Alors que la France a à faire face à quatre coups d’Etat qui s’opèrent dans ce qu’elle considère comme son espace d’influence, c’est finalement, sur le seul cas du Niger qu’elle mord avec ces dents féroces, déterminée à aller, au-delà de condamnations de principe et de gel de son aide non vitale par ailleurs au Niger, en guerre contre le Niger pour ne pas perdre ce pays où elle perdait son « employé » le plus servile, le plus engagé pour défendre sa cause et ses intérêts au Sahel. Emmanuel Macron et ses suppôts nigériens et de la CEDEAO ont juré que Bazoum sera réinstallé dans le fauteuil perdu ; les Nigériens et le CNSP ont juré que c’est à eux qu’il revient de décider pour leur pays, pas un autre, pas des individus qui, engraissés par l’Etat, souffrent de perdre leurs positions et leurs privilèges. A qui le dernier mot ? Les Nigériens et le CNSP sans doute !
Le jeudi 19 octobre 2023, il y a exactement une semaine, pendant que la vie semblait paisible, les Nigériens vaquant à leurs occupations habituelles, ceux qui ont en charge la gestion de l’Etat, en constante alerte sur les questions de sécurité, menaient un travail opiniâtre pour mettre en déroute et neutraliser des ennemis du pays.
Le récit fantastique d’une journée…
On se rappelle que c’est au petit matin que Mohamed Bazoum avait été renversé le 26 juillet 2023 , quand le monde dormait, et qu’il croyait encore à ses projets de voyage et de poses de première pierre, ici et là. Ceux qui voulaient organiser son évasion, venaient aussi la nuit, croyant pouvoir profiter des silences de la nuit pour surprendre le CNSP dans sa vigilance qui pouvait s’estomper en ces heures secrètes de la nuit, vers trois heures où il n’était pas encore le jour et, où, le monde oublieux de tout, dormait.
Entre professionnalisme et discrétion…
L’armée nigérienne, c’est connu, est l’une des meilleures, sinon diront d’autres observateurs, la meilleure de la sous-région et même du continent. Le système des socialistes nigériens, en arrivant au pouvoir en 2011, avait eu pour option de la déstructurer, sur des bases subjectives pour lesquelles, Bazoum, sur un média français, avait lui-même fait entendre, qu’il s’agissait, sans doute dans leur stratégie, de l’épurer de ce qu’il appelle, sans pudeur pour l’homme qu’il aspire à être pour diriger l’Etat, des « officiers
ethnicistes », toute chose que ne saurait dire un homme politique accompli qui a du respect pour la diversité nationale et qui peut aspirer à diriger l’Etat. Personne n’avait presque rien su de ce qui se tramait depuis cette dernière nuit jusqu’à cette matinée où, presque à la hollywoodienne, les Nigériens, après que dans la discrétion et le savoir-faire des nôtres, la Garde Présidentielle, parvint, sans trop de dégâts à mettre fin au projet funeste de ceux qui avaient cru qu’ils étaient plus intelligents que tout, pour passer pardessus les têtes du CNSP pour reprendre celui qu’ils appellent « l’otage » du nouveau régime. Suivant les renseignements, les militaires nigériens ont suivi l’opération de main de maître, et ont attendu le moment opportun pour agir, traquant dans leur tanière, à la périphérie de la ville, dans le quartier Tchangarey devenu le QG de mercenaires qui venaient, avec la complicité de Nigériens, pour exfiltrer le président déchu du Niger afin de le convoyer, par des hélicoptères français sans doute, vers le Nigéria où il devra retrouver ses amis en fuite, rentrés en rébellion contre la République depuis des semaines, loin du pays où ils animent la résistance pour espérer revenir diriger, on ne sait quel peuple. Ils avaient plus le soutien de la France que la CEDEAO devenue hésitante depuis qu’elle a compris que dans cette affaire, au lieu du Niger et du CNSP, c’est elle qui est la plus grande perdante. Mais la France de Macron ne lâche pas prise : elle mord avec ses crocs terribles de carnassier l’os qu’elle croit tenir dans sa gueule pour ne jamais le lâcher. Elle connait peu le Nigérien.
Scénario au polar…
Jouant avec la complicité de militaires certainement corrompus pour liber le « gibier » recherché, ou si l’on veut, « l’otage », les nouveaux Rambo de paille, devraient trouver le moyen de faire sortir Bazoum de son lieu de détention, laissant , femme et enfant, mais prenant le risque de partir en aventure, et en même temps, si les choses devraient tourner mal, de périr dans une opé- ration quand même périlleuse dans laquelle, en kamikaze, il ne voudrait pas partir avec sa famille laissée derrière lui, cherchant, lui, sa peau quand on sait les nombreuses preuves des accusations avec lesquelles le CNSP voudrait l’accabler. C’est triste.
Dans un premier temps, il s’agit de partir de là, par les complicités de militaires, pour, dans un premier temps, livrer la « marchandise » à des hommes qui attendent dans un véhicule banalisé ainsi que décrit par un communiqué du CNSP, juste aux abords surveillés de la présidence, espérant profiter des discrétions de la nuit pour jouer, inaperçus, dans une telle opération délicate et osée qui inspirera sans doute les auteurs de polar. De ce point, si l’opération devrait se passer telle qu’on la dessinait, « l’otage » devrait être conduit dans un quartier périphérique, convoyé à Tchangarey, où l’attendait le commando qui devrait le prendre en charge pour l’amener, vers deux hélicoptères « d’une puissance étrangère » – suivez mon regard – qui attendaient le passager ; l’un pour le prendre, et l’autre, on l’imagine, pour surveiller et sécuriser l’opération jusqu’à l’embarquement de « l’otage » de luxe, pourtant déjà raflé et ramené en cage.
