohésion. Mais, cela n’avait pas toujours été le cas, hélas. Ainsi, il a fallu organiser un second tour pour avoir un vainqueur afin d’occuper, pour le prochain mandat, le poste de Recteur de l’UAM. On peut se rappeler toute la tension que le duel final a provoquée au point de craindre une scission de la communauté scientifique de la grande université du pays. Mais, la sagesse qui est Sophia, la science qui est aussi sagesse ont conduit les uns et les autres, imbus des valeurs de la démocratie dont l’université se veut être le temple vivant, à faire preuve de fair-play pour accepter les résultats issus des urnes.
L’issue du second tour qui a opposé la liste n°1 à la liste n°2, a donné comme vainqueur, selon la commission électorale mise en place, la liste n°2 avec un score confortable de 59,59% des voix exprimées valables, faisant ainsi du tandem, Pr. Barazé Moussa (Faculté d’Agronomie) et Pr. Mounkaila Harouna (Géographe, Ecole Normale Supérieure), tous professeurs émérites, respectivement, Recteur et Vice-Recteur de l’Université Abdou Moumouni de Niamey.
L’orage est donc passé et l’université, en attendant l’acte politique que devra prendre le gouvernement nigérien en conseil des ministres pour confirmer les résultats issus du scrutin et légitimer l’élection d’un nouveau recteur et d’un Vice-Recteur, doit revenir pour reconstruire sa cohésion autour de la nouvelle direction qu’elle s’est choisie à l’issue du scrutin qui n’a pas été contesté. La nouvelle équipe sait ce qu’elle a promis à la communauté universitaire et devra se donner les moyens de ses ambitions pour apporter de grandes mutations à l’université de Niamey. Il revient à la nouvelle équipe rectorale de comprendre les enjeux de la conjoncture actuelle pour travailler, dans un premier temps, à rassembler toute la communauté autour d’un idéal, de rassembler tous les acteurs à poursuivre tous les projets structurants que la nouvelle équipe voudrait poursuivre pour changer l’université et faire de cette grande école une référence nationale, voire régionale, et une fierté nationale.
L’heure est venue donc de taire ces clivages et de souder les déchirures qui traversent la communauté universitaire, de soigner les divisions qui peuvent empêcher de maintenir les dynamiques au sein des équipes scientifiques et administrative qui ont, pourtant, besoin de renforcer leur cohésion pour réussir de grandes actions.
Il suffit, pour réussir ces ambitions nobles, de penser et d’élaborer un plan d’actions et un plan de communication qui serviront de feuille de route à la nouvelle direction pour aller à des réformes courageuses et à des investissements porteurs pour changer le visage de l’Université Abdou Moumouni de Niamey. Il ne reste plus qu’à solliciter l’appui politique indispensable pour donner à l’université les moyens de ses ambitions. Le fonctionnement d’une université, surtout lorsque l’on voudrait qu’elle soit compétitive, coûte cher. Et parce que c’est elle qui donne à l’Etat les compétences, les ressources humaines dont il a besoin, les gouvernants ne doivent pas hésiter à financer les universités. Quand on voit l’explosion des effectifs des étudiants ces dernières années, le départ à la retraite de beaucoup d’enseignants émérites, et que, dans la même période, les infrastructures et la logistique nécessaires ne suivent pas, l’on ne peut que s’inquiéter pour la compétitivité des universités nigériennes .
Entre autres réformes, l’on peut s’attendre à repenser les coûts des formations, notamment quand on demande à un étudiant nigérien de payer, dans une université publique, en plus de 50.000f pour l’inscription annuelle, quelques 500.000f en Master, toutes choses qui ne sont pas à la portée de plus de 80% d’étudiants qui sont des enfants du peuple d’en bas ?
Est-ce normal et moral dans un pays comme le Niger qu’une université publique, au lieu de travailler à réduire les inégalités, par ses propres principes, les creuse et les renforce ? Pour les trois années du doctorat, il faut débourser 1.500.000f pour faire une thèse, en plus des 50.000f d’inscription par an. Et les étudiants eux-mêmes n’en disent rien. Quel enfant de pauvre, ou de paysan, de ce Niger, peut, dans ces conditions, oser une aventure en thèse ? Les enfants des paysans peuvent-ils ainsi être exclus pour ne plus aller loin dans leurs études ? Pourtant, à côté de nous, les universités ne le font pas.
Gaskia, il faut revoir tout ça !
Alpha