Qu’est-ce qui bloque ?
Cela fait longtemps qu’une rumeur de remaniement du gouvernement avait circulé, rapportée par la presse et les réseaux sociaux. Alors qu’il était vivement souhaité et attendu pour donner à la transition l’énergie nécessaire et lui insuffler une dynamique nouvelle qui puisse permettre d’atteindre les objectifs que vise la révolution sahélienne, l’on a vu les choses se tasser, chacun peut-être usant de son soutien à l’intérieur du système pour se maintenir malgré tout et en dépit des médiocrités affichées. Selon des sources bien informées, le sujet est revenu sur la table car tout le monde pourrait avoir compris que les choses ne bougent pas trop comme on peut le voir dans les autres pays de l’AES, même si les contextes différents pourraient justifier ces disparités. Nous n’irons pas, pour ne pas encore fâcher, à faire la radioscopie de la gouvernance dans les différents ministères, mais force est de constater qu’il y a souvent trop d’amateurisme, avec des hommes et des femmes qui se sont embourbés dans la routine, le surplace que certaines agitations qui frisent le m’as-tu vu ne peuvent dissimuler. Alors que l’on attendait de voir les uns et les autres mener des réflexions en profondeur sur les secteurs dont ils ont la charge pour les diagnostiquer et comprendre les vrais défis, l’euphorie de devenir ministre, alors que beaucoup de ceux et de celles qui montaient les marches étaient surpris par les promotions qu’ils avaient en des moments aussi inespérés, ne pouvait pas leur permettre de garder leurs lucidités pour comprendre ce qu’il y a de sérieux à entreprendre pour faire bouger les lignes.
Aujourd’hui, il est temps de regarder encore car, en vérité, les choses ne vont pas trop bien dans le sens souhaité. En regardant le fonctionnement de certains ministères, en considérant le climat délétère qui règne, rendant difficiles les collaborations dans certains ministères, il est clair que l’on ne peut avoir l’efficacité souhaitée et la remise au travail des Nigérien que certains ont cru pouvoir réussir par la mise en place assez ridicule et trop simpliste de listes de présence. Or, pour remettre les Nigériens au travail, il s’agit simplement d’avoir des chefs d’équipe qui ont le leadership nécessaire pour être des mobilisateurs d’énergies et d’intelligences afin de provoquer de grandes mutations au sein d’une administration gangrenée par les clanismes et la course effrénée aux perdiems, pire aux avantages indus. Les agents de l’Etat ont besoin d’être mis en confiance, d’être valorisés dans leurs compétences reconnues. Or, avec ce que l’on voit aujourd’hui, ici et là, avec des cadres frustrés, conduits comme s’ils sont des enfants d’un tel ou d’une telle qui ne peut leur avoir aucun respect, les malmenant et les frustrant pour la moindre peccadille, alors que tout le monde sait qu’ainsi faisant, l’on ne peut pas s’attendre à voir de belles choses se réaliser, notamment quand ses équipes sont permanemment stressées.
Il y a franchement de sérieux problèmes et c’est à juste titre que l’on peut se demander si certains des ministres ont réellement dirigé dans leur vie des équipes. Être ministre de la République ne fait pas d’un homme, ni même d’une femme, un empereur appelé à régenter un domaine.
Ce remaniement est donc plus qu’une nécessité, une urgence. Le pays doit changer et, surtout, il doit rapidement aller dans les mêmes synergies que l’on observe dans les autres pays de l’AES. Pour cela, il ne faudra plus hésiter : le pays perd trop de temps à hésiter et à ménager des susceptibilités inutiles parce qu’on devrait congédier certaines personnes d’un gouvernement. Si cela devrait être la solution, tant qu’à faire ; au nom de la nation pour laquelle l’on s’est engagé, l’on ne doit pas hésiter à prendre les décisions qui s’imposent, la nation étant plus importante que les individus. On est resté pendant longtemps dans ces hésitations, dans ces faiblesses, alors que le contexte commande la responsabilité. Quand on voit le tollé soulevé par le travail d’un confrère, l’on comprend combien il est beau et intéressant d’être ministre pour souffrir d’en perdre une telle position et vouloir faire payer à un autre ses fantaisies dans son métier qui lui donne pourtant le droit de la critique et même de la satire.
Le changement d’équipe, est plus qu’une exigence : c’est une nécessité vitale, une urgence absolue, pour un pays qui veut sortir de l’ornière. Le Niger est dans cette situation.
Mairiga