Pourquoi le directeur de cabinet adjoint a-t-il été limogé ?
Le limogeage du directeur de Cabinet adjoint duPrésident du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP),le sieur Habibou Issoufou, continue de faire couler de l’encre et surtout de la salive. Dans les salons feutrés de la capitale, l’on se perd en conjectures, la raison de son limogeage n’ayant pas été rendue publique. Le Courrier a réussi à briser ce mur de silence. Selon des sources bien informées,le directeur de Cabinet adjoint du Général Tiani, jusqu’ici peu connu de l’opinion publique nationale, aurait été limogé de son poste pour une affaire de corruption et de trafic d’influence à laquelle on le croit lié. Il serait soupçonné par les autorités d’avoir perçu un pot de vin et une villa sise au quartier Koira Kano dans une affaire obscure liée au pétrole nigérien. Une source de la Présidence indique que lorsqu’il était directeur de cabinet adjoint, le sieur Habibou Issoufou s’adonnerait beaucoup aux trafics d’influence et autres pratiques contraires aux bonnes mœurs de gouvernance.
Habibou Issoufou n’est pas seul. Des complices insoupçonnés sont impliqués dans cette affaire
C’est le premier cercle du Général Tiani qui est tout de même touché. Toute la délicatesse de l’affaire est là.Celui qui est désormais ancien directeur de Cabinet du Général Tiani ne serait pas d’ailleurs seul dans cette sale affaire de pot de vin lié au pétrole. D’ores et déjà, l’on soupçonnerait un responsable de la société WAPCO d’être trempé dans la même affaire. Les noms d’autres personnalités sont avancés et il y en a qui sont des plus insoupçonnées. Si le directeur de Cabinet adjoint qui fait partie du premier cercle du PCNSP est impliqué dans cette affaire, il a certainement bénéficié, dit-on, de la complicité efficace d’un ou de plusieurs quidams haut perchés.
Il faut secouer le cocotier. Selon toujours la même source, une enquête serait en cours pour démasquer tous ceux qui seraient concernés par l’affaire. À quoi bon, se demandent certaines voix, si la sanction doit se limiter uniquement au limogeage sans poursuite judiciaire. Le sujet, qui a envahi de nombreux salons et fadas, est encore loin d’être clos et la déception n’est pas bien loin. Sérieusement glacés par l’expérience de la 7e République, les Nigériens craignent que le laxisme connu sous le régime déchune prévale à nouveau sous le Cnsp. En attendant d’apprécier la réaction du Général Tiani et du Cnsp qui sont attendus sur des décisions hardies, les souvenirs affleurent. Des souvenirs amers d’une impunité systématique qui émoussent les ardeurs populaires de voir le chef de l’État prendre ses responsabilités sur un sujet qu’il a présenté comme une des motivations centrales du coup d’État du 26 juillet 2023.
Le Général Tiani va-t-il sonner la rupture avec les pratiques de la 7e République ou les conforter ?
Au sein de l’opinion nationale, c’est l’expectative. La mémoire collective se rappelle des mœurs du régime déchu, entretenues au plus haut sommet de l’État par le président en personne.Dans un pays où les secteurs sociaux de base (éducation, santé et hydraulique) battaient de l’aile, les auteurs de détournements de plusieurs milliards, étaient systématiquement protégés contre la justice. En décembre 2016, des responsables de la Douane nationale étaient épinglés par la Halcia dans le détournement de plus de six milliards de matériels divers à la Soraz [Ndlr : Société de raffinerie de Zinder]. Leurs comptes bancaires ont été mis sous scellé, mais ils ont toutefois échappé à la justice grâce à l’interventionnisme.
Le scandale de l’Uraniumgate reste un autre cas emblématique de l’impunité qui a permis à des individus de s’enrichir en milliards sous la 7e République. L’affaire qui a emporté le directeur de Cabinet adjoint du PCNSP retient donc toute l’attention des Nigériens. Le Général va-t-il sonner la rupture avec les pratiques de la 7e République ou les conforter ? Wait and see, comme disent les Anglais.
Laboukoye