Une voix pour libérer le monde noir
S’il y a un acteur qui a fait beaucoup parler de lui ces dernières décennies, c’est bien, l’activiste Kémi Séba, ce franco-béninois que la France, qui en avait assez de son combat, a fini par renier. Pendant des années, inlassablement, il a parcouru le monde, venant sur le continent pour rencontrer les jeunesses africaines et ailleurs pour échanger avec les différentes diasporas, se battant pour la dignité de l’homme africain. Par son engagement inébranlable, son mouvement, porté par l’Association Urgences panafricanistes, a très vite monté en puissance, trouvant partout, dans tous les pays africains, des hommes et des femmes engagés qui portent son combat et sa parole, son idéal et relayer sa voix sur le continent , dans cette Afrique qui a trop attendu. La France s’est rendue compte bien plus tard de la puissance de cette voix qui donne bien de fiertés à tant d’africains et même souvent à certains dirigeants qui ne peuvent avoir le courage d’avoir un tel discours mais qui savent que c’est bien un tel discours qui pourrait, seul, délivrer le continent et toutes les diasporas. On ne peut que saluer le courage de cet homme qui aura connu toutes les brimades, toutes les humiliations, tous les rejets qui, pour autant, n’ont pas émoussé son ardeur combattante, restant tout le temps sur le front pour alerter, décidé à aller au bout de ses convictions. L’homme dérange par sa parole puissante et décomplexée, forte et sincère, mais même le Benin, dans le souvenir de Béhanzin, pouvait être fier de l’enfant du pays. L’Afrique a besoin d’enfants de cette trempe pour aller à la liberté.
La semaine dernière, la France a cru se donner une occasion de régler ses comptes à Kémi Séba devenu trop encombrant pour l’Elysée en poussant sa police à l’arrêter, alors même que l’intéressé – Kémi Séba – s’est entouré de toutes les précautions pour faire ce déplacement en Europe qui l’a conduit en France, pas pour y vivre puisqu’il n’y aspire plus, mais juste pour un devoir moral, et humain qui voudrait qu’il garde les liens avec les siens qui y vivent. On apprend chez l’acteur qui ne se bat pas déguisé mais à ciel ouvert, qu’il ne venait en France que pour des raisons sociales, humaines, précises car, de son point de vue, combattre une certaine politique française, ce n’est pas refuser la France, ce n’est être contre la France. Il dira : « J’étais venu voir un membre de ma famille, âgé et très malade, et des opposants au régime Patrice Talon. Et j’assume à 1000% mon acte. La peur ne coule pas dans mes veines ».
Il n’est d’ailleurs pas le genre de combattant qu’on peut intimider pour l’amener à renoncer à ses engagements. Kémi Séba est un héros que toute la jeunesse africaine écoute et, à qui, tous les jeunes, sur le continent, voudraient ressembler pour avoir le courage de leur combat et comme le dira Chirac dans un de ses discours de nouvel an à l’adresse des Français, pour avoir « le courage de dire et de faire ». Ainsi, on l’entendra, plus vigoureux que jamais à sa sortie de garde-à-vue : « Libérés, nous sommes. Ceux qui veulent nous éteindre devront encore attendre, on est désolé de gâcher leurs projets. Nous sommes une génération d’Hommes et de Femmes Noirs libres qui n’ont pour seule obsession que la décolonisation ultime du continent africain et de sa DIASPORA ». La noblesse et la justesse d’un tel engagement ne sauraient s’éroder par quelques intimidations. Les hommes ont grandi, ils n’ont plus peur de faire face aux loups.