Désastre pour les comploteurs…
Malheureusement, les choses ne se passèrent pas comme ils l’auraient souhaité. L’opération, tragiquement, avait foiré car le CNSP, dans son sang-froid légendaire, réussit à dé- jouer la manœuvre, arrêtant sur le coup, les militaires qui se faisaient complices dans le jeu ou parce que fidèles à l’ancien système, où répondant de l’injonction des ténors du régime rentrés en exil ou encore cédant au bruit perturbateur du fric craquant que des gens qui en gardent beaucoup encore dans leurs maisons peuvent leur avoir miroité. C’est donc la fin de course pour les complices des déstabilisateurs du Niger. Ils répondront et ils savent que leur sort est désormais scellé.
Comme dans les Westerns…
Après avoir déjoué la tentative d’évasion que des amateurs mettaient en œuvre, après l’arrestation des militaires complices, le CNSP, avec professionnalisme et intelligence, se dirigea vers le centre de récupération de l’ « otage » où, bouclant le quartier, la Garde Présidentielle, méthodiquement, prenait d’assaut le bâtiment qui abritait les mercenaires venus, peut aussi croire au nom de la CEDEAO, pour faire rentrer « l’ami » au Nigéria, près de Bola Tinubu pour faire croire que la CEDEAO réussissait à mener son action militaire qu’on voulait spectaculaire et sensationnelle pour libérer le président-philosophe-prisonnier. L’armée gardait des positions dans le quartier, avec ici des chars blindés, là des véhicules militaires lourdement armés. Sans bavure, en grands soldats expérimentés, imbus du savoir-faire militaire, il réussirent à démanteler l’équipe qui venait se cacher pour espérer porter une victoire à la CEDEAO, à Alassane Dramane Ouattara, à Patrice Talon, à Tinibu, à Emmanuel Macron, à Colonna qui attendaient, anxieux la nuit, la fin de l’opération pour jubiler le matin et peut-être passer à une autre étape de leur « guerre contre le Niger et contre le CNSP ». Dieu ne dort pas, comme dirait l’autre… Mais ce fut le camouflet, la douche froide pour les ennemis. Leurs médias réveillés avec la bonne nouvelle, mais triste pour eux, n’en parlent que de bouche moite, épiloguant sur une tentative d’évasion de Bazoum ayant échoué sans trop parler des commanditaires.
Les perdants…
Le perdant, c’est d’abord Bazoum lui-même qui s’est engagé dans une telle aventure où il risquait sa vie. En plus de cela, ce choix a fini par convaincre les Nigériens de son entêtement dans une position où il ne pouvait plus rien gagner sinon que de sortir plus sagement, en acceptant comme d’autres avant lui et ailleurs, son sort pour laisser le Niger poursuivre tranquillement sa marche ré- solue, désormais irréversible, vers son indépendance totale. Son image est donc dans la boue : les Nigériens ne peuvent que davantage le détester lorsqu’il continue à imposer tant d’épreuves au pays, par égoïsme. Il a fini par compliquer son sort. Cela arrive aux gens inconséquents. Les militaires complices sont des traitres de la nation et de son armée. Ils ont tout perdu dans cette grande marche du peuple vers la dignité qu’ils avaient tenté de contrarier. Déjà, une vie a changé pour eux. Ils vivent les remords terrifiants de la trahison et de l’isolement.
Quoi qu’on ne l’ait pas dit, la CEDEAO et la France, ensuite, sont les autres perdants de cette aventure. En affrétant sa logistique pour soutenir l’action des minables, la France a pris le risque de perdre davantage la face au Niger et sans doute en Afrique aussi. Les Nigériens ne sont pas de petits soldats. Ils savent ce qu’ils font. Tous les pays de la CEDEAO qui peuvent s’être associés et compromis dans cette action, en répondront. Le Niger n’a plus que faire de la CEDEAO, et individuellement, il demandera des comptes aux présidents à la solde de l’impérialisme qui cherchent à le déstabiliser. Le CNSP ne l’acceptera pas. Les Nigériens aussi.
Veille permanente…
Le CNSP et son peuple, restent en état de veille permanente. Sans que ce ne soit une chasse aux sorcières, le CNSP, sans complaisance, doit, pour leur clouer le bec, demander des comptes à tous ceux qui, à un titre ou à un autre, ont à répondre d’une gestion depuis 2011. Ces ténors déchus ne dorment pas comme on dit. Tant qu’ils ne seront pas jetés dans les poubelles de l’Histoire, ils croiront qu’ils peuvent encore dé- tourner le cours des événements. Aussi, le CNSP doit comprendre que, même en s’entredéchirant, les deux camps du PNDS ne jouent pas pour lui. Selon certaines sources, l’ancien président Issoufou, tenu aussi par des rancunes, serait en train de mettre en marche son plan. Déjà, il aurait financé une certaine presse dont certaines qui n’apparaissaient plus devraient revenir dans les kiosques, pour s’en prendre dans un premier temps à Bazoum qui n’aurait pas préservé la cohésion du parti et qui aurait trahi, ce faisant, le PNDS, paraissant avec des titres qui viennent corroborer les fractures désormais béantes et incontestables qui traversent le parti. Et après chercher à instaurer une méfiance entre les membres du CNSP. Plus qu’ailleurs, c’est son voisinage que le CNSP doit surveiller. Les amis de ceux qui sont tombés n’attendent que la moindre erreur. Il ne faut pas qu’ils en aient l’occasion.
Ils ne l’auront pas !
Mairiga