Vers la dissolution des partis politiques et un délai de cinq ans de transition
La tenue des Assises Nationales devant baliser la refondation du Niger annonce de grands moments dans la vie de la nation. Faits d’espoirs nouveaux, ces moments pleins d’émotion, de ferveur nationale, portent tant d’espérance pour un peuple qui a été éprouvé par la démocratie et ses acteurs qui, jouant de leurs caprices, ont imposé l’instabilité au pays qui connut, depuis la Conférence nationale de 1991, cinq Républiques qui traduisent la récurrence des crises politiques qui ont rythmé la vie politique nationale et l’expérience démocratique douloureuse à l’éternel recommencement. C’est pourquoi ces Assises, aujourd’hui, retiennent l’attention de tous les Nigériens qui regardent du côté de la salle des Conférences Mahatma Gandhi où sont rivés tous les regards pour scruter les moindres gestes et les moindres paroles. C’est certainement pourquoi le Gouverneur de Niamey interpelle l’ensemble des Nigériens pour comprendre qu’il s’agit d’un rendez-vous de l’Histoire que nous n’aurions pas le droit de manquer.
Cette grande rencontre qui rassemble le pays dans toutes ses composantes doit ainsi être celle de la maturation d’un peuple qui aura appris de ses erreurs, de ses échecs, de son passé, de sa démocratie brutalisée pour savoir aujourd’hui quels chemins doit-il emprunter pour ne plus se perdre. C’est à juste titre que le Gouverneur de Niamey, le Général de Brigade Assoumane Harouna, répugné par l’errance de la démocratie nigérienne, dira : « En trente-cinq (35) ans de démocratie mal comprise, nous avons vu ce que la grande majorité de nos politiciens a fait de notre pays, un pays exsangue à tout point de vue, malgré les ressources naturelles dont il dispose et la ressource essentielle pour sa construction qu’est la jeunesse ».
Les Assises décidées par le CNSP doivent donc acter un nouveau départ pour le pays et montrer la voie qui assure pour ne plus tomber dans les mêmes impasses. Pour le réussir, il n’y a de solution que trois choix majeurs.
Vaincre le mal nigérien à la racine…
La démocratie, serait-elle un habit que nous ne pouvons pas porter ainsi que Chirac pourrait le croire pour s’inquiéter qu’on nous y pousse alors que nous ne devrions pas être mûrs pour une telle aventure ? L’élite africaine lui a donné raison, quand on la voit, incapable de s’en accommoder, rusant avec les principes et les règles, ne pouvant jamais avoir de fair-play pour jouer à la démocratie comme les anglophones offrent à chaque élection le bon exemple. On sait que, plus que les textes souvent, ce sont les hommes, chargés d’appliquer les textes et de leur donner sens, qui causent problème. Il est vrai que nos textes, eux qui font du président de la République un monarque, ont beaucoup de tares qu’il faut en extirper. Des tares que la mauvaise foi des hommes au pouvoir grossissent et amplifient. Tant qu’ils peuvent être à l’opposition, ils savent les défendre, mais une fois qu’ils arrivent au pouvoir, ces textes, pour eux, ne deviennent que du chiffon, mettant en avant une majorité discutable qui leur donnerait le loisir d’agir comme ils veulent, méprisant ce qui viendrait d’une minorité tout en dévoyant le sens des lois de la République. Peuvent-ils oublier, ceux-là, que la démocratie oblige à entendre des minorités – si minorité il y a –, toute chose pour laquelle la Conférence nationale décidait de la création de circonscriptions spéciales pour reconnaitre des droits des minorités et surtout pour entendre d’autres voix souvent étouffées ? Gouverner, c’est aussi savoir écouter le faible, si tant est que cela existe, afin qu’il se sente exister et valorisé dans le peuple.
Aujourd’hui, en considérant le bilan du parcours dans la démocratie au Niger, l’on peut reconnaitre que c’est toute cette situation qui a poussé le pays à rentrer presque chaque cinq années dans des turbulences que des chamailleries politiques ont attisées. L’heure est venue de les analyser pour trouver les bonnes réponses aux maux. Il est question de conjurer le mal, le mal nigérien, et de trouver le moyen de mettre le Niger à l’abri de ces crises interminable qui garde presque le sceau de la malédiction pour lui montrer enfin la voie du progrès et de la souveraineté véritable. C’est pourquoi, au regard de ce qu’en trente cinq ans d’animation de vie démocratique, la classe politique n’aura jamais tiré les leçons de ses échecs et de ses rancunes développées, il y a aujourd’hui à décider de ces animateurs de la vie politique pour ne plus revenir pour le remake qui risque alors de conduire loin un pays qui a déjà frôlé plusieurs fois le chaos.
Entre autres décisions importantes à prendre, on peut, d’ores et déjà, penser à une mise hors course de la vielle classe politique à l’origine de tous les malheurs du Niger. Les anciens leaders politiques qui n’ont jamais été capables de s’élever pour préserver le pays de chamailleries enfantines, se battant toujours autour de l’os de More Lam, pensant peu au peuple et à ses préoccupations, tous ou presque, ne venant en politique que pour s’engraisser au détriment du peuple au nom duquel ils prétendraient pourtant venir au pouvoir. Il est donc important que les Assises Nationales aient ces courages, car cela participe d’une punition pour que ceux qui viennent sachent à quoi s’en tenir comme, sur le plan de la justice, on appelle à châtier pour que cela ait un impact pédagogique sur la pègre politique.
