Président de la République en principe non redevable des actes de gestion, Issoufou Mahamadou a profité de ce statut d’irresponsable devant l’Assemblée nationale pour faire le plein de sa besace. La question du parc automobile de la présidence pour laquelle l’ancien responsable, un certain Saïdou Madougou ainsi que d’autres cadres du régime déchu, ont séjourné chez les limiers de la police judiciaire, n’est qu’une goutte d’eau dans le vaste océan de scandales dans lesquels l’ombre d’Issoufou Mahamadou plane sur la gouvernance sous la 7e République. Si pour le parc automobile dilapidé comme partout ailleurs où la clientèle politique rose pouvait se servir, Issoufou Mahamadou peut se prévaloir de ne pas savoir comment est-il géré et qu’il ne pouvait, en tout état de cause, s’abaisser jusqu’à ce niveau, il ne peut évoquer la même défense dans d’autres dossiers plus explosifs. C’est notamment le cas dans l’achat de l’avion présidentiel qu’il a conduit exclusivement avec son directeur de Cabinet de l’époque, un certain Hassoumi Massoudou et du prêt d’Eximbank de Chine.
Acheté à 21 milliards, plus que le prix du neuf, l’aéronef qui sert aujourd’hui d’avion présidentiel est pourtant un vieil appareil qui avait près de 16 ans de vols commerciaux. La procédure d’achat ? Une opération rocambolesque menée de bout en bout par le directeur de Cabinet d’Issoufou dans un paradis fiscal, les îles Caïman. Alors que l’Assemblée nationale, sur demande du gouvernement, a voté, deux années de suite, une provision budgétaire de 20 millions à chaque fois, Issoufou Mahamadou a tout de même pris 35 millions d’Areva (quelques 17 milliards de francs CFA), actuelle Orano, pour le même usage que pour les provisions budgétaires. Tous ces montants vont aller dans une arrière-poche uniquement connue d’Issoufou et de son homme-lige, Hassoumi. La raison ? Selon les documents confidentiels de l’opération dont le Courrier a obtenu copies, l’appareil a été finalement à crédit, avec de très fortes rétro-commissions laissées aux intermédiaires.
Ayant concentré de nombreux projets et programmes à milliards à la présidence alors qu’il revient, en régime semi-présidentiel, au gouvernement d’élaborer et de mettre en œuvre la politique gouvernementale, Issoufou Mahamadou a également pêché par sa boulimie d’argent connue de tous ses collaborateurs. Ainsi va-t-il, dès 2012, mener des tractations avec Eximbank de Chine en vue de l’obtention d’un prêt de 1000 milliards au nom de l’État du Niger. Et à l’insu de son gouvernement et de l’Assemblée nationale dont il est pourtant tenu de requérir au préalable l’autorisation. Ces 1000 milliards, il est le seul à pouvoir dire au peuple nigérien ce qu’il en a fait. Outre ces projets et programmes qu’il a rattachés à la présidence sans aucune base légale, ces deux dossiers, estime un magistrat ayant requis l’anonymat, suffisent amplement pour le conduire derrière devant les juridictions . On ne parle encore de la gestion du pétrole qui, sur une décennie entière, est restée son affaire, pilotée dans la plus grande clandestinité, avec Pierre Foumakoye Gado, son ministre du Pétrole.
Laboukoye