À quand le retour à l’ordre constitutionnel ?
Dans une quinzaine de jours, ce sera le premier anniversaire du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (Cnsp). La transition militaire conduite par le Cnsp aura donc bientôt un an. Pourtant, les Nigériens ne se sont jamais interrogés autant. Des interrogations légitimes sur la conduite et l’aboutissement de la transition, le général Abdourahamane Tiani, le président du CNSP ayant très tôt déclaré qu’ils ne sont pas là pour s’éterniser au pouvoir. Mieux, pour convaincre, il annonce dans la foulée que bientôt, un forum sera organisé afin de décider, non seulement de la durée de la transition, mais aussi d’un chronogramme de retour à l’ordre constitutionnel. Depuis cette annonce rassurante pour la classe politique, confinée dans les fers du décret suspendant toute activité politique, il s’est passé plusieurs mois. Aujourd’hui, plus que jamais, c’est l’expectative. Est-il question d’un retour à l’ordre constitutionnel ? Le CNSP est muet sur la question et son président, si friand de sorties médiatiques, reste circonspect. Une prudence que de nombreux observateurs mettent sur le compte d’une remise en cause éventuelle des premières idées avancées.
L’hypothèse d’un nouvel agenda de la Transition effleure les esprits depuis quelque temps. Sans tambours ni trompettes, des commissions consultatives sont en train d’être installées dans les communes et selon toute vraisemblance, ces commissions consultatives joueront le rôle des conseils élus dissouts. Ces commissions consultatives sont en train d’être constituées selon une clé de représentation qui suscite des inquiétudes.Récemment, à Maradi, puis à Agadez, des dents ont commencé à grincer au regard des personnes désignées pour siéger au sein de ces commissions consultatives. D’anciens dignitaires du régime déchu refont curieusement surface, occupant des places qui choquent les Nigériens. Des loups dans la bergerie !
À Agadez, c’est un ancien préfet qui fait office de représentant de la société civile sans qu’on sache comment et par qui il a été désigné. Selon la confidence d’un acteur de la société civile qui a requis l’anonymat, tout est trouble et le silence du CNSP ajoute à la confusion. À l’Assemblée nationale, un administrateur délégué a été nommé et ses premiers pas ont revêtu, non pas les aspects d’un directeur des ressources financières et matérielles, encore ceux d’un payeur, mais bien les traits d’un président de l’institution durant la transition. Une cérémonie digne du nom, médiatisée, a sanctionné sa prise de contact avec les personnels parlementaires. Le fait augure-t-il de l’installation prochaine d’un parlement de la Transition ?
Si le général Tiani l’a fermement promis, le retour à l’ordre constitutionnel est toutefois assujetti à un calendrier qui n’est as encore connu. Selon de nombreux observateurs, la Transition est d’ailleurs marquée par des soupçons de plus en plus prononcés, les citoyens s’interrogeant sur la finalité des évènements du 26 juillet 2023 dès lors que le changement attendu, au plan de la gouvernance politique et financière. La refondation de la gouvernance, tant prônée au départ, n’est d’ailleurs plus en vogue, la question de la souveraineté ayant curieusement servi de dissolvant pour éclipser toute idée de procès sur des scandales financiers de grande ampleur dont l’Uraniumgate et tant d’autres dossiers de délinquance financière qui restent toujours impunis.
Laboukoye