Les Nigériens toujours dans l’attente d’un début des résolutions des Assises nationales
Dans la frénésie de ce débat malsain induit par l’introduction frauduleuse de la modification de l’article 12 de la Charte de la refondation et face à laquelle le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (Cnsp) observe un silence absolu, la question de la justice et de la lutte contre l’impunité semble avoir été reléguée au second plan. Pourtant, les Nigériens sont plus que jamais dans l’attente d’une justice pour le Niger, grugé et dépouillé pendant 13 anspar des individus qui ont abusé du pouvoir d’Etat pour mettre à sac l’Etat à sac. Des prêts frauduleux Eximbank et congolais en passant par l’uraniumgate et l’aide italienne, l’achat de l’avion présidentiel, le chemin de fer de Bolloré,la presse nigérienne a le mérite d’avoir mis en lumière tous les contours de toutes ces affaires :tout ce qui s’est passé, comment, avec qui et dans quel dessein, mais aussi l’identité des acteurs, co-auteurs et complices.
Le 28 juillet 2023, dans son tout premier discours-message, Abdourahamane Tiani, à l’époque Général de Brigade, a déclaré que l’action du Cnsp est motivée par la seule volonté de préserver la patrie face, d’une part à la dégradation continue de la situation sécuritaire dans notre pays, et cela sans que les autorités déchues ne leur laissent entrevoir une véritable solution de sortie de crise, d’autre part à la mauvaise gouvernance économique et sociale. Le nouvel homme fort du pays soulignera à ce propos que « l’amélioration des finances publiques et du tissu économique de notre pays, la situation de l’école nigérienne et de la santé de nos populations, la lutte contre le détournement des deniers publics, la lutte contre l’impunité, la corruption sous toutes ses formes, le népotisme, et les difficultés auxquelles font face les nigériens au quotidien sont autant de défis face auxquels le gouvernement déchu a montré ses limites ». Des propos dignes de confiance, le Général ayant plus tard corroboré les justifications de l’irruption des Forces de défense et de sécurité (Fds) par des serments publics de loyauté vis-à-vis du peuple nigérien. « Que Dieu trahisse mes aspirations si je trahis celles du peuple nigérien », a-t-il déclaré en substance dans un entretien accordé à Télé-Sahel en zarma, en haoussa et en français. Déjà le …2024, lors d’une adresse à la nation, l’intéressé a parlé dans la même veine : « je tiens à vous réaffirmer, mes chers compatriotes, que tout comme les autres membres du CNSP et du Gouvernement, je suis au service du Niger et de ses seuls intérêts et que je ne trahirai jamais vos espérances, In Sha Allah ».
Que deviennent les recommandations de poursuite des auteurs, coauteurs et complices de l’uraniumgate, de l’affaire Mont Greboun et du Mont Baguazam, entre autres ?
Malgré ces discours empreints de franchise et ces serments qui ne laissent place à aucun doute dans l’esprit d’un peuple profondément religieux, en 16 mois, malgré les graves scandales financiers et humains qui ont scandé la vie de la 7e République, il n’y a pas eu une seule affaire qui ait connu un épilogue judiciaire. Or, les attentes populaires sont fortes sur cette question. La grande mobilisation populaire qui a contraint les forces françaises à partir était d’ailleurs motivée par l’espoir d’une justice sociale revendiquée à cor et à cris.
Pour ceux qui estiment que les régimes civils sont incapables de faire appliquer la loi et de préserver l’intérêt général, il faut bien s’accorder sur le fait que l’instance militaire n’a pas donné, en l’espace de 20 mois, assez d’arguments pour soutenir une telle thèse.Accusé de laxisme sur la question de la justice et de la lutte contre l’impunité à propos desquelles il est attendu pour une fermeté éloignée des pratiques observées jusqu’ici, le Cnspa continué à jouir du bénéfice du doute. Mais avec la tenue, du 26 au 29 mars 2025, des Assises nationales, l’heure de vérité a sonné pour le Cnsp quiest appelé, entre autres recommandations, à réformer le conseil supérieur de la magistrature et à nommer les magistrats du Parquet dans les mêmes conditions que les magistrats du siège afin qu’ils bénéficient des mêmes garanties statutaires. Aujourd’hui, près d’un mois après la remise officielle du rapport desdites Assises, l’opinion publique n’a pas encore connaissance d’un début d’exécution de ces recommandations. Mieux, pour rendre justice aux Nigériens, il a été recommandé, entre autres, de traduire en justice tous les auteurs , coauteurs etcomplices dans les affaires et scandales politico-financiers de ces dernières années, notamment l’uraniumgate, l’affaire Mont Greboun et du Mont Baguazam, le scandale du chemin de fer, les contrats de partenariat publics-privés, la mise en concession de l’aéroport international Diori Hamani, l’hôtel Radison blu, le permis biométrique et le contentieux judiciaire avec Africard.
Les Nigériens, attendent, même si la plupart d’entre eux n’espèrent pas voir la moindre avancée sur ces dossiers cités.
Sur ce registre où il est vivement attendu comme le véritable test de vérité, le Cnsp semble traîner les pieds. La hâte avec laquelle les partis politiques ont été dissous et que le chef de l’Etat, Abdourahamane Tiani, est passé du grade de général de brigade à général d’armée n’est plus de rigueur. Les Nigériens, attendent, même si la plupart d’entre eux n’espèrent pas voir la moindre avancée sur ces dossiers cités. Leur déception est d’autant grande que depuis quelques jours le Cnsp est l’objet d’attaques virulentesconsécutives à l’introduction frauduleuse dans la Charte de la refondation d’une disposition consacrant le haoussa comme unique langue nationale du Niger. Le débat suscité a-t-il été voulu comme une diversion nécessaire pour éloigner l’opinion nationale des questions qui urgent ? Rien n’est moins sûr, les nouvelles autorités de la Transition ayant péché dans leur volonté de réussir un compromis impossible entre leur credo, la refondation de la gouvernance, avec ceux qui ont ruiné le pays. C’était une véritable gageure et durant des mois, le Cnsp s’est échiné à un équilibrisme des plus délicats, les faits et les actes prenant pratiquement en contrepied les discours et les slogans.
Laboukoye
‘