Le Général Tiani rassure les Nigériens
Voici un an que le Général Abdourahamane Tiani, Président du CNSP et Chef de l’Etat préside aux destinées du Niger. L’heure est venue de dresser un bilan pour en saisir les forces et les faiblesses d’une gestion de l’Etat pendant une période qui, faut-il le reconnaitre, est faite de mille et un obstacles, le régime militaire étant condamné à affronter divers défis, une farouche adversité extérieure conduite par la France et par une opposition interne dont la frange extrémiste, politique et armée, s’est installée à l’extérieur, menant des actions subversives pour faire échouer la transition ainsi que le gouvernement français, à travers un de ses ministres, pouvait l’annoncer sur les médias, sans aucune pudeur. A l’occasion de l’an 1 du CNSP au pouvoir, ainsi qu’on pouvait s’y attendre, le Chef de l’Etat nigérien, le Général Tiani, s’est adressé à ses compatriotes pour dresser un état des lieux de sa gestion du pouvoir d’Etat. Cette communication venait à un moment crucial de la marche du pays où, après l’euphorie des événements du 26 juillet 2023, les lucidités reviennent, et regardant plus sereinement, l’on voit des gens se méfier, commençant à se poser quelques questions. Peut-être aussi que ce discours venait pour rassurer les Nigériens aujourd’hui dubitatifs, quant aux vrais desseins de la transition et du coup d’Etat qui l’inaugurait.
Le soir du 25 juillet 2024, le Chef de l’Etat nigérien s’est donc adressé à la nation, abordant des questions majeures de la vie de la nation. Il rappelait, à toute fin utile, le contexte dans lequel advenaient les événements que l’on sait et qui ont, remarquablement bouleversé la vie du pays et reconfiguré les relations du Niger avec le reste du monde, bannissant certaines, et recréant de nouvelles autres plus conformes aux aspirations du Niger nouveau en construction. Ainsi, dira-t-il à l’entame de ses propos, « Voici un an que le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), sous ma conduite, a décidé de prendre en mains les destinées de notre pays, le Niger. En effet, les menaces existentielles auxquelles faisait face le Niger ne laissaient guère le choix à tout patriote soucieux d’éviter à son pays de sombrer vers les obscurs rivages du terrorisme et cela nonobstant le placement du pays sous tutelle des bases militaires étrangères », décidément inutiles. Le Niger n’a d’ailleurs plus besoin de cette justification quand, le peuple, de manière responsable, a adhéré massivement, à la rupture que les militaires annonçaient pour le pays. N’est-ce pas qu’ « Au plan national, le changement a engendré un élan patriotique sans précédent, expression des aspirations profondes des populations à la liberté, à la dignité et à la souveraineté nationale » ?
La marche nouvelle du pays est donc tout à fait compréhensible et défendable, face aux immenses défis que le pays affronte dans un espace sahélien qui se complique chaque jour davantage. C’est pourquoi, décrivant le contexte des mutations sociopolitiques dans le pays, le Chef de l’Etat, fait le procès du régime déchu qui a fait le lit à l’impasse, dans un pays où, toutes les voix avaient été condamnées au silence, tenues de se taire ou de vivre la persécution et le bagne.
Mettre la main sur la plaie…
Peut-il être responsable, pour une armée nationale, quand le fonctionnement de la démocratie est verrouillé, et que le pays est condamné à la pensée unique, de regarder des individus saper les fondements de la République pour agir comme bon leur semble, pillant et spoliant le peuple qui n’a aucun droit sinon que de sombrer dans le fatalisme et la passivité ? Quand un système vole tout dans le pays, amasse des milliards, appauvrit son peuple, ivre de luxe et de bombance, qu’y a-t-il à faire sinon que de mettre au pilori un tel régime qui ne sait plus servir le peuple ? On comprend donc que dans son adresse à la nation, le Président du CNSP dénonce « Le pillage des ressources, les passe-droits et le bâillonnement des libertés fondamentales constituait l’autre brevet du régime déchu malgré la facette démocratique affichée et vantée par l’ancienne puissance coloniale pour récompenser la vassalisation du régime ». Victime de cette situation, notre peuple a adhéré à la nouvelle marche imprimée par le CNSP, transformant le coup d’État en un vaste mouvement de libération nationale et de reconquête de la dignité populaire, pour aller à la liberté, la vraie. « Cette défiance vis à vis du régime déchu, combinée à la menace d’agression et aux sanctions iniques imposées par la CEDEAO, a entrainé le rejet de toute influence extérieure chez les nigériennes et les nigériens ». Il est donc indéniable que les renaissances ne représentent pour les Nigériens qu’une calamité, un désastre qui les a fait douter de la démocratie et de sa classe politique qui avait fait croire depuis la conférence nationale qu’elle est la meilleure. C’est pourquoi, pour le Chef de l’Etat, le Général Tiani, la refondation de la République doit reposer sur les axes majeurs suivants : « Le renforcement de la sécurité et de la cohésion sociale » ; « La promotion de la bonne gouvernance » ; « Le développement des bases de production » et « L’accélération des réformes sociales ».
