La grande débandade dans les rangs du régime défunt
Alpha
S’il y a un point sur lequel les Nigériens restent intransigeants pour espérer de la part du CNSP et de son gouvernement un traitement impartial, c’est bien la question de l’impunité que le PNDS, pendant ses douze dernières années, avait instituée, ne pouvant jamais, malgré les nombreuses dénonciations et même des sorties du SAMAN de l’époque, donner une suite judiciaire à un seul des dossiers qui ont été révélés à l’opinion et par rapport auxquels l’on avait des indices probants et compromettants. On a beau crier, on a beau alerter la Halcia, on a beau écrire, on a beau soumettre des plaintes et même saisir le parlement, le régime avait toujours trouvé le moyen de contourner les procédures, et de légaliser l’illégalité dans un pays qui était devenu la « chose » du PNDS qui en fait ce qu’il veut, n’ayant que faire des convenances et du respect des lois de la République qui ne valent que pour les autres. Le nouveau régime militaire dit bien tenir à ce que toute la lumière soit faite autour de tous les dossiers. Le Général de Brigade Abdourahamane Tiani a même promis qu’il ne protègera personne, même quand d’autres, derrière certaines autorités, cherchent de l’ombre sans doute pour échapper aux coups de vent qui commencent à souffler sur le pays depuis que, en grande pompe, le CNSP, installait la Coldeff ; un événement que les Nigériens n’ont pas manqué de saluer pour la dynamique que le pays venait d’amorcer depuis juillet 2023.
Mais voici des jours, voire des semaines, que la Coldeff et des nouvelles autorités qui ont jugé de la pertinence de la création de cette institution dans le contexte qui est le nôtre aujourd’hui sont attendues avec impatience. Il est donc inacceptable que ceux qui ont volé l’Etat, continuent à conserver des fortunes colossales et illégales amassées pour narguer les Nigériens. Il est donc impérieux qu’ils rendent à l’Etat ce qu’ils lui ont injustement pris pour leur confort égoïste au détriment d’un pays spolié et ruiné. La politique, peut-elle continuer à être ce raccourci qui permette à une minorité de s’enrichir impunément et surtout souvent, de profiter à des gens qui ne font rien sinon que de tricher, sans aucun effort ou mérite reconnu que d’être du clan, et donc du bon côté ?
C’était depuis le premier mandat d’Issoufou que les Nigériens avaient décrié des pratiques et dénoncé des malversations, des faits d’enrichissements illicites notamment avec ces bâtiments insolents qui poussaient dans la capitale et dans le pays, sans visages reconnus qui les posséderaient. Quand on considère le haut standing de ces bâtiments, on comprend que personne ne puisse revendiquer de tels patrimoines que rien ne peut justifier chez ces Nigériens de cette nouvelle génération, venant tous du peuple, et même du petit peuple. La Coldeff ne doit pas décevoir et, pour cela, elle doit mener un travail de qualité qui doit à la fois être impartial et total pour n’épargner personne. Elle doit alors mettre des visages sur ces nombreuses sociétés-écrans, sur ces prête-noms derrière lesquels se cachent des fortunés qui ont abusé de leurs positions pour prendre avec l’Etat ce qu’ils ne devraient pas prendre parce qu’il ne peut jamais leur appartenir. En attendant que la Coldeff, par elle-même, vienne communiquer pour informer l’opinion, l’on apprend chez certains lanceurs d’alerte qu’il y en a qui ont, depuis des jours, des soucis avec la police où ils défilent pour répondre de choses les concernant mais pas trop claires et, sur lesquelles, la justice voudrait avoir des lumières.
Selon une publication de l’activiste Bana Ibrahim, l’on apprend que « L’ancien patron du Parc Automobile de la Présidence […] durant 13 ans [serait] actuellement dans les murs de la PJ et ce depuis quelques jours ». Il ajoute que « Plusieurs cadres du régime déchu défilent devant l’unité d’enquête de la Police Nationale dont EKA, le cousin de l’ancien Premier Ministre Ouhoumoudou », l’exilé des bords de la Seine, aujourd’hui recalé, quelque part à Abuja, sans domicile fixe. Et non sans ironie et sarcasme, il finit par conclure son post en disant que « Les grands garages partenaires du Garage de la Présidence sont dans ʺAicha trembléʺ ». A chaque chose son temps. Il en est ainsi des choses de la vie. Et Feu Bonkano, philosophe à ses temps perdus, n’avait pas tort : « Un jour on est le chasseur, un autre on est la biche ».
