Après le remaniement, il faut rendre justice au peuple
Le Niger vient d’assister au remaniement du gouvernement avec la sortie de quelques ministres et l’entrée de nouveaux ministres. Ce remaniement attendu depuis des mois porte bien d’espoirs même si, les réglages ne sont pas assez suffisants à rassurer quant au tournant à prendre aujourd’hui pour changer radicalement la gouvernance afin d’aller aux changements que l’on attendait depuis les événements du 26 juillet 2023. Si le remaniement n’est qu’une étape qui donne théoriquement à la transition les compétences dont elle a besoin, qu’est-ce qui pourrait compliquer la tâche au CNSP et notamment au président de la République, le Général d’Armée Abdourahamane Tiani, dans la mise en œuvre de son ambitieux programme pour le Niger et pour sa refondation ? Près de deux années auront été employées à servir au peuple des discours qui portent des idées révolutionnaires auxquelles les Nigériens avaient cru. Il est aujourd’hui temps d’aller à des actes dans les différents domaines de la vie nationale pour y apporter les transformations souhaitées. Il ne s’agit plus de se complaire dans des actions qui relèvent de la routine, mais d’oser des actions dont la hardiesse pourrait aider à remettre le peuple en confiance et à hâter le progrès.
Il vrai que lorsque le Niger regorge d’hommes et de femmes compétents et intègres et que l’on a l’impression qu’au-delà des personnalités issues des FDS, ce ne sont, dans bien de cas, que les mêmes hommes, les mêmes personnalités glanées dans l’ancien système qui sont promues, ne donnant pas trop de chance à l’administration de faire peau neuve par le choix d’acteurs moins compromis. Pour l’opinion, tous les Nigériens sont appelés à participer à la reconstruction de leur pays ; toute chose qui commande à bannir l’exclusion telle que les Nigériens l’ont vécue pendant les treize années avant le coup d’Etat. On comprend pourquoi les Nigériens y croyaient pour s’accorder à soutenir la transition, et à se constituer en sentinelle pour veiller sur les menaces qui planent sur la nouvelle dynamique.
Il est donc important que la transition, après près de deux ans, aille au-delà des discours pour combattre résolument l’impunité qui a cours dans le pays. Ce que l’on a connu dans le pays ne doit plus revenir encore. C’est pourquoi il est impérieux de faire la lumière sur tous les dossiers, malgré le pardon qui ne saurait faire la promotion de l’impunité, cela afin de faire en sorte que chacun réponde de ses actes et paie pour ses impairs. Il n’y a rien de méchant en cela sinon que de donner un sens à la lutte contre l’impunité qui, depuis des années, et nonobstant les discours que l’on a entendus, du moins depuis 2011, n’avait jamais été une conviction chez les dirigeants que l’on a connus. Ils laissaient autour d’eux se développer une mal gouvernance qui a détruit toutes les valeurs qui distinguaient naguère le Nigérien aujourd’hui réduit en un vulgaire voleur, à un cadre peu sérieux. C’est d’autant ancré dans certaines mentalités que ceux qui s’y sont employés à développer les vices, n’en ont pas honte, exhibant, sans pudeur ni retenue, des fortunes mal acquises qui heurtent l’opinion, blessent les consciences, détruisent la réputation commune.
Gérer l’Etat et faire de la politique doivent-ils se réduire à être considérés désormais dans le pays comme des raccourcis pour s’enrichir avec la bénédiction d’une impunité instituée et d’un pardon-prêt-à-porter arrangé à la taille de la pègre ? C’est donc pourquoi il est important que la transition, même dans son souci de rassembler et d’aller au pardon et à la réconciliation, sache faire de la Justice un axe central de sa gestion, car sans la justice il ne peut qu’être hypothétique de réussir les transformations qu’elle voudrait atteindre. Toute société construite avec l’argile de l’injustice est vouée à l’éclatement avec le risque de la vendetta et des règlements de compte qui pourraient s’imposer aux hommes pour se faire justice. Pour éviter d’en arriver là, la justice reste la seule voie. Le ciment de la justice est plus durable. Tous les grands peuples y ont passé. Mais, on comprend pourquoi certains agitent des menaces qui semblent effrayer certains milieux du pouvoir. Dans ce pays, qui n’est pas allé en prison ? Et le pays demeure. Il demeurera. Inch’Allah.
Mairiga