Après la perquisition chez le fondateur du Hamzari, quelques interrogations
Dans la foulée du coup d’Etat du 26 juillet 2023, le CNSP avait posé des actes somme toute compréhensibles dans le contexte relativement aux connivences que des acteurs avaient entretenues. Mais, comme pour d’autres cas où c’est le silence radio du CNSP, l’on se demande encore, ce qui peut justifier tant de silence autour de dossiers pourtant complexes. Les Nigériens ne comprennent pas. La Coldeff, elle-même, depuis quelques temps, après que nous ayons révélé des contradictions et des lutes internes qui la minent, se complait dans un mutisme, ne disant plus rien de ce qu’elle fait et de ce qu’elle aura réussi pour en informer l’opinion qui attend pourtant de sa part d’en savoir davantage sur la gestion du pays avant le coup d’Etat, et ce depuis le 07 avril 2011 que le socialisme arrivait au pouvoir, après que l’International socialiste ait réussi à installer ses pions au Sahel, avec au Mali, IBK ; au Burkina Faso, Kaboré ; et au Niger Issoufou Mahamadou. Ce fut le printemps des socialistes au Sahel qui aura causé dans les trois pays des désastres dont le summum avait été ces coups d’Etat qui ont agité le monde et révélé ses susceptibilités.
On se souvient, il ya quelques jours, la maison du frère de l’ancien ministre des Finances, Ahmed Jidoud, fondateur du mouvement Hamzari, très proche de Bazoum Mohamed, avait été perquisitionnée en son absence. Il était, rappelons-le, opposé à l’instrumentalisation du mandat de Bazoum qu’il voudrait voir gérer lui-même, en toute responsabilité, refusant qu’un autre le téléguide, toute chose qui lui avait valu d’être exclu par le parti qui supportait mal sa rébellion contre une certaine pratique dont le président-philosophe a fini par payer le prix fort, mais continuant à récuser le pouvoir partagé, voire usurpé au nom de la facilitation que le président sortant aura faite à son « ami » pour croire qu’il devrait le cogérer avec lui et lui en imposer des décisions. Pour certains du parti, cela était inacceptable. Et tout le drame du parti venait de là. Et peut-être aussi, le drame du pays.
Interrogations
Pourquoi, alors que la perquisition a été faite sans son accord et en son absence, l’on n’a rien entendu de ce qui a motivé cette action qu’un contexte d’exception ne peut justifier sans que l’intéressé n’en soit éclairé sur les motivations ? Pourtant, il était tout à fait compréhensible que le fondateur du parti politique (le mouvement s’étant mu entre temps en parti) Hamzari, en se désolidarisant de la gestion du pays telle qu’elle a été menée jusqu’à ce que Bazoum perde le pouvoir, ne voulait que d’un Niger mieux gouverné, toute chose qui avait provoqué son divorce avec un parti politique qui, refusant d’écouter ses contradictions internes, avait choisi de le renier et de bannir. Pourquoi donc, après la perquisition, jusqu’à cette date, rien ne lui a été notifié, et il n’a été ni interpellé ni entendu pour comprendre ce qu’on lui reproche ?
Ces questions poussent finalement à d’autres questionnements inquiétants. Et, c’est peut-être la raison pour laquelle les Nigériens se préoccupent de la gestion de la justice dans le pays depuis l’arrivée au pouvoir des militaires qui ont, pourtant, fondé bien d’espérances dans le pays. Faut-il croire que ne sont traqués que les proches du président Bazoum qu’on voudrait finalement faire payer pour tous alors qu’il n’est que la partie visible de l’iceberg et, donc, de toute la plaie puante d’un système qui a choisi le gangstérisme depuis le 07 avril 2011. N’est-ce pas pourquoi aussi, à l’annonce de la déchéance de la nationalité de certaines personnalités de l’ancien régime, toutes proches de Bazoum, l’on a vu des réactions mitigées de la part des Nigériens même s’ils ont conscience qu’elles auront mérité ce qui leur arrivait. Le CNSP et son gouvernement s’aideront mieux en ne posant pas d’actes qui pourraient faire douter de sa mission à la tête de l’Etat. La vérité étant que, dans ce pays, tout le monde – excepté ceux qui allaient appeler d’autres à venir attaquer le pays avec leurs armes – voudrait que cette transition réussisse et, mieux, qu’elle puisse poser les jalons d’un nouveau départ qui le mettra à l’abri de ces incessants aller-retour pour faire, défaire et refaire et, hélas, sans jamais trouver la voie. Ce pays est fatigué, et il faut que ceux qui le dirigent le comprennent pour faire pour ce pays les meilleurs choix qui peuvent le libérer d’un destin cruel qui l’abonnait à l’inertie.
Qu’il s’agisse d’Issoufou Mahamadou ou de Bazoum Mohamed, il y a sans doute des Nigériens qui les avaient certes soutenus, mais pas pour être solidaires des mauvais actes qu’ils posaient à la tête du pays et pour lesquels ils doivent, seuls, répondre, mais parce qu’ils avaient eu la naïveté et la faiblesse de croire qu’ils pouvaient être à la hauteur des responsabilités dont ils avaient été investis, responsabilités qu’ils ont fini par trahir ou, en s’accoquinant avec des forces maléfiques qui sèment la terreurs dans le pays et qui, selon certains aveux, seraient quand même des « amis » ou pour avoir cautionné, et soutenu, par leurs silences, le pillage du pays et les crimes économiques que certains posaient, sous leurs yeux complices, sinon approbateurs.
Se mettre au-dessus de tout
Pour convaincre et se rhabiller de son manteau d’hommes d’Etat, les acteurs de la transition doivent s’élever au-dessus de certaines considérations pour comprendre qu’ils ont à gérer un peuple pour ne plus se soumettre aux désidératas de quelques individus, ou d’un groupe de personnes aux intérêts obscurs. Il est important, dans cette marche exaltante et d’une portée historique capitale, que les militaires au pouvoir honorent ce que fut la mémoire de militaires que l’on a connus au pouvoir et qui s’appelaient Kountché, Ali Saibou, Djermakoye, Tandja ou Ibrahim Baré Maïnassara pour lesquels rien ne compte dans l’action publique que le Niger et le Niger seul qu’on ne doit jamais trahir et auquel, dans leur vie de soldats et d’hommes politiques, ils ont, dans toute leur existence, consacré leur vie, sans être portés sur le matériel qui ne les avait jamais intéressés. Le Niger d’aujourd’hui a besoin de cette trempe d’hommes que les Nigériens ont cru découvrir à travers les hommes du 26 juillet 2023 dont certains noms portent le lourd héritage de ceux qu’avaient été les pères. Ces soldats qui gouvernent ce pays ont cette dette morale envers les Nigériens et envers l’Histoire qu’ils venaient récrire avec le courage de leurs bras et de leurs cœurs que nous avons pu observer depuis cette date qui est rentrée dans les annales de notre histoire et qui nous a fait croire que les Nigériens le peuvent chaque fois qu’ils le décident.
Oui, l’Histoire – avec grand H – nous appelle, et nous ne devrions pas hésiter à répondre : nous sommes là pour la grande épopée.