Les gouvernants des pays d’Afrique subsaharienne interpellés
L’Algérie vient d’expulser, d’un coup, 1141 migrants de son territoire, et naturellement en direction du désert nigérien, déposés, disons abandonnés, au ‘’Point zéro’’, à une quinzaine de Km d’Assamaka. Avec tout ce que cela comporte comme risque, y compris le risque de la mort, pour ces infortunés. Ils sont issus de pays d’Afrique subsaharienne et d’Asie qui sont allés chercher fortune sous d’autres cieux, la plupart en transit dans ce pays, et malheureusement en situation irrégulière. Parmi cette cohorte, on dénombre 20 nigériens. Ces refoulements et expulsions font suite le plus souvent à des traques, des arrestations massives et même des emprisonnements. L’on peut aisément invoquer les relations tendues, ces derniers jours, depuis que l’Algérie a détruit le drone malien, entre l’Algérie et les pays membres de la Confédération de l’AES qui soupçonnent leur voisin algérien d’abriter et de protéger les terroristes qui les attaquent, comme la cause de ces expulsions massives. C’est bien possible. Mais, ces expulsions ne datent pas d’aujourd’hui. Car l’Algérie constitue, non seulement un pays d’accueil des migrants, mais aussi un pays de transit pour les migrants clandestins à partir du Niger. Les chiffres de 2024 et 2023 sont assez éloquents et dénotent de l’ampleur de la migration clandestine dans notre espace qui conduit le plus souvent à des drames. En 2024, l’Algérie a expulsé, toujours vers le Niger, 31 404 migrants, selon l’ONG Alarme Phone Sahara ; 26 031 en 2023. Et pourquoi l’Algérie refoule toujours vers le Niger les migrants qui ne sont pas tous des nigériens ? La question est simple. Ce n’est pas seulement parce que ce pays partage une frontière avec le Niger, elle a une frontière commune avec d’autres pays, mais bien parce qu’à un certain moment, les autorités nigériennes, avec à leur tête Mahamadou Issoufou, dans leur zèle de servir la France, et conséquemment les intérêts des occidentaux, ont fait du Niger la frontière de l’Afrique avec l’Europe. Avec la construction de ‘’hots spots’’ dans le désert pour bloquer et faire retourner les migrants clandestins qui veulent aller en Europe pour troubler le sommeil tranquille des occidentaux. Et, c’est surement ce qui revient en pleine figure, l’Algérie prenant le Niger au mot. Vu l’ampleur de la migration massive clandestine des africains vers d’autres cieux oû ils espèrent se réaliser, réaliser leurs aspirations, des cieux qu’ils considèrent comme paradisiaques relativement à ce qu’ils vivent chez eux, dans leurs pays, la gouvernance dans les pays de l’Afrique subsaharienne est donc interpellée, les gouvernants indexés. Il faut le reconnaitre, personne ne quitte de gaieté de cœur chez lui, à moins que ce soit par esprit de tourisme, pour aller s’installer ailleurs. Ils le font par désespoir. Parce que chez lui, il n’y a aucune perspective pour eux, les gouvernants au pouvoir s’empiffrant et se goinfrant des richesses du pays, n’ayant cure que d’eux-mêmes et leurs familles, méprisant et oubliant le peuple qu’ils martyrisent. Les dirigeants africains doivent s’interroger, interroger leur gestion et se mettre au service de leurs peuples, en faisant bénéficier au peuple les richesses nationales. Certes, l’Etat ne peut pas donner du travail à tous, mais il a pour role de créer les conditions pour que chacun puisse avoir une chance, avoir du travail, pour non seulement se réaliser mais aussi participer à l’édification de sa Nation. Comment peut-on être si cupide et si inconscient comme ce chef d’Etat africain qui demande de l’argent aux occidentaux pour faire de son pays la frontière avec l’Europe ? Pourquoi est-il dirigeant dans son pays ? Pour paupériser le peuple et exploiter sa misère ou pour être à son service ? De telles inconsciences constituent des crimes de haute trahison. Pourtant, ce ne sont pas les potentialités qui manquent dans nos pays, en Afrique. Chacun de nos pays peut être un paradis. Il suffit de les travailler comme les autres ont travaillé leurs terres. Le paradis ne se trouve pas ailleurs. On fait de chez soi un paradis par l’effort, la sueur, le sang. Et non aller squatter le paradis que les autres se sont construit par mille efforts. Les africains, candidats à la migration clandestine, d’ailleurs hautement risquée, doivent se résoudre à rester chez eux, se battre, et transformer leur milieu, pour réaliser, pour eux et leurs familles, un meilleur cadre de vie. La vie n’est nulle part facile. Et la recherche de la facilité conduit toujours à une mort facile, gratuite, qu’elle soit physique ou symbolique. Aimons chez nous, pour le travailler et le transformer en paradis. Les autres l’ont fait, nous pouvons et devons le faire. Pour nous-mêmes et nos enfants.
Bisso
