Par Mairiga
Le Justice nigérienne, comme toute l’administration nigérienne, est malade. Ayant perdu de sa crédibilité par le comportement de certains de ses hommes qui ont prêté le flanc au politique qui les a utilisés à salir leur robe et à porter le discrédit sur un corps respectable, la Justice nigérienne qui a, jusqu’à une certaine période, joué pleinement son rôle en laissant au pays certains beaux souvenirs comme celui de Dame Bazèye, aujourd’hui, fait douter d’elle. Le pire est venu avec la Renaissance et le PNDS qui ont porté la politique, après l’école en particulier et l’administration en général, jusque dans les casernes et dans la Justice minées elles-aussi par le politique. Les récriminations que peut faire Me. Lirwana Abdourahamane en disent long sur les malaises qui traversent le corps judiciaire nigérien miné par des clanismes et autres considérations politiciennes qui jouent dans la promotion des juges. Nous perdions toutes nos valeurs au point de ne plus savoir ce que nous devenions. Certains juges oubliaient jusqu’à l’intégrité qui fonde l’essentialité liée à leur métier.
Ayant résisté au pluralisme syndical, après le secteur de la santé qui a fini par céder aussi, l’on annonce aujourd’hui que le SAMAN ne sera plus le « syndicat unique » ou « autonome » des magistrats avec la naissance d’un nouveau syndicat qui viendra acter le multi-syndicalisme dans le domaine de la Justice. Pourtant, l’on sait que le SAMAN, depuis des années, a joué un rôle important dans le secteur, et notamment dans ce qui consacre l’indépendance de la Justice. Les Nigériens gardent de bons souvenirs de ce que fut ce syndicat avec des déclarations courageuses en des moments importants de l’Histoire du pays même si, les dernières années, avec les problèmes de Justice que l’on a connus, ce syndicat était peu visible et avait amené à douter de lui.
Quel vide laissé par le SAMAN peut venir combler le nouveau syndicat des magistrats en gestation ? C’est sur la page officielle de l’activiste Bana Ibrahim que l’on apprend la naissance d’un « second syndicat dans le monde des magistrats ». Un communiqué qui y est publié annonce qu’ « Un groupe de magistrats, soucieux des enjeux de cette ère de souveraineté et de la soif de justice du peuple nigérien, a l’honneur de vous informer de la création d’un nouveau syndicat des magistrats dénommé ʺUnion des Magistrats du Niger-UMANʺ, le 10 décembre 2023.
On apprend, en sus, que « Ce syndicat, au-delà de la défense des intérêts matériels et moraux de ses membres, vise à sauvegarder la justice de tant de maux qui la minent et ainsi redorer son image par le travail bien fait ».
Réhabiliter la corporation
On aura compris que c’est partant aussi d’un certain constat peu reluisant de la Robe que se créait le nouveau syndicat. Il s’agit donc, ainsi que le note le communiqué diffusé par le Bureau Provisoire, « Fort d’une trentaine de membres, [que] l’UMAN appelle tout magistrat nigérien convaincu de la nécessité de redorer l’image de la justice par ses propres acteurs que sont les magistrats, de le rejoindre dans ce combat noble ». Faire le choix de l’UMAN c’est la vérité, la Justice, la brillance des carrières, pour la beauté retrouvée des robes ternies.
Pour une démocratie plus stable, une société avec moins de crise, pour une société plus confiante, il faut que la Justice soit refondée pour être fondamentalement libre, pour le service exclusif de la société. Il faut pour cela en faire un pouvoir détaché de tout autre pouvoir afin qu’elle puisse exercer pleinement son indépendance pour assurer une justice véritable dans le pays. Ainsi, le Juge trouvera l’honneur attaché à sa robe, le respect dû à sa science, au Droit.
En tenant sur une telle ligne, il va sans dire que le nouveau syndicat qui pourra alors dénoncer les travers et les pratiques malsaines observées dans le système, se rendra crédible et comptera sur le soutien infaillible des Nigériens qui ont tant soif de justice.