Issoufou Mahamadou, l’homme qui dribble la justice
Le mai 2023, le Mouvement M62, par le biais de son coordonnateur par intérim, Sanoussi Mahamane, saisit la Haute autorité de lutte contre la corruption et les infractions assimilés (Halcia) d’une dénonciation portant sur des indices de corruption contre Issoufou Mahamadou, ancien président de la République du Niger dans l’affaire « Uraniumgat ». Le 15 mai 2023, la Halcia déclare avoir classer sans suite ladite plainte au motif qu’elle n’eût mener des investigations sur des faits relevant de sa compétence lorsqu’une juridiction en est déjà saisie ». C’est, dit-elle, l’article 24, alinéa 4 de la loi n°2016-44 du 6 décembre 2016, portant création, missions, attributions, composition, organisation et fonctionnement qui le précise.
En septembre 2022, les organisations membres du M62 ont déclaré, lors d’une manifestation en justice de l’ancien président Issoufou Mahamadou pour haute trahison dans le cadre de la construction du chemin de fer ». Sans résultat.
Commencée en 2014, la construction du chemin de fer Niamey -Dosso, d’une longueur de 140 km, va connaitre son épilogue en juillet 2022 avec la résiliation du contrat liant le groupe Bolloré, bénéficiaire du marché, pourtant déjà accordé au groupe africare de l’ancien Premier ministre français, Alain Juppé. Un autre contentieux judiciaire dans lequel Issoufou Mahamadou a entrainé le Niger. Inauguré en 2016, sur fond de mise en scène incroyable digne du « vieux nègre et la médaille », l’ouvrage ne sera jamais utilisé en raison principalement de sa non-conformité aux normes techniques en vigueur. Une défaillance qui a été très tôt, rapporté à Issoufou Mahamadou qui a fait la sourde oreille pour ne pas mécontenter son ami Bolloré.
On peut dire qu’Issoufou Mahamadou est un rescapé de la justice ou du moins un justiciable hors portée de la justice. Déjà en novembre 2015, une trentaine de députés de l’opposition parlementaire avaient déposé une requête auprès du bureau du président de l’Assemblée nationale aux fins de le mettre en accusation pour haute trahison. Les auteurs de la requêtée reprochaient à l’intéressé, entre autres, la gestion opaque des ressources naturelles, l’affairisme dans la conduite de l’État ainsi que la violation répétée des libertés publiques. La procédure a été douchée par ses partisans du bureau sous la conduite de Daouda Mahamadou Marthe, qui ont argué qu’aucun texte ne prévoit que la conférence des présidents doit examiner une requête aux fins de mise en accusation du président de la République. Le président du groupe parlementaire du Moden Fa Lumana Africa , Saidou Bakary, paiera cher cette initiative qu’il a conduite. Arrêté et incarcéré pour un délit dont une enquête de Gendarmerie commanditée par le Parquet, l’a totalement blanchi, Saidou Bakary croupira en prison, pendant cinq longues années.
Aujourd’hui, encore, sous le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (Cnsp), les Nigériens constatent, l’amertume au cœur, qu’Issoufou Mahamadou est plus libre que tout autre Nigérien et que même l’affaire des 1000 milliards d’Eximbank de chine n’a pas suffi de le poursuivre. Comme quoi certains faits indiquent clairement la nature de la gouvernance qui a cours au Niger .