Le CNSP face à la gestion du pouvoir d’État
Alpha
Les Nigériens, pendant cinq mois, ont tenu, résistants à toutes les forces maléfiques qui ont voulu agenouiller le CNSP et le peuple nigérien révolté qui refusaient de continuer à subir l’impérialisme français. Courageusement, pendant des mois, la nuit comme le jour, les Nigériens ont résisté, tenant la sentinelle pour constituer, une forteresse qui quadrille et protège la ville. Pendant des semaines difficiles, contenant les soldats français, isolés dans leur base au sein de l’aéroport, interdits de mobilité et de contact avec la ville. Dans l’espace que l’exterritorialité leur concède dans le pays, ils vivaient, cloitrés, angoissés et souvent manquant du minimum, ainsi que la France le voulut à travers les sanctions de la CEDEAO contre le peuple du Niger. Comment, pour un homme, un seul, fut-il le président d’un pays ou un prophète politique, peut-on si méchamment condamner tout un pays, tout un peuple ? Emmanuel Macron, peut-il aimer plus Bazoum qu’il ne puisse aimer le Niger ?
C’était une grande victoire que les Nigériens, la semaine dernière, célébraient, à ce qu’il est convenu d’appeler désormais la « Place de Résistance », à la suite du départ des derniers soldats français, mettant ainsi fin à un mariage forcé qui aura duré des décennies de malheur et de spoliation. L’événement était symboliquement important dans la nouvelle marche du pays. Cette première grande victoire du peuple et du CNSP, contre l’impérialisme français mis hors de nos murs, est d’autant importante pour la construction de l’AES que les deux autres pays – le Mali et le Burkina Faso – s’étaient joints à travers leurs Premiers ministres et leurs délégations, pour communier avec la population de Niamey, massivement rassemblée, pour vivre dans l’euphorie le triomphe du peuple et de l’armée. La présence exaltante des trois Premiers ministres de l’AES avait galvanisé les manifestants qui ont maintenu, pendant cinq mois, la veille citoyenne des Nigériens qui n’ont jamais baissé la garde pour exprimer leur soutien sans faille au CNSP et au Général Tiani, le nouvel homme libérateur d’un Niger qui a, en douze ans, souffert en silence, sans qu’on entende trop ses soupirs, d’un socialisme tyrannique.
Pour autant, cette première grande victoire contre une France qui, contre ce qu’elle a appelé l’illégitimité du CNSP, disait ne pas obtempérer aux injonctions d’une « Junte », a fini, face à la détermination des Nigériens, par se résoudre à partir du Niger, comprenant enfin, que le Niger n’est ni un département de la France encore moins une colonie française, mais bien un pays qui jouit de la souveraineté internationale qui l’autorise, au nom du droit international incorruptible, à décider pour et par lui. Et la belle victoire ne faisait pas perdre aux Nigériens leurs responsabilités à venir, comprenant bien qu’il ne peut pas pour autant baisser la garde, la lutte ne faisant que commencer pour préserver les premiers acquis. La vaillante jeunesse nigérienne qui a, pendant ces mois, maintenu la pression sur la France jusqu’à la forcer à partir, ne désarme donc pas et elle dit être plus que jamais engagée à continuer et à intensifier la lutte.
Après que ce front se soit calmé, conduisant même à fermer la sentinelle au niveau de l’Escadrille qui été un point névralgique de la lutte des Nigériens pour l’indépendance contre la France, la Jeunesse s’en va sur d’autres fronts, offrant une première belle victoire et le pouvoir, enfin libéré d’une des adversités qu’elle affronte depuis le 26 juillet, doit aujourd’hui, pour faire avancer la marche du pays, faire face à la gestion du pouvoir d’Etat, commencer à répondre aux attentes des Nigériens, et répondre à des défis majeurs du pays. Il s’agit donc aujourd’hui de savoir comment gérer le pays pour répondre aux attentes des Nigériens. On peut de ce point de vue, souligner trois grandes urgences.
Du dialogue inclusif….
Alors que cela semble avoir trop trainé, il est aujourd’hui urgent de créer les conditions pour organiser le forum national qui devra permettre aux Nigériens, à cœur ouvert, de se parler, de mettre des mots sur les problèmes du Niger afin que l’on comprenne mieux les entraves à l’émergence de notre démocratie, à la construction d’une culture démocratique qui nous préserve des crises récurrentes, et au progrès de notre pays. Les Nigériens ont sans doute des idées pour sauver leur pays. Il y a des Nigériens sérieux, il faut enfin les écouter.
Mettre le pays dans ses droits
Le CNSP et son gouvernement, pour mettre le pays à l’abri de la prédation de certains hommes politiques, doivent, sans faiblesse affronter le problème de la corruption endémique dans le pays et le problème lancinant des détournements en punissant avec fermeté tous ceux qui sont reconnus coupables de crimes dans la mauvaise gouvernance et de corruption. Le Niger nouveau doit être libéré de ces gangrènes. Au temps de Kountché, chacun savait à quoi il peut s’exposer en abusant des biens publics qui étaient sacrés et, sur un tel point, la main du Général ne tremblait jamais. Il faut surtout savoir faire, dans ce pays, la promotion et la culture de l’excellence et non du tout politique qui n’aura eu de mérite que de promouvoir la médiocrité, souvent la nullité quand on peut fabriquer des diplômes pour justifier des promotions qui ne se devaient pas. Combien de cadres compétents aujourd’hui, pour ne pas être politiques, ou pour être d’un autre parti, sont aujourd’hui mis en quarantaine, ignorés des nominations dans l’administration, ne venant au service que pour s’ennuyer dans des bureaux – s’ils en ont – sans aucune responsabilité ou tâche à exécuter. On trahit ainsi le pays qui a investi dans leur formation !
Mettre les institutions de la transition en place
Pour montrer qu’on vient, non pour s’éterniser au pouvoir mais pour régler des problèmes importants du pays, il est important de mettre sur pied les différentes institutions de la transition, avec pour chacune, un cahier de charges à exécuter dans un certain délai pour rendre possible un retour sécurisé du Niger à la démocratie souhaitée par les Nigériens qui ne peut plus être celle calquée sur le modèle incommode de la France avec laquelle le Niger décidait de rompre bien de liens et ce jusqu’à des lois prêtées et copiées. Du conseil consultatif, à l’organe de rédaction des nouveaux textes du pays en passant par d’autres, et l’organe chargé de préparer et d’organiser des élections, il y a énormément de choses à faire pour que ce pays retrouve les chemins. Le CNSP, le gouvernement et d’autres acteurs employés à leurs côtés sont faits de têtes pensantes qui mettront à l’épreuve leur intelligence pour mettre le Niger et sa nouvelle démocratie à l’abri de ces instabilités chroniques. Il faut surtout balayer l’échiquier politique en dissolvant tout parti politique qui ne peut participer à des élections, mais venant juste pour le désordre et pour amplifier le bruit politique dans un pays qui a plus besoin aujourd’hui de travailleurs que de bavards.
L’autre travail sérieux de ce pays doit donc commencer !