De la révolte à la guerre de l’information
Pendant longtemps, l’occident, en général, et la France en particulier, avaient contrôlé toutes nos politiques, imposant tous les projets de développement, selon leur agenda, et dans le mépris royal de nos besoins. Mais, ce n’est pas que nos programmes de développement qui sont pensés hors de chez nous. Notre économie est téléguidée parce qu’à ce niveau également, nous n’avons aucun pouvoir de décision pour faire des choix stratégiques, et surtout que sur un tel plan, pire, la gestion de notre monnaie nous échappe.
Aujourd’hui, les enjeux liés à la lutte contre le terrorisme, qui remet au goût du jour notre emprise sur notre souveraineté, a permis de comprendre l’impératif catégorique que nous avons à prendre nos responsabilités et à assumer, quoi qu’il en coûte, notre souveraineté que nous n’avons plus à avoir peur de porter fièrement. Ces enjeux, le Sahel qui a, à travers l’AES, fait de grands choix, les a très bien compris pour décider de certaines mesures qui l’affranchissent de l’ornière occidentale à laquelle il n’entend plus se plier chaque fois qu’il s’agit de prendre de grandes décisions devant modifier, largement, la vie des Sahéliennes et des Sahéliens. Après la mise en place d’un Etat-major commun pour combattre et vaincre le terrorisme, l’on a assisté à la création de la confédération des Etats du Sahel, à l’adoption de nombreux textes qui renforcent le cadre de sa gouvernance et de la coopération entre ses trois Etats. Dans les projets attendus, l’on a parlé d’une banque d’investissement, d’un passeport biométrique commun pour la libre circulation et l’identité AES qui devra s’affirmer à travers le monde, toutes choses que la CEDEAO n’aura pas été capable de porter, engluée dans ses projets au futur indéfini.
Mieux, l’Alliance des Etats du Sahel a compris également l’importance de la communication pour décider de mettre en place une politique qui lui permet, au moyen de différentes actions, de prendre sa place sur le front de la guerre informationnelle afin de contrecarrer la puissance des médias occidentaux, une ambition tout à fait raisonnable au regard des urgences et des enjeux du moment. Dans son allocution à l’adresse des populations de l’AES, à l’occasion de l’an 1 de la création de l’Alliance, le Colonel Assimi Goïta a évoqué la création d’une chaine de télévision pour aider à construire le propre narratif de l’AES et pouvoir nourrir les trois peuples d’informations crédibles pouvant aider à renforcer la cohésion au sein des communautés de l’AES et des équipes qui gouvernent les trois entités. C’est d’ailleurs pour les mettre à l’abri de l’intoxication de ces médias friands de scoops et de sensationnel pour ne voir jamais ce qui se fait dans le pays de merveilleux, ne voulant parler en évoquant le continent noir que de sécheresse, de maladies, de famines, de guerres, de misère, de malédictions diverses. Les populations de l’AES ont ainsi appris à se passer des médias français – France 24 et Rfi – qui ont, pendant de longues décennies, détruit les consciences africaines en leur donnant des informations qui ne peuvent leur permettre d’avoir confiance en eux-mêmes, de croire en leur potentiel créatif.
Dans cet objectif, d’autres acteurs, activistes des réseaux sociaux, ont aidé les trois régimes dans la communication autour de leurs actions et de leurs visions pour un Sahel nouveau, une Afrique nouvelle débarrassée de tout complexe. Au niveau international, Franklin Nyamsi, Nathalie Yamb et Kémi Séba, infatigables, sont restés comme des sentinelles, constamment présents sur les réseaux sociaux où leurs publications sont relayées, diffusées à travers le monde avec toute la célérité d’Internet. Dans le pays, d’autres acteurs, et non des moindres, ont joué leur partition pour accompagner les transitions dans la gouvernance, alertant sur toute menace potentielle et interpellant sur les insuffisances de la gouvernance afin de rectifier le tir.
Les trois Etats en conflit avec la France qui a tenté de mobiliser tout l’occident contre des Etats indépendants ont alors compris l’importance d’avoir un contrôle effectif de l’information de et par l’AES. Pour chercher la bonne information, les populations n’auront plus besoin d’aller sur des chaines internationales qui ont vocation de détourner les opinions africaines en leur servant de l’information manipulée, polluée. On comprend que, parlant de la lutte héroïque de nos armées contre le terrorisme, ces médias ne parlent que de victimes civiles et militaires, ne voyant jamais les victoires de nos soldats, jamais des succès de nos soldats, parlant invariablement de ‘’plus d’attaques depuis que venaient au pouvoir les militaires’’ comme pour faire entendre qu’ils ne résoudraient pas le problème qui leur permettait de justifier leur irruption sur la scène politique. Personne ne devra venir parler de nous, en notre nom, même lorsqu’il peut s’affubler du titre pompeux et dérisoire de spécialiste de telle ou telle partie du continent. Ces gens ne connaissent rien à nos réalités et ils sont pour beaucoup dans le drame de la France qu’ils ont trompée au sujet du continent, lui servant des analyses peu sérieuses qui ne peuvent lui permettre de se fonder sur des connaissances pertinentes pouvant l’aider à mieux penser la gestion de sa relation avec l’Afrique. En parlant d’ethnies, de « démocratiquement élus », quand elle peut savoir que rien n’est aussi faux que de telles déclarations, la France s’est trompée et, ainsi, perdait-elle l’Afrique qu’elle n’a plus de chance de récupérer alors que tous les pays reviennent, jouant leurs intérêts avec les pays de l’AES, n’ayant que faire de ce qu’une France en retard sur la compréhension de la marche du monde pourrait vouloir imposer. La souveraineté vaut pour tous les Etats pour vivre dans le respect de leur dignité reconnue.
Aujourd’hui, les pays de l’AES ont compris l’urgence d’investir dans l’information dont la force est capitale à modifier les comportements, à impacter les relations.
C’est pour arracher la gestion de notre information, celle qui nous parle et parle de nous, que l’AES a décidé de la création d’une chaîne TV pour diffuser à partir des sources de l’AES, l’information réelle du Sahel, loin de toute manipulation, comme celle qui a cours sur les médias occidentaux depuis des décennies qu’ils diffusent des nouvelles qui servent l’impérialisme pour mieux asseoir son hégémonie. Déjà, avant que ne se mette en place la nouvelle Web TV, l’on a constaté un journal AES que les trois télévisions diffusent après chaque journal du soir afin de partager sur l’espace AES les informations-phares qui concernent les préoccupations au Sahel. Chez nous, au Niger, l’on aura constaté ainsi que l’ont dit certains internautes, la RTN, la Radio et Télévision du Niger, était devenue, depuis les événements du 26 juillet, la star du moment, elle qui était boudée par les Nigériens depuis qu’elle ne servait que de média de propagande entièrement au service du régime défunt, diffusant des informations maquillées, sinon tronquées. Mais, depuis que venaient au pouvoir les militaires, l’on aura remarqué que la première et crédible information avant d’aller sur les télévisions privées qui ont profité de la caporalisation des médias d’Etat pour bâtir leur aura, venait de la chaine nationale, étatique qui, depuis que le vent tournait, décidait de servir le peuple avec une information vraie, crédible, à chaud.
C’est ça la refondation informationnelle.