Pourquoi le gouvernement Birgi avait-il menti sur le montant ?
« …Le Niger et la Chine ont conclu des discussions engagées depuis longtemps entre le ministère nigérien du Plan avec Ex-Im Banque de Chine. C’est notamment un accord de prêt de l’ordre de deux milliards de dollars, environ 1 000 milliards de FCFA, ‘pour servir à des investissements d’infrastructures de nature à accélérer le développement de notre pays’, selon le ministre d’Etat nigérien en charge de la Coopération à l’époque des faits, M. Bazoum Mohamed. »
Ce passage est extrait d’une dépêche de Xinhua, la toute officielle agence de presse chinoise, en date du jeudi 9 janvier 2014 intitulée : « Niger : forte croissance de l’économie en 2013 grâce aux recettes pétrolières ». Cette dépêche est tombée comme un cheveu dans la soupe de la Renaissance, car elle est publiée pendant que le débat, sous forme de Choc des Titans, sur le montant exact du prêt contracté par notre pays et les conditions de remboursement imposées au Niger, battait son plein. Deux (2) milliards de dollars ou un (1) ? Telle était la question.
Le débat est parti d’une remarque anodine du Président de l’Assemblée nationale de l’époque, Hama Amadou, en 2013, lors de l’interpellation, le 9 novembre 2013, de Massoudou Hassoumi, ministre de l’intérieur, à l’Assemblée nationale, relativement à la destitution par le Gouvernement du maire élu de la Ville de Niamey, Oumarou Moumouni Dogari. La hiérarchie lui reprochait d’avoir endetté dangereusement la Ville de Niamey en mettant en gage des biens non cessibles. C’est alors que le Président de l’Assemblée a fait le parallèle entre le prêt contracté par la ville de Niamey et le prêt de deux milliards de dollars contracté par le Gouvernement auprès de la banque chinoise Ex-Im Banque de Chine, sans avoir au préalable informé personne et en mettant en gage le pétrole nigérien sur des décennies. Etourdi, Massoudou répondit mollement que, dans tous les cas, la convention passera à l’Assemblée nationale pour ratification. Premier acte.
Pris au dépourvu par le fait que le Président de l’Assemblée nationale, qui ne fut pas pourtant mis dans le bain par son allié, le Chef de l’Etat, fût informé des moindres détails du prêt, le régime de la renaissance qui a toujours méprisé les nigériens en lui servant de gros mensonges se mit à communiquer tous azimuts et dans le désordre absolu sur le montant du prêt. Le ministre du Plan, les réseaux sociaux, les journaux proches du pouvoir, même le Premier ministre Bridji Rafini, furent mis à contribution pour démentir les propos du Président de l’Assemblée nationale. Celui-ci fut présenté à l’opinion comme quelqu’un qui n’a pas dit la vérité, qui veut nuire au régime et qui n’aime pas le pays. Pour plaire au Guru du Gury System, certains ne sont pas allés du dos de la cuillère, traitant le Président l’Assemblée nationale de tous les noms, la contradiction majeure qu’il fallait coûte que coûte abattre. Deuxième acte.
Puis cette dépêche est tombée mais passée presque inaperçue, noyée dans le brouhaha de la communication abondante et désordonnée du Gouvernement. Mais, les Chinois sont attentifs à ce qui se passe au Niger et surtout très portés à défendre bec et ongles leurs intérêts. Comme tout pays souverain. Surement qu’ils ont suivi le débat et ont remarqué la posture opaque du Gouvernement de Bridji Rafini qui persistait dans le déni. Ont-ils fait pression sur le Gouvernement de la République du Niger pour annoncer publiquement le montant de 2 milliards aux nigériens ? C’est ce que pensent beaucoup d’observateurs. Toujours est-il que Bridji Rafini est sorti plus tard pour reconnaitre publiquement le montant de deux milliards. On reconnait à partir de cet instant les menteurs et ceux qui n’aiment pas le Niger. Puisque c’étaient les reproches qu’ils ont faits au Président de l’Assemblée qui a pourtant dit la vérité, ce que les chinois eux-mêmes ont précisé dans leur dépêche, ce même montant confirmé à Hama Amadou par Mahamadou Issoufou lui-même, et que Bridji Rafini finira par annoncer publiquement.
Mais, pourquoi le Gouvernement de Bridji a menti aux nigériens, en voulant cacher par tous les moyens le montant de deux milliards ? Quelle est la destination du prêt Exim-Bank de Chine ? Telles, sont, entre autres, les questions que tous les nigériens se posent encore. Car si des membres du Gouvernement, appuyés par le Premier ministre himself, viennent mentir publiquement sur une question aussi sensible que l’argent, c’est qu’il y a surement une intention criminelle par derrière la tête.
Surement que le prêt Exim-Bank figure au palmarès des scandales politico financiers qui ont jalonné le régime du PNDS dont c’est d’ailleurs la marque de fabrique. Sous son magistère, des nigériens, forts de leurs postes de responsabilité dans les hautes sphères de l’Etat, de leur proximité et leur appartenance au clan et de ses petits camarades, marxistes léninistes admirateurs de Staline l’exterminateur, ont mis en péril les intérêts stratégiques du pays. Tôt ou tard, ces bénis de la République de la Renaissance rendront compte dans toute la rigueur de la loi. Et le plutôt sera le mieux. Et, aujourd’hui, 12 ans après le mensonge d’Etat, le peuple souverain du Niger réclame justice. Car les biens publics restent et demeurent sacrés.
BISSO