Au lendemain des évènements du 26 juillet 2023, les Nigériens découvrent, effarés, ce qu’on leur tout le temps dissimulé sous Issoufou et Bazoum : le montant réel de la dette publique de l’Etat. Mais le…septembre 2023, l’abcès est crevé l’abcès : le Premier ministre, Ali Mahamane Lamine Zeine, révèle une dette monstrueuse de 5200 milliards de francs CFA, dont 2000 au titre de la seule dette intérieure. Une dette monstrueuse pour un pays qui n’arrive même pas à donner de l’eau potable à boire à de nombreuses populations et où l’éducation et la santé publiques battent de l’aile.
En 2010, les comptes publics étaient excédentaires avec des arriérés intérieurs quasi nuls, le solde du compte Niger à la BCEAO était créditeur. Le compte dépôt du Niger à la BCEAO qui était largement excédentaire avant l’arrivée au pouvoir de Guri s’est effondré à la mesure des marchés surfacturés et autres gaspillages des ressources publiques. En 2009 ce compte présentait un solde créditeur de 113 milliards de FCFA. A la fin 2011, la première année du Président Issoufou au pouvoir il n’avait qu’à 20 milliards de FCFA à la fin de l’année. Aujourd’hui, malgré le maquillage qu’ils veulent faire passer, ce compte est en débit réel. En juin 2015, ce compte n’était créditeur que 8,4 milliards de FCFA grâce au reliquat des prêts auprès des banques régionales.
La rapidité avec laquelle l’emprunt de 40 milliards de janvier a été émis, montre l’Etat catastrophique des comptes réels dans la banque centrale, et au trésor, ainsi que la prudence des partenaires à investir au Niger.
Donc en 2011 quand le PNDS et Issoufou arrivaient au pouvoir les bases d’une économie saine étaient là du fait des autres : la dette publique de l’Etat ne représentait que 19% du PIB, soit une augmentation de 2% seulement en 7 ans. Mais deux ans après en 2013, la dette passait à 27,1% du PIB et elle sera d’environ 51% en 2016. Oui, 51% du PIB, soit une augmentation de 34% en 5 années.
Jusqu’en 2009, le Niger était dans une phase d’endettement normal. Mais sur la période 2021-2015, le pays est entré dans une phase « surendettement », c’est le terme très diplomatique utilisé dans le rapport du Fonds monétaire international (FMI) en date du 15 novembre 2015 dans lequel le gouvernement nigérien contrairement aux années 2000 quémandait une foi de plus des dérogations. Cela veut dire que la moitié des ressources produites risquent d’aller vers le service de la dette et nous sommes à nouveau dans le cycle infernal où le pays s’endette uniquement pour payer la dette et combler les déficits.
Le 14 janvier 2016 le régime Issoufou émettait encore un emprunt de 40 milliards de FCFA auprès des banques commerciales de l’UEMOA pour débuter l’année budgétaire 2016 car les comptes sont dans le rouge. Pour combler ces déficits crées par sa mauvaise gestion et la réticence des bailleurs à financer les gaspillages (fin septembre 2015 la mobilisation des ressources externes dans le budget était de 26%), le régime actuel en panne d’imagination aggrave le surendettement via l’émission « d’obligation régionales » à un taux de 6,5%. En 2014, ils ont emprunté 93,3 milliards, puis 120 milliards en 2015, soit sur les deux années une dette cumulée de 213 milliards de FCFA auprès des banques de l’UEMOA dont 37 milliards auprès des banques présentes au Niger. En 2016, ils comptent emprunter encore 140 milliards de plus. L’opération du 14 janvier concerne les 40 milliards.
Le gaspillage et les détournements des ressources passent aussi par la mise en place d’une comptabilité opaque.
Quand ailleurs la gauche ou les socialistes luttent contre les paradis fiscaux, au Niger le Président va tranquillement aux iles caïmans pour acheter un Boeing d’occasion de 21 places à 20 milliards de FCFA alors qu’en 1978 déjà (il y a 38 ans) un régime des militaires qualifiés d’incultes par des gens de Guri avait eu la bonne idée d’aller directement acheter un avion neuf à l’usine et cette transaction est traçable dans les comptes publics. Question : qui peut dire de quel compte public les 20 milliards ont-ils été transférés au propriétaire de l’avion et aux intermédiaires lors de son achat en 2014 ? Pour répondre à cette question, il faudra éplucher les 2735 comptes publics que compte le Niger à la fin décembre de 2014. Ils étaient 1954 en 2012. Ces comptes sont à 84% logés à la Sonibank, la BIA-Niger (de Mangal et consort) et Bank of Africa . C’est une technique bien connue pour dissimuler les traces des transactions effectuées et les fuites de capitaux. Tenez-vous bien, il n’y avait pas encore de pétrole, la raffinerie était seulement en construction.