Quand les ministres se déplacent hors du pays sans les acteurs économiques
Gouverner, c’est prévenir. C’est voir loin. Gouverner, c’est développer un certain nombre de stratégies qui permettent de converger toutes ses actions vers l’atteinte d’objectifs pertinemment fixés afin de réaliser les desseins nobles qu’on se serait indiqués pour transformer la société. C’est pourquoi la gestion de la relation avec l’extérieur, et notamment avec des partenaires, est assez importante à insuffler des dynamiques gouvernementales qui donnent plus de lisibilité et de visibilité à un régime. Dans le domaine économique, pour un pays comme le Niger, en proie à différents défis, dans le martyr de l’isolement que complique sa continentalité, cette préoccupation de s’ouvrir au monde reste pressante. Il est aujourd’hui indispensable de s’ouvrir au monde, d’avoir à commercer avec les autres, de marcher dans le monde, avec le monde. C’est un besoin. C’est une chance aussi. Quand c’est dans son environnement immédiat qu’il faut affiner ces relations, cela donne des opportunités pour les échanges et pour la communion des peuples.
C’est pourquoi l’on ne peut que déplorer qu’au Niger, quand les ministres, notamment
le Premier ministre et le ministre du commerce, voyagent, très souvent ils ne sont pas accompagnés d’acteurs économiques qui peuvent, par leurs faveurs, rencontrer, échanger, ouvrir des créneaux, réseaux de partenariat avec des opérateurs des pays visités. C’est des pratiques que l’on avait en d’autres temps dans le pays pour mettre le pied à l’étrier à certains acteurs, non parce qu’ils seraient du clan ou du parti, mais parce qu’ils sont des opérateurs sérieux, des gens qui ont le sens des affaires pour se servir de leur leadership économique à profiter de nouveaux partenariats et de nouvelles expertises et de technologies innovantes pouvant transformer l’économie du pays. Ces synergies sont absolument indispensables avec tous les pays du monde et surtout avec les Etats de l’AES avec lesquels, dans la perspective de la construction d’une fédération qui montrera la voie aux Africains, l’on réussira à jeter les bases d’une vraie intégration et d’un réel décollage économique qui permettront de changer énormément de choses dans l’environnement économique, politique, géopolitique, industriel, culturel et artistique.
Ces bonnes pratiques doivent donc revenir pour permettre de relancer les activités économiques dans le pays. Il ne faut pas se leurrer ; la Banque Mondiale a beau avoir des prédictions optimistes pour le pays pour entrevoir pour l’année qui vient des perspectives heureuses et notamment une croissance appréciable pour l’économie, il reste que si l’économie n’est pas dynamique avec de l’argent qui circule et des niveaux de vie et des pouvoirs d’achat qui s’améliorent, l’on ne peut lire les progrès que dans des statistiques, et donc des chiffres, la réalité devant demeurer cruelle, et souvent, hélas, intenable. C’est pourquoi, en plus de cela, le gouvernement doit être regardant vis-à-vis de la dette intérieure qui, presque gelée, a privé des acteurs économiques de ressources importantes à fructifier leurs affaires, sinon à les préserver et à la continuer, ce qui, faut-il en convenir, complique la vie et les affaires aux opérateurs de l’environnement économique nigérien.
Ces Nigériens qui ont tellement soutenu, acceptant courageusement d’endurer bien de privations, comprenant la situation qui leur a été imposée, l’acceptant sans sourciller mais souvent doutant depuis quelques semaines de la bonne direction de la transition, ont aujourd’hui besoin d’être rassurés et de croire que le changement est possible, que l’ armée reste patriote, demeurant au seul service de la nation, pour provoquer les changements souhaités dans un pays qui joue aujourd’hui son destin, son avenir. Le gouvernement doit faire l’effort d’éponger la dette intérieure afin de permettre aux opérateurs économiques d’insuffler, à l’économie nationale traversée par le marasme, un souffle nouveau qui pourra permettre à l’argent de retrouver ces circuits normaux et pouvoir ainsi soulager des populations durement éprouvées par les affres de l’isolement et des sanctions assumées. Les populations souffrent. Elles ont accepté cette situation tant que ce sera pour la bonne cause. Elles veulent croire qu’elles ne se sont pas trompées de choix.
Les attentes des populations et des opérateurs économiques, de ce point de vue, sont énormes, la vérité étant que si cette situation devrait perdurer, elle pourrait ne pas être tenable surtout quand, dans le même moment, l’on ne peut pas sentir la question de justice tenue à bras le corps pour rassurer des Nigériens qui ont soif de justice que le Niger va changer et qu’il n’est plus d’ailleurs le même.