Après le Sahel, le peuple de France humilie Macron
Aux dernières élections, Emmanuel Macron ne devrait sa réélection que faute de mieux. Les Français lui avaient d’ailleurs refusé une majorité confortable et devrait gouverner avec une courte tête qui ne peut lui permettre d’avoir les moyens politiques d’imposer une certaine gouvernance, sinon que de faire attention, marchant sur des œufs, mais multipliant les fautes, notamment dans sa politique internationale, africaine en l’occurrence. Partant aux élections européennes, le peuple donna l’alerte car, contrairement à ce qu’il fit entendre aux dernières élections, il semble n’avoir pas compris le message que les Français lui envoyaient à l’occasion de ces élections où les Français firent barrage au Front National. Mais, ne prenant pas les leçons de ces alertes, contre toute attente, se sentant humilié par les résultats de ces élections européennes, il décidait, contre toute attente, de dissoudre l’Assemblée Nationale pour appeler les Français à des législatives anticipées inopportunes et que rien ne justifiait, espérant que le peuple pourrait lui donner une majorité pourtant problématique pour lui au regard des malaises que sa gouvernance a provoqués dans son peuple.
Et voilà qu’il ne peut se remettre de ses déboires sahéliens, que les résultats des élections anticipées viennent corroborer le désastre macronien : le peuple n’a pas entendu son appel et pire, n’eut été l’autre alerte rouge que donnait l’avancée au premier tour de l’extrême Droite, il allait être politiquement laminé. Il doit son salut à cette appréhension de la classe politique de voir le parti Lepenien émerger sur l’échiquier en cette époque de grands doutes et de peur. Mais, il doit bien se contenter d’une cohabitation car il a été devancé par une Gauche qui, elle aussi, est incapable de s’accorder, de taire ses divergences pour se conforter dans sa résurrection politique. Son gouvernement a d’ailleurs compris le prix à payer pour ce fiasco électoral macronien car, aussitôt après, le lundi, au lendemain de l’élection désastreuse pour l’Elysée, le Premier Ministre partait remettre sa démission et celle de son gouvernement, même si pour ne pas laisser place à un certain vide, misant sur des discussions politiques avec la Gauche qui risquent d’être assez compliquées lorsqu’il pourrait être amené à faire de la résistance pour ne pas perdre les prestiges régaliens du pouvoir, il se refusait à répondre favorablement, dans le respect de la tradition républicaine française, de donner, tout de suite, suite à la lettre de démission à lui adressée par son Premier Ministre.
Mais a-t-il désormais le choix ?
On peut croire que son pouvoir, pour autant, n’est pas remis en cause mais, lorsque, par l’Assemblée Nationale, il ne peut disposer des moyens pour gouverner seul, il va sans dire qu’il est mis dans une situation inconfortable qui l’oblige à composer avec ses opposants aujourd’hui ragaillardis par l’issue de ces législatives anticipées que certains Français ont considérées comme une provocation de la part d’un président dont le bilan est mitigé pour en demander trop à son peuple mécontent. C’est d’ailleurs pourquoi dira Jean Luc Mélenchon, « Ceux qui ont aimé la nouvelle France de passion républicaine ont gagné » et depuis, poursuit-il, « le Président a le devoir d’appeler le nouveau front populaire à gouverner ». Emmanuel Macron est désormais un président affaibli qui, pour le reste de son mandat, devrait marcher sur un fil de rasoir. Pour le Président des Insoumis, Mélenchon, « Les leçons du vote sont sans appel ; la défaite du président de la République et de sa coalition est clairement confirmée ; le Président doit admettre cette défaite sans tenter de la contourner de quelque façon que ce soit ». Et pour cause, dira-t-il, « Il vient de diriger la campagne perdue par son camp ; il a reçu un vote de défiance populaire massif » qui l’oblige aujourd’hui à ne plus tenir compte de son seul clan qui ne lui donne plus de majorité, même à courte tête.
Enfin, Macron, peut-il avoir compris son drame ?
Cela arrive à la France au moment où son président gâchait tout avec le monde, marchant surtout avec l’Afrique au moyen d’un paternalisme désuet que les Africains de notre époque ne peuvent plus comprendre et accepter.
Certains de ses propos peuvent faire croire qu’il a saisi la leçon. En effet, Emmanuel Macron a sans doute fini par comprendre que ses spécialistes sur les questions africaines lui ont menti, eux qui lui ont fait croire qu’Issoufou et Bazoum seraient des anges, et qu’ils seraient tellement aimés dans le pays que Dieu se serait absenté pour ne pas jouer à la doublure quand l’humain, à travers le premier, est vénéré et sa personne divinisée. Jamais ce pays n’a eu de dirigeant qui ne peut, même après sa présidence, aller dans le peuple sans se mettre sous l’ombre des armes et sans char si ce n’est celui-là, Issoufou, que l’Europe, avant de comprendre qu’elle a été grugée sur sa personnalité, avait auréolé de titres pompeux et factices, faits de pacotilles, célébrant chez l’homme une grandeur qui n’est pas. Peut-être que Macron a fini par prendre conscience de ses erreurs et de ses lectures étriquées sur nos pays quand, enfin, on l’entend dire : « Nous sommes dans cette position et nous ne sommes pas dans la bonne direction. Parce que nous avons trop souvent eu une logique de rente dans notre rapport au continent africain ». Mais n’est-ce pas tard ? Un François Hollande qui revient, pour jouer des rôles que la dernière élection lui donne pour participer au travail parlementaire de son pays, même quand il dit au soir de la défaite électorale macronienne, qu’il mettra son expérience au service de son pays, l’on sait qu’il n’a que peu de levier pour agir sur le continent quand ses amis de l’International Socialiste, aussi bien au Niger qu’au Mali et au Burkina Faso, ne sont plus aux affaires pour se faire entendre. Au contraire, ses amis politiques vivent des moments assez compliqués qui présagent des jours difficiles. Il est dommage que le président français n’ait pu comprendre ses erreurs que bien plus tard, alors qu’il restait sourd aux cris des peuples, à la dénonciation de la gouvernance de ceux qu’elle n’arrêtait jamais de célébrer. Voilà qui retrouve enfin ses lucidités, faisant, sincèrement peut-on l’espérer, son mea-culpa. Et au Président français de dire : «On a considéré que parce qu’on est la France, même quand on faisait mal, même quand on était plus cher que les copains, même quand les solutions de financement étaient moins bonnes, on allait continuer d’être pris. L’Afrique dira-t-il], c’est une terre de compétition maintenant ». Tant pis pour les médiocres et les méchants !
Avec cette France qui tangue et qui se cherche, l’AES a de bonnes raisons de suivre sa marche et, surtout, de se donner toute l’intelligence nécessaire pour aller jusqu’au bout ainsi que les peuples l’attendent d’elle. Pas que les peuples de l’AES, mais tous les peuples d’Afrique !
Mairiga