Croire en nous-mêmes…
Le Niger est à une étape cruciale de son Histoire. Il a un rendez-vous avec le destin qu’il ne peut rater. Il n’a que trop souffert, et c’est pourquoi ceux qui gouvernent ce pays aujourd’hui doivent se préoccuper de l’image qu’ils devront laisser au pays, à la postérité, et surtout à des enfants qui voudraient sans doute apprendre que leurs pères avaient été des héros pour ce pays. C’est le meilleur héritage que l’on puisse laisser à sa progéniture, bien mieux que des comptes garnis d’argent sale parce que volé. Jouer pour l’Histoire condamne à avoir ce regard qui sublime le courage humain, la force des esprits qui savent le prix d’un sacrifice. Il y a à regarder ce peuple qui a enduré tant de peines, à toucher et apaiser ses larmes douloureuses, angoissé tous les jours par les peurs qui viennent semer le doute et le pessimisme dans les cœurs endoloris des Nigériens aujourd’hui perdus.
Pourtant, c’est dans les moments difficiles, au milieu des incertitudes, que les peuples braves, intrépides, savent se frayer un chemin, trouvant dans l’exaltation, entre les précipices, la lumière qui guide, le courage qui triomphe. Mais encore faut-il que l’on ait des dirigeants dont le charisme et le leadership pourraient donner confiance à tous pour croire qu’il est possible de gagner, de tenir ensemble sur les chemins, d’oser des pas qui peuvent faire avancer ce pays aujourd’hui encore hésitant.
Il faut avoir ces lucidités qui préservent et qui peuvent faire comprendre qu’il y a des moments où, en politique, on ne fait pas trop de calcul comme en ces moments de révolution où ce qui importe reste le pays et le pays seul.
Ce pays a besoin de paix autant qu’il a besoin de justice, les deux étant d’ailleurs consubstantielles pour ne pas hésiter à avoir les courages – et tous les courages – de Prince, pour gouverner la cité, sans parti pris, ne considérant que le Niger seul et ce peuple qui a tant souffert et qui commence à blâmer ses élites insouciantes. C’est pourquoi il est important de comprendre que certaines ruses ne fonctionnent pas en politique. On a beau croire qu’on est invisible dans la sournoiserie, l’on n’est qu’à découvert, le citoyen lambda, même le plus ignare, pouvant être capable de comprendre ce qui tourne peu rond.
Faisons attention à nous-mêmes pour qu’un autre ne nous perde pas et ne nous éloigne des chances que nous avons de rentrer dans l’Histoire. Leur boulimie les a enfoncés lorsque, par leur surdité, ils pouvaient croire qu’ils avaient réussi à apprivoiser un pays et à dompter les acteurs nationaux qui pourraient, par leur franchise et leurs idéaux défendus, gêner leurs ripailles. C’est la triste vérité d’un pays qui va mal. Il nous faut le regarder dans ses douleurs pour l’en guérir et ouvrir une nouvelle page glorieuse de notre histoire que les promesses de l’AES légitimaient chez les peuples. Sortons donc de nos doutes, et de nos peurs de prendre les chemins du courage.
Il nous faut croire en nous-mêmes.
Ali Soumana