L’acte des autorités françaises n’aura causé que l’effet contraire escompté. Kémi Séba, qui sait qu’il n’est plus seul dans son combat, sait toute la portée du leadership qu’il incarne pour ne plus reculer et avancer, quoi qu’il en coûte, et aller jusqu’au bout. Il dira d’ailleurs pour réitérer cette volonté inébranlable de se battre pour le continent, rappelant la genèse de cette lutte panafricaniste : « On a commencé ce combat politique (en 1999), ni Macron, ni Poutine, ni MADURO, ni KIM JONG Un, ni qui sais-je, n’était encore président en fonction. On lutte pour les nôtres, et nul ne pourra nous empêcher de continuer notre travail. L’élite néocolonialiste française sait très bien que me garder à l’ombre trop longtemps serait très dangereux pour elle, vu notre audience en Afrique et aux Antilles ». Et la France, déjà trop fragile par ses relations brouillées avec le Sahel, ne peut pas prendre le risque d’exposer ses intérêts dans le monde auxquels des millions militants et de sympathisants panafricanistes et d’Urgences Panafricanistes pourraient s’attaquer. Emmanuel Macron a sans doute été bien conseillé pour ne pas se laisser aller à des extrémismes qu’il pourrait regretter, juste pour des rancunes qu’il pourrait avoir à faire payer à un homme qu’il rend responsable de la situation de la France dans le monde, notamment par rapport à ce qu’il appelle le sentiment anti-français.
Kémi Séba, un homme de plus en plus rassuré de la justesse et de la noblesse de son combat
L’activiste mondial sait désormais qu’il ne peut pas trahir ce combat qui a aujourd’hui rallié plusieurs générations d’Africains et d’Afrodescendants, conscients de la justesse de son combat auquel il ne pourrait pas renoncer. Après les luttes africaines pour l’indépendance facile, aujourd’hui, ainsi qu’on le voit au Sahel, il s’agit de l’ultime lutte pour les indépendances véritables afin que l’homme africain soit recouvert de toute sa dignité. Séba en a conscience, conscient de la force des peuples qui le soutiennent et, avec eux, désormais le Niger qui lui offre son nom pour s’en réclamer à travers le monde quand, la France rancunière, lui refuse le sien en lui reprenant, dans le rabaissement, une nationalité qui n’est pourtant pas le label de ce qui fait son aura dans le monde. Kémi Séba, dans la conscience des solidarités qui s’exprimaient autour de lui, en ces moments qu’il vécut en France il y a quelques jours, garde la foi, la foi à son combat et reste reconnaissant. Il dira : « Je remercie mon avocat Branco Juan, le plus brillant (et sans doute le plus dévoué) de sa génération, les militants infatigables de l’ONG Urgences panafricanistes, mes proches, mes sympathisants, et mes alliés qui se sont mobilisés massivement pour exprimer [leur] dénonciation suite à cette arrestation ».
L’Afrique ne se laissera pas faire. Un temps a changé. C’est une donne nouvelle des combats de ses fils. Depuis des jours quand on apprenait que la France s’active à déstabiliser l’AES, la jeunesse s’est encore remobilisée, allant vers le peuple pour encore conscientiser les populations et pour garder la sentinelle, sur les routes et tous les espaces afin d’être, avec les FDS déjà en alerte maximum, des combattants dévoués de la sécurité et de la paix de notre espace menacé. C’est d’ailleurs assez moqueur, qu’il plaint ceux qui veulent le voir sombrer dans un tel combat, et on imagine certains dirigeants africains de la trempe d’un Ouattara qui a oublié son âge pour se faire le « Petit » d’un autre Petit – suivez mon regard – qui croit qu’il peut gouverner le monde parce qu’il n’aurait en face de lui que des Nègres. Il les rassure : « Quant à ceux parmi les réseaux françafricains qui rêvaient de nous voir en prison, on a des mouchoirs pour vous…Nous stopper ? ». La lutte continuera jusqu’à la victoire finale, prochaine et proche. En tout cas, selon Kémi Séba, le renoncement à ce combat, « C’est pas pour demain », misant avec foi, sur l’aboutissement de ce combat, car pendant que « Le colon a ses plans », rassure-t-il, « Dieu a les siens. Et Dieu est le meilleur des planificateurs ».
Avec ses fils dignes, une Afrique nouvelle renait.