La fausse histoire de l’arrestation du Président de la CENI
La Coldeff, un instrument contre les plus faibles ? Rien n’est moins sûr. Dès le départ, l’indépendance réelle de la Commission de lutte contre la délinquance économique, financière et fiscale (Coldeff) a été mise en doute de nombreux observateurs. Non pas que ceux qui la composent ne sont compétents et dignes de confiance, mais que le contexte et le contenu de l’ordonnance qui crée prêtent à caution. Aujourd’hui, après quelques alertes sur des situations incongrues qui ont eu cours au sein de l’institution. La Coldeff est de nouveau sur la sellette, avec cette histoire rocambolesque qui défraie la chronique dans l es salons feutrés de la capitale. Une histoire qui pousse à s’interroger si la Coldeff ne serait pas un instrument politique contre les plus faibles.
Le mercredi 22 mai 2023, le Niger entier apprend qu’après tant de convocations suivies d’après discussions, la Coldeff ne serait parvenue à faire plier le président, le comptable et la financière de l’ex-CEni (Commission électorale nationale indépendante) sur le montant qui leur est collectivement reproché. Un montant de plusieurs dizaines de milliards dissipés et que les intéressés ne reconnaissent pas. Pourtant, ce montant est ressorti dans le rapport général 2022 de la Cour des Comptes, publié en avril 2023. Un rapport rendu définitif et publié après confrontations, les gestionnaires ayant eu préalablement connaissance des charges qui leur sont imputables et ayant répondu à la Cour des comptes. Le mercredi 22 mai, lorsqu’ils ont été à nouveau interpellés, le président et le comptable de la CENI ont été directement placés en garde à vue à la gendarmerie nationale où ils passeront la nuit. Quant à la financière, elle a passé la même nuit à la police judiciaire. Le lendemain, tous les trois sont amenés à la justice où ils poirotent jusqu’à 19 heures. Pour nombre de Nigériens ayant eu vent de leur déferrement au Parquet, ils sont déjà placés sous mandat de dépôt. D’où la rumeur publique qui a gonflé à partir des réseaux sociaux notamment et selon laquelle Issaka Souna serait derrière les barreaux. Le Courrier a vérifié et a pu se rendre compte qu’il n’en est rien.
Le soir de ce 23 mai, alors que tout le monde s’attend à leur incarcération, c’est la surprise !
La justice aurait renvoyé le dossier à la Coldeff. Une hypothèse surréaliste et totalement décevante pour la Coldeff. Mais, aussitôt, cela a été notifié aux gendarmes qui ont dû reprendre leur colis embarrassant. Et comme ils ne peuvent à nouveau garder les intéressés en garde à vue, ils ont décidé de les laisser libres de rentrer chez eux. Comme quoi la Coldeff doit savoir qui emmerder.
La question que ceux qui sont au courant de cette rocambolesque histoire se posent ; c’est de savoir qui tire les ficelles de ce déni de justice. Qui pourrait instrumentaliser, et la Coldeff et la justice au point de remettre en cause une procédure normale consacrée par l’ordonnance qui crée la Coldef ? Aux dernière nouvelles, l’affaire fait grand bruit dans les couloirs de la Coldeff et de la Justice.