Condamné à réussir…
La responsabilité politique et historique qui pèse sur les épaules du Général Abdourahamane Tiani et ses frères d’armes est immense. Ils en ont conscience car ils savent toutes les attentes légitimes des Nigériennes et des Nigériens qui rêvent des lendemains meilleurs pour leurs pays et pour les générations montantes. Aussi, dira-t-il, « L ’adhésion forte de la population à l’élan imprimé le 26 juillet 2023 nous commande, ensemble, le devoir de réussir l’œuvre de refondation ainsi voulue avec un engagement patriotique sans failles ». Pour y arriver, il dit avoir « […] engagé le gouvernement à mettre en œuvre les mesures et actions nécessaires pour l’aboutissement de la vision portée par le CNSP dans le cadre d’un Programme destiné à renforcer notre résilience et assurer le développement des bases de production en tirant les leçons de l’impact des sanctions illégales, iniques, inhumaines d’une CEDEAO aux ordres ».
Et plus que dans un autre domaine, au plan de la Défense et de la Sécurité du territoire…
Le Général Tiani et ses frères d’armes savent à quel point les attentes sont pressantes sur ce plan au niveau de l’ensemble des Nigériens pour savoir prendre les dispositions nécessaires pouvant assurer la sécurité du pays qui ne passe, selon le Chef de l’Etat, que par « la montée en puissance de nos Forces sur le théâtre des opérations [qui] ne fait plus aucun doute. Qu’il s’agisse de la lutte contre le terrorisme dans le Liptako-Gourma et dans le Bassin du Lac Tchad ou dans le cadre de la lutte contre le grand banditisme, les FDS enregistrent des succès », se réjouit-il. Comment, comme Chef suprême des armées, ne pas « rendre un vibrant hommage aux Forces de Défense et de Sécurité pour le lourd sacrifice consenti au service des populations ? La Nation entière, à travers moi, [dira-t-il] exprime sa reconnaissance à [leur] endroit et manifeste sa solidarité envers les veuves et les orphelins des soldats tombés sur le champ d’honneur »
Relever les grands défis de l’heure…
Qui avait cru que nous ne réussirons pas à assurer nous-mêmes, notre souveraineté alimentaire pour que, par notre production nationale, nous produisions, au lieu d’en importer, ce dont nous avons besoin pour notre consommation intérieure et être sûrs autant de la quantité que de la qualité de notre alimentation ? C’est pourquoi dira le Général Tiani, « La conquête de la souveraineté passe avant tout par l’exploitation des ressources nationales au profit des populations. A cette fin, [confie-t-il] j’ai lancé dans toutes les régions du pays le programme de grande irrigation dont l’objectif vise à assurer l’exploitation optimale des potentialités agropastorales en vue de l’atteinte de notre souveraineté alimentaire. Ce programme phare engagé sur financement propre promet des résultats satisfaisants ». Et les Nigériens ne demandent pas mieux que de produire pour eux-mêmes.
Pour assurer un investissement pérenne, le Niger ne peut compter que sur ses ressources du sous-sol dont la gestion doit aujourd’hui être la plus souveraine possible pour qu’un autre, dans le domaine, ne vienne plus nous dicter ce qu’il veut au détriment des populations. C’est pourquoi, le Général Tiani parle dans son discours de « la promotion du principe de Contenu Local dont l’objectif réside dans l’obligation faite aux industries minières et pétrolières d’utiliser prioritairement les Micro, Petites et Moyennes entreprises locales et le personnel national ».
Souveraineté…
C’est le leitmotiv dans le discours politique et dans la parole des Nigériens, aujourd’hui soucieux de préserver leur liberté de toute prédation extérieure, ne voulant plus dépendre de personne. Selon Tiani « Dans l’affirmation de notre souveraineté, le CNSP entend faire respecter rigoureusement et sans discrimination, toutes les dispositions des législations minières et pétrolières. Toute société minière ou pétrolière, de quelque nationalité qu’elle soit, se verra purement et simplement retirer son permis d’exploration et/ou d’exploitation si elle viole les dispositions règlementaires et contractuelles. C’est sur la base de ses considérants que les blocs pétroliers Bilma, les Rendus R5, R6, et R7 d’Agadem, les permis miniers d’uranium d’Imouraren et celui de Madawela sont retombés dans le domaine public de l’État ». Personne, qui qu’il soit, ne peut plus venir nous dicter sa loi sur ce qui nous appartient. Tout se fera avec nous, ou ne se fera pas. Dans cette veine, il renouvelle la promesse du « […] lancement prochain du projet de construction d’une raffinerie de pétrole et d’un complexe pétrochimique à Dosso ainsi que la création d’un Institut de Pétrole et de Gaz à Zinder ». L’avenir s’annonce radieux mais, pour que cela soit, le CNSP doit, autant qu’il le craint de l’extérieur, se préoccuper des adversaires de l’intérieur, ceux-là mêmes qui appelaient à venir attaquer le pays pour qu’ils reviennent au pouvoir.
