La sagesse doit appeler à la réconciliation et au pardon des frères d’arme
L’armée nigérienne est une grande armée. Elle a toujours été de celles qui, du continent, étaient les mieux respectées et les plus craintes. C’était une armée rigoureuse qui s’imposait depuis la formation à la mythique place de Tondibia où on lui reconnaissait tout le sérieux que les formateurs mettaient pour sortir de là des soldats téméraires, engagés, conscients du sacrifice qu’ils doivent consentir chaque fois que la situation l’exige pour défendre la patrie. Mais, il est dommage que la démocratie, venant, cette armée ait été traversée souvent par les partis politiques, alors même que construisant les différentes constitutions du pays, il est clairement dit que cette Institution est apolitique et qu’elle serait au service exclusif de la République, ne pouvant servir aucun intérêt particulariste. Mais, voilà, le bilan est là, devant nous, inquiétant. L’armée aussi, avouons-le, vit des malaises depuis des années. Cependant, ceux-ci ne sont pas insurmontables. Pour certains observateurs, elle n’a jamais été aussi divisée qu’en ces dernières années où souvent, par le fait du PNDS, des bus, pour des manifestations partisanes, partaient chercher des militants dans les casernes. On ne l’avait jamais vu depuis que la démocratie arrivait ; tous les dirigeants depuis 1993, ayant fait attention au principe de neutralité de ceux qu’on désignait sous le vocable de « grande muette ». Certains officiers auraient même, sous cette ère, été menacés s’ils ne suivaient pas.
Aujourd’hui, face aux défis, face à certaines fragilités, de la même manière que l’on peut espérer une réconciliation entre les filles et les fils du Niger, et pouvoir apaiser certaines tensions, il est souhaitable que le CNSP comprenne l’importance d’une telle action au sein même de l’armée traversée par quelques malaises, depuis l’ancien régime, et pouvoir amener les frères d’arme à fumer le calumet de la paix. Ils gagneraient mieux à s’entendre, à jeter leurs rancœurs, et leurs rancunes et pouvoir reconstituer l’unité d’antan des FAN, un mot qui sonne encore fort dans les esprits des Nigériens et leur permettre, ce faisant, de retrouver leur force, la puissance par laquelle elles étaient redoutées dans la sous-région. N’est-ce pas d’ailleurs pour cette raison que, lorsque la CEDEAO décidait de porter une guerre contre le Niger, certaines armées de la sous-région se sont effrayées d’une telle entreprise, leurs populations les appelant même sur les réseaux sociaux à se méfier d’une telle aventure ? Elles, connaissent bien la valeur l’armée nigérienne. L’armée doit donc préserver ce capital de sa bonne réputation.
Les Nigériens sont des hommes de foi et savent pardonner. Il y a aujourd’hui des officiers sages dans notre armée, des ulémas crédibles et mêmes d’anciens officiers à la retraite qui peuvent savoir l’importance d’une telle entreprise pour aider les nouvelles autorités à rapprocher les opinions, à aider à la réconciliation, même quand souvent, les « plaies des cœurs blessés » peuvent être grandes et béantes. Libérer des détenus militaires et se parler, se pardonner pour que l’armée retrouve ses forces et pour que le Niger avance, sont un autre défi pour le CNSP qui est venu pour refonder la République qui a accumulé trop de blessures et de douleurs.
Les Nigériens doivent être des enfants d’une même nation. Ils doivent apprendre ou réapprendre à s’aimer, à se pardonner, à marcher ensemble pour défendre la patrie. C’est une nécessité historique, une urgence politique. Et, c’est possible quand on sait la grandeur des hommes qui dirigent le Niger, venant le préserver de toute déchirure. Les Nigériens qui se sont engagés pour soutenir le CNSP voudraient voir cette ferveur s’emparer de l’armée qui peut ainsi donner l’exemple en son sein afin de mieux pousser le peuple à suivre le même élan de pardon et de réconciliation.
C’est un rêve. C’est une attente.
Alpha