Il faut mettre fin à la pratique et à l’exportation de ce phénomène honteux qu’est la mendicité
C’est le cri de cœur de bien de nigériens : il faut arrêter ça, parlant de la mendicité. Ces nigériens, qui exportent la mendicité, exposant leur misère réelle ou feinte à la face du monde, ternissant à bien d’égards l’honneur et la dignité du Niger qui est aujourd’hui pleinement engagé dans le combat âpre de conquête de sa souveraineté, font encore parler d’eux. Dans une lettre en date du 20 janvier 2025, adressée au ministre des Affaires Etrangères, de la Coopération et des Nigériens à l’Extérieur, le Chargé d’Affaires a.i de l’Ambassade du Niger à Abidjan informe la tutelle d’une ‘’rafle de mendiants nigériens’’ par les autorités ivoiriennes. Il s’agit de 124 ressortissants nigériens, parmi lesquels des personnes âgées, des femmes et des enfants, qui ont été ‘’raflés dans les communes d’Abidjan et débarqués à l’Ambassade sans aucune concertation préalable’’, apprend-on. 174 hommes, 18 femmes et 32 enfants composent le contingent. Les autorités ivoiriennes, déjà pas en odeur de sainteté avec celles nigériennes, n’ont rien voulu entendre lorsque l’Ambassade nigérienne les a saisies pour envisager certaines mesures d’assouplissement en attendant qu’elle se prépare à accueillir convenablement ces compatriotes. Ce n’est pas la première fois que des nigériens, pratiquant la mendicité ‘’transfrontalière’’ sont persécutés, pourchassés avant d’être refoulés par les pays d’accueil, excédés d’entretenir des familles entières, pour la plupart en bonne santé, pendant que leurs citoyens à eux s’échinent à longueur de journée, s’éreintent de travail au bureau, dans les champs et les mines, sur les carrières et les chantiers, pour gagner dignement, à la sueur de leurs fronts, au prix de mille efforts laborieux, leurs vies. Ce fut le cas de l’Algérie, la Lybie et de l’Arabie saoudite à plusieurs reprises ; le Sénégal, le Ghana, et tout récemment la Côte d’Ivoire, elle aussi plusieurs fois. C’est ce qui a amené le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie et le gouvernement, vu l’ampleur de la situation fort embarrassante, à mettre en place, en avril 2024, un Comité dont l’objectif est ‘’le rapatriement des nigériens en détresse à l’étranger’’. Un euphémisme pour désigner les nigériens pratiquant la mendicité à l’extérieur et expulsés. A Niamey, la capitale, infestée de mendiants qui agressent systématiquement les passants, le Gouverneur de la région a décidé de les chasser de la capitale et de les interdire d’y revenir. Mais, quelques jours seulement après, les mêmes mendiants, avec épouses, enfants et guides, écument de plus bel les rues de la capitale, pratiquant leur activité jusque dans les bureaux. Pourtant, le Général de Brigade Assoumane Abdou Harouna avait promis de ‘’sévir avec fermeté’’, lorsqu’il faisant l’annonce le 12 aout 2024. Le plus grave dans cette pratique qui ne se justifie pas pour la plupart d’entre ceux qui s’y adonnent, est l’utilisation des enfants pour mendier, les exposant ainsi à tous les périls et toutes les tentations, puisque la société qui se prive elle-même de bras valides pour sa construction, leurs parents, leurs employeurs dont certains sont connus de tous, ne semblent leur apprendre que des contre-valeurs : la recherche du gain facile, la paresse, la fuite de l’effort et le refus du travail. Au vu et au su de tout le monde : les parents, les gouvernants, les leaders religieux et coutumiers, les associations, les juges, etc. Tout ce beau monde regarde avec un œil complice les enfants de ce pays s’égarer, se perdre, et se détruire. Quel type de société voudra-t-on bâtir demain ? Telle est la question. D’ailleurs, selon certaines sources, la mendicité, en plus d’être exportée, considérée comme une source de revenus et de devises, s’industrialise de plus en plus. Elle serait organisée et financée pour générer des bénéfices aux bailleurs de cette ignominie, ceux-là mêmes qui paient pour ces mendiants professionnels les billets de bus et même d’avion remboursables avec intérêt. Aux dires de certains observateurs, si l’on soustrait de ces mendiants ceux qui sont vraiment dans la nécessité et qui ne peuvent autrement, il n’en reste pas beaucoup. Au demeurant, aucune religion ne tolère la mendicité, surtout à une échelle aussi vertigineuse telle que pratiquée au Niger, par les nigériens. De sorte que la première des choses qui frappent l’étranger qui débarque au Niger pour la première fois est l’ampleur de la mendicité. Comme une marque de fabrique du pays. Il faut mettre fin à cette pratique et amener chacun à assumer sa responsabilité, à commencer par les familles et l’Etat. Aucune société ne peut se développer dans la mendicité.
Bisso