Repartir sur de nouvelles bases solides…
La révolution ne peut tenir tant qu’on ne renoue pas avec certaines valeurs essentielles et dont le fondement reste la mise en place d’une bonne école, capable de construire le modèle de citoyen nouveau dont le Niger a besoin. C’est pourquoi « L’École nigérienne, la formation professionnelle et l’esprit d’excellence et d’entreprise constitueront les piliers majeurs de la refondation et de la consolidation de notre souveraineté, car l’essor national ne pourra être garanti que par une citoyenneté responsable dans les politiques publiques et le bannissement de la culture de la médiocrité et de l’impunité ». Et plus qu’ailleurs, c’est à l’école et au niveau de l’armée que l’on n’a pas besoin de médiocres. Il faut donc que le PACA et les sentiments ne priment plus sur le choix des hommes et des femmes, qui tous, selon leurs compétences et leur intégrité, doivent s’investir dans l’œuvre de construction nationale. Le Niger a des compétences et il faudra compter avec elles si l’on veut aller de l’avant. Kountché, en tout, a jugé les hommes par leurs compétences et leur intégrité, avant de les charger de certaines responsabilités.
Le Niger évolue dans un nouveau cadre qui doit faire école pour toute l’Afrique libre. Cette marche dans le cadre de l’AES ne se fera pas en solitaire mais dans un cadre qui rassemble les trois pays de l’AES. Il parlera, dans un tel cadre, de « […] notre farouche volonté de bâtir sur le socle sahélien un espace souverain de sécurité et de prospérité.
On sait que, depuis l’arrivée au pouvoir du Général Tiani, naguère très proche d’Issoufou dont il avait assuré la sécurité pendant dix ans, des esprits malins n’ont pas manqué de jouer sur cette proximité pour discréditer son action à la tête de la révolution nigérienne, prétendant, pour démotiver les Nigériens, qu’il ne serait qu’un instrument aux mains de l’ancien président. Tiani, a donc profité de ce discours pour dissiper les doutes. Le CNSP ne travaille que pour le Niger. Il rassure : « Soyez assurés que la voie que nous suivons est résolument sur la trajectoire de la rupture avec l’ordre néocolonial et l’établissement d’un partenariat gagnant-gagnant avec tous les pays du monde épris de paix et ce, sans exclusive. A cet égard, le Niger respectera tous les engagements souscrits avec la communauté internationale ». Mieux, parlant de « La désinformation orchestrée par les organes néocoloniaux et certains compatriotes renégats dans le rôle “d’esclaves de salon”, selon la formule de [son] frère le Président Ibrahim TRAORE, ne [les] détournera pas de [leur] marche triomphale vers la souveraineté ; Aucun État, aucune organisation inter étatique ne nous dictera la conduite à tenir, ni son agenda en matière de partenariat stratégique ou diplomatique », finit-il par conclure, imperturbable ». Mieux, pour ceux qui jouent à l’intox et à la manipulation, il affirme sans ambages : « Et ceux qui fantasment sur la remise en selle imminente des régimes déchus à leur solde vont déchanter. Ils devront se rendre à l’évidence avant qu’il ne soit trop tard. Notre marche vers la souveraineté pleine et entière est inexorable ».
Pour s’en convaincre, il parlera de « La dénonciation des accords de défense et de sécurité qui lient le Niger et la France », du « renvoi de l’Ambassadeur de France comme persona non grata », de « La suspension des droits de diffusion au Niger de certains médias propagandistes français », du « retrait du Niger et du Burkina du G5 Sahel », de « L’abrogation de la loi 2015-36 du 26 mai 2015 relative au trafic illicite des migrants », du « retrait du Burkina, du Mali et du Niger de la CEDEAO », de « La dénonciation de l’Accord militaire entre le Niger et le Benin », de « La dénonciation de la Convention fiscale entre le Niger et la France », et de « La dénonciation de l’accord relatif au statut du personnel militaire des États-Unis ».
Il parlera également de la Coldeff pour « la prévention de la délinquance économique », afin d’assainir l’environnement socioéconomique et politique du pays. Et dans les prochains jours, sans qu’une date ne soit donnée, il évoquera, la mise en place d’« […] un comité technique chargé de faire la synthèse des contributions issues des assises inclusives régionales, d’organiser la tenue des assises de la diaspora et de proposer les modalités d’organisation en vue de la tenue prochaine du Forum inclusif national ».
Ce discours, pour beaucoup d’analystes, même si, par rapport à un Issoufou qui se balade alors que les Nigériens lui reprochent mille et une choses, s’il a un mérite, c’est de montrer au régime déchu, qu’il est franchement passé à la poubelle de l’Histoire. C’est peut-être parce qu’on l’a compris que le parti de Bazoum et d’Issoufou, enfin, avait décidé de ranger les carcasses calcinées de leurs véhicules laissées pendant longtemps à la devanture de son siège, attendant vainement le retour au pouvoir pour des règlements de compte.
Mairiga