Nécessité de mettre hors course électorale tous les indélicats politiques
Notre article de la semaine dernière avait suscité le buzz sur la toile et fait mal à certains milieux politiques et l’on peut lire, ici et là, et notamment sur les réseaux sociaux, des colères, quelques esprits chagrins qui s’en prennent à notre opinion assumée et qui reste véridique si tant est que l’on veut changer les choses, que l’on veut aller à une révolution, que l’on veut aller à un changement de mentalité qui, seul, peut servir les mutations que le peuple appelle de tous ses vœux. Mais on les comprend : ils n’ont de métier que la politique devenue leur boutique pour vivre et survivre au gré des retournements athlétiques et autres opportunismes et toujours tenter de trouver le moyen de ne pas s’éloigner des ripailles. Or, la politique ne peut pas être un métier. Emmanuel Macron venait du secteur de la Finance, Sarkozy est un avocat comme Barak Obama, Tallon, et Tinubu du milieu des affaires. Bref, tous les hommes politiques, ailleurs, savent faire quelque chose dans leur vie pour ne pas vivre que de politique, de lâcheté et de reniements perpétuels pour ne plus croire qu’ils puissent avoir des convictions. Au Niger, s’il n’y a pas de politique, beaucoup d’hommes connaitront la galère et on comprend ces impatiences que l’on peut lire dans certains milieux où des gens se préoccupent du calendrier de la transition, se demandant, quand, enfin, les prochaines élections pourraient être tenues pour sortir de la soudure que leur impose la transition.
Si nous tenons encore à assainir, concomitamment avec le milieu économique, l’espace politique, il faut que l’on ait le courage de prendre certaines décisions que pourront appuyer la législation nouvelle à élaborer et à mettre en vigueur. C’est pour ce besoin impérieux que nous revenons sur le sujet même si, visiblement, il fâche et gêne. C’est aussi, peut-on le penser, une manière de sanctionner des acteurs politiques qui, poussés par leurs caprices, oubliaient jusqu’à l’intérêt général, réduisant le jeu démocratique à des chamailleries interminables. C’est peut-être pour cela qu’il est important qu’on sache ceux qui ont de gros dossiers au niveau de la Coldeff ou avec la Justice, pour que les Nigériens s’en servent à se débarrasser d’une pègre, de grands bandits d’Etat auxquels, par le fait de leurs actes posés de par le passé, l’on pourrait empêcher, au moyen de textes nouveaux, la possibilité de revenir pour investir la scène politique pour encore promouvoir les mêmes tares et polluer le climat politique pour replonger le pays dans les mêmes zizanies. Il se trouve d’ailleurs que nombre de ceux qui ont pillé et détruit ce pays gardent aujourd’hui encore la manne amassée et pourraient s’en servir pour corrompre les consciences, exploiter les misères, l’immaturité et l’incrédulité de certains Nigériens pour leur arracher leurs choix et leurs libertés. La démocratie ne saurait rimer avec misère et ignorance. Or, dans ce pays, il y a les deux. Pour le premier, l’ancien système a travaillé à creuser les inégalités pour maintenir certains Nigériens – ceux qui ont refusé courageusement de porter sa portique inique –et pour le second, les partis politiques ont manqué à leur devoir d’éduquer leurs électorats à dessein maintenus dans l’obscurantisme politique.
Nous situons ce travail salvateur à trois niveaux. Le premier est politique avec le CNSP qui doit rester cohérent avec lui-même dans sa volonté d’assainir le pays et refonder la politique et la République, pour prendre toutes les mesures susceptibles de rabattre les cartes politiques, avec une nouvelle classe politique peu compromise. Il s’agit ainsi d’annoncer des signaux importants, dissuasifs et éminemment pédagogiques pour contraindre les acteurs nouveaux à savoir se comporter plus dignement et correctement en politique, car la politique ne devrait plus être, dans ce pays, mensonges et traitrise, trahisons et lâchetés, vol et corruption.
L’autre niveau se situe à la Coldeff qui doit, en fonction des dossiers qu’elle a traités, dresser la liste des acteurs politiques compromis pour qu’au troisième niveau, la Justice s’en saisisse pour prendre les actes réglementaires qui disqualifient ceux que l’on aura trouvés dans la boue de l’avanie. Les révolutions ont des prix que l’on ne peut que consentir à payer pour atteindre les objectifs qu’on s’est fixés. Tout doit changer dans le pays et les Nigériens n’ont que faire de ce que quelqu’un ou autre paie pour ses forfaitures. Un confrère n’avait pas tort : quand on veut assainir, balayer et rendre propre un espace, on le débarrasse de toutes ses salissures, on ne sélectionne pas les ordures, car une ordure reste une ordure. Il faut que, dans ce pays, l’on revienne aux valeurs et que les hommes sachent se comporter pour ne pas discréditer la politique, et la démocratie avec. On le sait, c’est plus le comportement des hommes qui est mis en cause que les règles de la démocratie, appliquées selon les humeurs et les intérêts. Ainsi, on l’a vu dans ce pays ; la Constitution a beau dire qu’il faut organiser des élections anticipées, on s’arrange à créer un texte qui contredit la loi fondamentale pour s’en détourner et faire ce que l’on veut. Ces choses ne doivent plus revenir dans notre démocratie. Les lois étaient bonnes, les hommes non. C’est pourquoi de tels hommes ne doivent plus revenir. Ils doivent changer de métier pour trouver à faire autre chose. Une démocratie est régie par des règles et des lois ; elle ne peut être régentée par un homme qui pourrait d’ailleurs s’en servir pour venir au pouvoir et finalement se révéler à elle comme fossoyeur des libertés.
Cela, faut-il le préciser, ne concerne pas tous les acteurs politiques et tous les partis politiques de l’échiquier national. Il s’agit essentiellement d’acteurs qui, par leur gestion passée, trainent des casseroles bruyantes et Dieu sait qu’on en compte énormément sur le landerneau politique nigérien de la dernière décennie. Mais la salubrité ne doit pas concerner que les acteurs politiques, car il y a aussi à considérer tout l’environnement pour dissoudre des partis politiques qui n’en sont pas un, nombreux inutilement pour faire du désordre, du grand bruit, soutenir le faux et le mensonge pour se donner quelques places dans le confort du pouvoir. Ils ne défendent aucun idéal politique sinon que d’avoir ce larbinisme et ces servilités politiques qui leur permettent de s’assurer, de gagner leur pain. Ils sont les ventres mous de la politique, d’autres diront les ouvriers alimentaires, les coursiers d’un jeu politique malsain qui a détruit les démocraties sous nos tropiques.
Mairiga