Dans la nouvelle charte, il faut qu’il soit inscrit en lettre d’or que les militaires vielleront sur la conduite des affaires publiques et notamment sur l’application des nouvelles directives de la vie politique nationale, cela, afin que la nouvelle classe politique se discipline et apprenne à se souvenir de ses engagements pris auprès du peuple qu’elle a le devoir de servir. Aussi, pour que tout cela se réalise, les Assises Nationales doivent élaborer un cahier de charges pour une véritable politique économique et sociale qui sert le pays et hâte les progrès, tous les progrès attendus de cette révolution en marche. Il faut donc faire des choix pertinents pour le pays dans différents domaines de la vie nationale. Par exemple, penser une nouvelle agriculture plus basée sur l’irrigation que sur les pluies plus aléatoires afin que le Niger puisse désormais produire ce dont il a besoin pour nourrir ses populations, tout en pensant à la transformation agroalimentaire. Il est possible d’atteindre la sécurité alimentaire par la propre production du pays, sans avoir à exporter des milliards pour ramener du riz et autres produits alimentaires de l’extérieur dont on ignore tout des conditions de production. C’est d’ailleurs, pourquoi, il est important d’auditer les 3N où l’ancien régime dit avoir mis des milliers de milliards sans que les Nigériens voient ce que cela a pu changer dans la production agricole nationale, aujourd’hui problématique.
Par ailleurs, les Assises pourraient également penser l’école nigérienne en confiant le secteur à des gens qui connaissent bien le secteur pour travailler à sa transformation, toute chose qui, cependant, ne peut être possible tant qu’on ne sortira pas la politique de l’école. Notre administration doit revenir à certaines valeurs, notamment la culture du mérite pour valoriser les compétences et aller à l’excellence et l’efficacité en berne depuis que la démocratie venait dans le pays pour tout déstructurer.
Il en est de même pour l’élevage, les mines, le pétrole, les infrastructures routières et ferroviaires et portuaires avec, on l’espère, ainsi que cela a été annoncé, un port sec à Agadez et la réalisation de celui en veilleuse de Dosso depuis des années. Le Niger attend aujourd’hui de profondes mutations qui sont essentielles à son émergence tout en changeant la vie dans les campagnes et dans les villes aujourd’hui gagnées par une paupérisation croissante.
La justice, reste le pilier central de toutes les transformations
Mais, il ne faut pas se leurrer : tant qu’il n’y aura pas justice, tous les efforts ne peuvent qu’être vains. C’est pourquoi, il est aujourd’hui important de mettre en confiance le citoyen avec le système judiciaire mis en place dans le pays, ce qui n’est possible que lorsqu’on aura réussi à rassurer tous les Nigériens de leur égalité devant la loi. Mais, avant de penser à ces changements de paradigmes dans l’appareil judiciaire, il y a à faire justice. Après près de treize années d’injustices criardes, il y a franchement à faire justice, à des personnes, à des familles et surtout à un pays que des gens venaient piller pour tout détruire, pour ne laisser que des ruines pendant qu’eux, aujourd’hui encore, devant les regards perplexes d’un peuple estomaqué, se la coulent douce, inaccessibles à la Justice impotente et contrôlée, celle-là même qui est supposée être faite pour tous, pour l’équité.
Agir dans des délais raisonnables…
Le pays dont a hérité le CNSP est une ruine. Quand on entend les bilans de nombreux ministres qui s’y sont intéressés, l’on peut voir les dégâts qui avaient été faits par des hommes et des femmes dont la seule préoccupation reste cette propension partagée de socialistes à vouloir, à tout prix, s’enrichir. Pour redresser toute cette situation, il va sans dire que l’on doit donner plus de temps à cette transition, n’en déplaise à Issoufou Sidibé qui sait sans doute pour qui il roule pour demander à hâter les efforts de la transition pour mettre de l’ordre dans le pays pour permettre à une classe décriée de revenir au pouvoir. Votre journal, Le Courrier, qui a passé des années, non sans avoir payé le prix de ses audaces par les persécutions que vous savez, demande que cette transition prenne le temps qu’il faut, et cinq (5) bonnes années pour « arranger » ce pays et faire en sorte que, tout ce que l’on a connu jusqu’ici comme mauvaises pratiques, soit définitivement banni afin que des valeurs nouvelles, celles que nous avons toujours connues dans le pays avant la démocratie, reviennent pour faire du Niger ce peuple travailleur, intègre, sérieux, au seul service de la République. Et Dr. Mamoudou Harouna Djingarey, l’Honorable Chef de Canton de Sinder, qui a, aujourd’hui, l’exaltante et lourde responsabilité de conduire ces Assises que tous les Nigériens regardent avec intérêt, dans la conscience de ce que le Niger, le CNSP et son gouvernement attendent de lui, dira qu’il nous faut, ensemble, construire : « Un Niger fort et digne et tourné vers l’avenir ».
L’époque est nouvelle et est chargée d’espoirs nouveaux.
Alpha