Le Niger est un pays béni. L’exportation du brut nigérien par le pipeline Koulélé-Sémè débute à un moment où, depuis plus de 100 jours aujourd’hui, les» rapetous» de la renaissance ont été renvoyés aux vestiaires pour gestion mafieuse du terrorisme, corruption et détournements massifs des deniers et biens publics. La gouvernance incarnée pendant près de 13 ans par Issoufou Mahamadou et Bazoum Mohamed est marquée du fer rouge de l’infamie publique. La production pétrolière, dont la première manche a été compromise par Issoufou Mahamadou avec un prêt de 1000 milliards de francs Cfa dont il doit certainement expliquer à la Coldeff la destination, passe désormais à 110 000 barils/jour, soit cinq fois la production initiale. Elle représentera 25% du Produit intérieur brut (Pib) et près de 50% des recettes fiscales ; ce qui va, d’une part, garantir entre 10% à 12% des emplois formels, d’autre part favoriser de nouveaux investissements qui seront induits par l’introduction d’autres partenaires.
C’est une perspective heureuse pour les Nigériens qui, depuis le 26 juillet 2023, croient en l’émergence d’une gouvernance plus vertueuse. Ils ont d’excellentes raisons d’espérer tout autre chose que la gouvernance scabreuse qui a prévalu pendant près de 13 ans. Ils ont vécu le pire. En termes de finances publiques d’abord, les signaux étaient totalement au vert lorsqu’un certain Issoufou Mahamadou arrive au pouvoir. Abdou Gado Maliki, économiste, nous brosse, ici, les réalités économiques reluisantes et pleines d’espoir dont l’homme a héritées. Voici le tableau succinct qu’il présente de la situation du Niger : « en fin 1999- début 2000, quand le Président Tandja et le PM Hama Amadou s’installaient à la tête de l’Exécutif nigérien, les caisses de l’Etat ne comptaient qu’environ 600 millions de FCFA, l’endettement représentait 90% du PIB, selon le rapport du Fond monétaire international (FMI). Et les salaires accusaient des arriérés. En 2004, soit 4 ans après, l’endettement était, toujours selon le FMI, seulement de 17% du PIB. Soit une réduction de 73%, grâce aux efforts mis en place par le gouvernement de l’époque.
En 2010, les comptes publics étaient excédentaires avec des arriérés intérieurs quasi nuls, le solde du compte Niger à la BCEAO était créditeur. Il n’y avait pas encore de pétrole, la raffinerie était seulement en construction ». Abdou Gado Maliki poursuit : « « En 2011, quand le PNDS et Issoufou arrivaient au pouvoir, les bases d’une économie saine étaient là du fait des autres: la dette publique de l’État ne représentait que 19% du PIB, soit une augmentation de 2% seulement en 7ans. Mais, deux ans après, en 2013, la dette passait à 27,1% du PIB et elle sera d’environ 51% en 2016. Oui, 51% du PIB, soit une augmentation de 34% en 5 années ».Issoufou et Bazoum incarnaient un système de cleptomanie qui n’aurait laissé aucune chance aux revenus qui seront tirés d’Agadem II.
Cet article de l’économiste Gado Maliki date de 2015. C’était un avertissement. Malheureusement, il n’avait pas été entendu. Résultat, la descente aux enfers a continué et depuis le 5 septembre 2023, date du point de presse du Premier ministre Lamine Zeine, les Nigériens ont découvert le bilan catastrophique : 5200 milliards de dette, dont 2000 de dette intérieure. On ne parle pas encore des milliers de milliards détournés à des fins personnelles. Rien n’est interdit sous Issoufou et Bazoum : les ressources budgétaires, les aides financières, les aides alimentaires, les prêts, les fonds de l’armée, etc. Un système de cleptomanie qui n’aurait laissé aucune chance aux revenus qui seront tirés d’Agadem II.
Si, pour l’espoir des Nigériens, Agadem II échappe à la boulimie insatiable des renaissants, il y a certainement d’autres raisons déterminantes qui expliquent davantage la chance inouïe que représentent les évènements du 26 juillet 2023 dans la gouvernance générale du pays. Avec des gouvernants qui trafiquent et commercent avec les terroristes et leurs commanditaires, il va de soi que les revenus qui seront tirés de ce projet serviraient mieux d’autres intérêts que ceux du Niger et de son peuple. Le business de l’insécurité, qui a saigné le budget de l’État n’épargnerait sans doute pas Agadem II. Issoufou Mahamadou a dit publiquement que ceux qui sont contre la présence militaire française au Niger sont des complices objectifs des terroristes tandis que son digne successeur dans la consolidation des intérêts français au Niger a déclaré, quant à lui, que ceux qui sont contre cette présence militaire française sont pires que les terroristes.
Il est certain qu’avec un tel contexte de gouvernance dominée, non seulement par la corruption et les détournements massifs des deniers et biens publics, mais également par une connivence avec ceux qui déstabilisent le Niger et massacrent ses populations, Agadem II aurait été une autre page douloureuse avec ses cohortes de morts, de déplacements de population, d’écoles et de structures de santé fermées, etc. Pour tout dire, les Nigériens doivent rendre grâce à Dieu d’avoir inspiré le général Tiani et ses frères d’armes qui ont non seulement mis fin à cette gouvernance criminelle, mais qui ont également projeté le Niger dans un combat salutaire, celui de la souveraineté nationale. « Labou Sanni No – Zantchan Kassa Né », autrement dit en français « c’est une question de patrie ».