Autant dire que beaucoup de gens ne dorment plus bien. Ils savent qu’ils n’ont pas fait le bien et savent de quoi ils pourraient répondre depuis que l’ancien régime n’est plus en place pour les exonérer de probables poursuites judiciaires qu’ils auront du reste, méritées. La peur adû changer de camp et c’est la grande débandade dans les rangs du régime défunt qui n’a jamais cru qu’il puisse arriver un temps où ses hommes pouvaient être si vulnérables à aller répondre alors qu’en d’autres temps, ils n’avaient que du mépris pour des convocations de juges. Le pays est en train de changer pour devenir normal. Les Nigériens ne demandent pas mieux qu’il y ait justice dans le pays afin que personne ne soit un intouchable. L’on sait d’ailleurs qu’en fouillant davantage, l’on se rendra compte que beaucoup d’autres véhicules qui ont fini par passer dans les mains de certains agents et responsables de l’administration, ne l’ont été que par des procédures discutables de réforme et de mise en vente aux enchères sciemment organisée pour céder dans des conditions opaques des véhicules qui ne sont pas pour autant, et dans bien de cas, les épaves qu’on prétendait.
Les stratégies de vol ayant permis au peuple de la Renaissance de s’enrichir étaient nombreuses et l’heure est venue de les mettre à nu pour exposer toute la laideur de cette gouvernance désastreuse que le parti d’Issoufou Mahamadou, de Bazoum Mohamed et de Pierre Foumakoye Gado mettait en place pour enrichir la camarilla rose.
Il n’y a rien à faire, car bien de fortunes pour les Nigériens que l’on connait, ne sont pas justifiables. Il faut que les Nigériens sachent par exemple dans quelles conditions ces espaces occupés par l’administration publique avaient été cédés à des privés étrangers, notamment la place de la Direction Générale de la Douane occupée aujourd’hui par l’Hôtel Radisson Blu, l’espace des Cases Allemandes occupé aussi par un Hôtel, Bravia, etc. Il faut savoir comment, alors que les textes le lui interdisent, Issoufou Mahamadou s’était débrouillé à mettre dans son escarcelle un domaine qui appartenait à une société d’Etat à Tahoua, la SNTN. A qui peuvent appartenir ces châteaux en bordure du fleuve sur la route de Goudel ? Qui est en train de construire, tous ces nombreux bâtiments dans la ville, poussant, sous la Renaissance, l’Etat à les louer?
Grands dossiers…
La Coldeff n’oubliera pas le dossier sulfureux de l’Uranium-Gate, le dossier de la gestion de la sécurité, du riz pakistanais et de la CAIMA.
Déjà, on n’oubliera pas que le sieur Hassoumi Massaoudou, aujourd’hui en exil, aura joué un rôle important dans la transaction alors qu’il n’était que Directeur de cabinet du président de la République et que rien ne peut l’obliger à être dans une telle transaction qui ne concerne aucune de ses prérogatives et ses fonctions. Pourquoi s’invitait-il dans la mafia ? Son patron, Issoufou Mahamadou, alias T3, épinglé par les justices belge, américaine et française, même président, n’a pas le droit à se mêler de telles transactions quand il ne peut pas laisser les responsables du domaine jouer leurs rôles. On comprend pourquoi le ministre de l’époque, Omar Hamidou dit Ladan Tchana, avait été tenu à l’écart de ces manœuvres douteuses et mafieuses. Si des justices de pays étrangers cherchent à comprendre, rien ne peut empêcher au Niger qui est spolié de chercher à voir clair dans un dossier que l’on a étouffé pour empêcher que la vérité éclate. Quant au deuxième dossier, c’est même un devoir moral pour l’armée de le fouiller pour comprendre comment des hommes politiques, par cupidité et égoïsme, avaient sacrifié les soldats nigériens pour s’enrichir sur des centaines de cadavres de nos braves soldats sacrifiés et de Nigériens morts sans comprendre les raisons de ce qui leur arrivait. Personne ne devra aller se cacher derrière un autre pour croire que la Justice pourrait ne pas l’atteindre. Tous les Nigériens sont égaux devant la loi. C’est un principe. Et ça vaut pour tous. Forcément.
Le Général Tiani a prévenu que, lui, ne protégera personne. Qui donc le pourra ? Personne. C’est cela le nouveau Niger pour lequel, presque de manière prémonitoire, le SAMAN disait dans une déclaration, après avoir vainement appelé que le pouvoir de l’époque mette à la disposition de la Justice certains ministres : « Les hommes passent mais la Justice demeure ». Le temps lui donne raison. C’est Dieu qui est grand. Non les hommes !