Il n’y a pas que la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ou du moins la France et ses sbires africains qui ont été assommés par la décision concertée du Burkina Faso du Mali et du Niger de se retirer de cette institution devenue la chose d’Emmanuel Macron. Chez nous, l’annonce a eu l’effet d’un coup de massue sur les têtes brulées de la DCTR de Sidibé Issoufou et d’autres militants actifs de négociation avec l’instrument de la France. Un coup de massue qui a manifestement douché l’ardeur des corbeaux qui, sans vergogne, se sont affublés de plumes blanches pour se faire prendre pour des colombes.
Le Burkina Faso, le Mali et le Niger se sont retirés de la CEDEAO sans délai, confirmant, dès le lendemain, leur déclaration concertée par les lettres de notification requises. C’est une décision qui traduit un fait : si la guerre est loin d’être gagnée, elle est en passe de l’être. Il reste une dernière bataille, l’ultime par laquelle les trois États du Sahel vont acquérir leur billet de souveraineté. Cette bataille, celle -ci est cruciale, déterminante. Il faut la faire en sachant que ses effets et ses conséquences ne peuvent pas être pires que l’esclavage monétaire que vivent nos pays depuis plus de six décennies. Pour mémoire, voici pourquoi :
« Quand nous vendons n’importe quoi à un autre pays, la France a 90%. A partir de 2007, la France a ramené ça à 50% pour l’AOF [Afrique occidentale centrale française] mais pour l’Afrique centrale et Djibouti, c’est à la date d’aujourd’hui encore, 90% pour la France. Ce n’est pas tout ! Dans les 50% revenant aux pays de l’AOF et les 10% d’Afrique centrale et Djibouti, la France prélève 19% de TVA [Taxe sur la valeur ajoutée], 5, 3% de frais de convertibilité, 2, 7% de droit de tirage …La France prélève 27% à 37%. Et nous recevons le reste, au minimum 15 jours après, selon le système SWIFT.
La France a fixé un plafond dans nos trésors. Quand l’argent arrive à ce se seuil, le surplus doit être déposé à Paris. On note sur une feuille que votre pays a tel montant en dépôt à Paris. Votre pays ne peut retirer que 15% de son dépôt chaque année et seulement sur présentation d’un rapport financier et sur approbation du président français. Ces dépôts sont placés dans la banque de Paris. A la fin de l’année, la France prend les intérêts générés et vient donner des crédits avec intérêts de minimum 20% /an à nos pays sous forme de financement de projets dont les gros équipements, la main d’œuvre qualifiée et la gestion de cet argent reviennent à la France.
Nous n’aurons aucune souveraineté tant que nous n’aurons pas notre propre monnaie imprimée chez nous ».
Aucune pression, aucune situation ne peut être pire que celle que nos pays et nos peuples endurent depuis plus de six décennies. La sources et l’instrument, c’est le franc CFA. S’il est défait, c’est le prédateur qui s’écroule de tout son poids. Si nous courbons l’échine, l’esclavage se poursuivra et nous continuerons toujours à exister et à travailler pour la prospérité de la France. Car, dans cette guerre qu’on nous impose, il n’y a que deux protagonistes : d’une part, la France néocoloniale et ses valets locaux; d’autres part, le Niger, le Mali et le Burkina Faso et leurs peuples épris de souveraineté. Notre salut, bien entendu, réside dans une lutte sans merci contre la France et ses valets locaux pour arracher notre souveraineté totale qui passe nécessairement par un affranchissement monétaire vis-à-vis de la France.
Le franc CFA est une monnaie de servitude et il n’y a pas lieu, après tous les éclairages des experts africains et même occidentaux, d’en douter. C’est là que réside la véritable souveraineté de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Si vous réussissez à relever ce défi, je veux dire à mettre fin à cette servitude humiliante du CFA dans laquelle Alassane Dramane Ouattara de Cote d’Ivoire, Macky Sall du Sénégal et Patrice Talon du Bénin, entre autres, s’acharnent à nous maintenir, l’Histoire des peuples d’Afrique retiendra vos noms comme ceux de l’indépendance véritable de nos États.
En attendant, vous avez cloué le bec à ces corbeaux qui, hier encore, croassaient sans cesse, faisant régner, par leurs cris lugubres, la peur et l’angoisse morbide sur le pays. Désormais, ils sont sans pendant extérieur et c’est déjà un début de victoire du Niger sur les forces occultes qui pourraient nous ramener en arrière.