Le fleuve Niger peut à lui seul nourrir toute la population nigérienne
Le Niger, comme les autres pays frères de la Confédération de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), le Mali et le Burkina Faso en l’occurrence, est, depuis le coup d’Etat du 26 juillet 2023, dans une révolution pour la conquête de sa souveraineté et son indépendance véritable. Toutes les grandes décisions, dont la dénonciation des accords léonins de défense avec la France ; le départ des soldats français du territoire national ; la sortie de la CEDEAO, organisation sous régionale dont le Niger est membre fondateur mais de plus en plus moribonde instrumentalisée par la France ; la création de la Confédération de l’Alliance des Etats du Sahel avec le Burkina Faso et le Mali ; entrent dans le cadre de la noble et juste lutte pour sa dignité, la dignité du peuple nigérien. Tel est le sens qu’il faut donner aux actions et aux efforts déployés par le CNSP et le gouvernement, avec le soutien indéfectible du vaillant peuple nigérien. Mais, comme l’a bien vu le CNSP, il ne peut y avoir d’indépendance politique sans indépendance économique. Tout comme il ne y avoir d’indépendance économique sans souveraineté énergétique et surtout alimentaire. Sur le plan alimentaire justement, chaque nigérien a ressenti les graves conséquences de la dépendance alimentaire pendant l’embargo inique, illégal et inhumain que lui a imposé la CEDEAO, tristement instrumentalisée et manipulée par la France. Tout pays, imbu de son indépendance, son honneur et sa dignité, doit éviter de dépendre d’un autre sur ce plan, parce qu’entre les Etats, les relations peuvent se dégrader du jour au lendemain, pour des raisons diverses. Les amitiés et les fraternités sont internes et privées. Les Etats ont des intérêts à défendre. Et, malheureusement, les nigériens continuent encore à ressentir les effets de cette dépendance vis-à-vis de l’extérieur sur le plan alimentaire, malgré les efforts et les décisions salutaires prises par les autorités de diminuer, après consultation des importateurs, des prix de certaines denrées alimentaires, en particulier le riz. Un peuple digne de ce nom, à l’instar d’un chef de famille responsable, doit être à même de se nourrir, et l’Etat doit créer les conditions pour que cela soit. A ce sujet, notre pays, le Niger, est un véritable paradoxe. Chacune des huit régions du pays peut être un pôle d’excellence, chacune disposant d’une ou de plusieurs richesses du sol ou du sous-sol, pouvant être exploitées pour la satisfaction des besoins intérieurs des citoyens, et même exportées. Rien ne justifie par exemple que les nigériens ne mangent pas à leur faim. Tout ce qu’il faut est là : les terres cultivables à perte de vue ; des eaux de surface (le fleuve Niger, ses affluents, le lac Tchad, la Komadougou, les dallols, les goulbis, oueds, oasis, des lacs, des vallées toujours fraiches, des mares permanentes, etc.) ; les bras valides (la population nigérienne étant relativement jeune) ; le besoin, disons même la nécessité. Qu’est-ce qui reste ? La volonté politique, la motivation, la vertu du travail, l’amour de l’effort. Une prise de conscience des riverains, qui ne semblent jusqu’à présent pas comprendre qu’ils ont une chance unique, est nécessaire et urgente. Le fleuve n’est pas une œuvre-d’art qu’il faut uniquement contempler pour sa beauté, à but uniquement contemplatif. Rationnellement exploité sur les 500 Km sur lesquels il traverse le Niger, le fleuve Niger peut à lui seul nourrir la population nigérienne. En plus de traverser le Niger sur 500 Km, le troisième plus grand fleuve d’Afrique, après le Nil et le Congo, dispose d’une foultitude d’affluents qui l’alimentent dont la Tapoa, le Mékrou, la Sirba, le Dargol, le Gorouol, le Diamangou. Et le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie a bien vu la nécessité de réaliser de la souveraineté alimentaire du Niger, s’inscrivant dans la droite ligne du Général Seini KOUNTCHE pour lequel l’autosuffisance alimentaire était une obsession. Avec le Programme de Grande Irrigation (PGI), chargé de répertorier toutes les périmètres irrigués existants et tous les périmètres irrigables, en vue de les réhabiliter, les aménager et les exploiter afin de transformer le Niger en un vaste champ de spéculations diverses et produire en quantité et en qualité suffisante. Les berges du fleuve Niger, de Firgoun à Gaya, d’amont en aval, sur 500 Km, offrent des milliers d’hectares de terres exploitables. Organiser, appuyer, encadrer les producteurs, voilà le challenge. Cela suppose bien évidemment un certain niveau de mécanisation des pratiques agricoles et une certaine industrialisation. Car, pour tirer de la plus-value de l’abondante production régulière, il faut non seulement des marchés oû les écouler, mais également des usines pour transformer les matières premières en divers produits finis, destinés à la consommation interne et à l’exportation. Le Niger regorge de potentialités énormes. Mais, il ne doit pas rester seulement un pays de potentialités incomestibles. Les potentialités doivent être réalisées, transformées en réalités, par l’homme, au moyen de sa force, son savoir et son savoir-faire. C’est à ce prix que la souveraineté se gagne, c’est ainsi que le Niger va s’imposer et se faire respecter. C’est pénible de voir les citoyens d’un pays, comme le nôtre, qui a de telles possibilités, végéter dans la misère, tendre la main, et s’adonner à la mendicité jusqu’à l’exporter dans tous les coins du monde. Le Niger doit cesser d’être la risée de ses voisins, la risée du monde. Le Niger doit cesser de n’être qu’un pays de potentialités.
BISSO