Hama Amadou a tout subi mais il n’a jamais fléchi
‘’Les différentes péripéties que nous avons vécues montrent à suffisance que la politique, surtout chez nous, n’est pas une partie de plaisir. Car, elle comporte beaucoup de risques dont la prison, et même la mort. J’ai reçu beaucoup de coups parce que je portais ombrages à certains dont les desseins ne sont pas sains, essuyé des trahisons par des personnes en qui j’ai placé ma confiance, séjourné à plusieurs reprises en prison, mais toujours innocenté au finish. J’ai également connu plusieurs fois l’exil.’’ Ainsi s’exprime Hama Amadou, parlant de son parcours politique. Ces quelques mots résument, de façon grave, les embuches qui ont jalonné sa longue, brillante et riche carrière politique, la carrière politique de celui que nombre de ses concitoyens ont surnommé le ‘’Pompier’’. Car, à chaque fois que le pays est plongé dans le gouffre par ceux-là mêmes qui le combattaient à mort, c’est Hama Amadou qui, toujours, vient au secours de la nation pour redresser la situation au grand bonheur du grand nombre. C’est probablement l’une des raisons du harcèlement permanent, et irrationnel, dont il a été l’objet. Car, assurément, ses détracteurs voient, à travers la personne de Hama Amadou, leur échec, leur incapacité. Complexés devant lui, ils se sentent écrasés par sa présence. C’est ce qui explique toute la cabale, d’abord verbale et médiatique contre lui, en vue de le détruire aux yeux des nigériens, pour lesquels il a tout subi, auxquels il a tout donné. A Hama on reproche des choses, des paroles et des actes là où les mêmes donneurs de leçons, se faisant passer pourtant pour des intellectuels, se cachant hypocritement derrière de gros principes auxquels ils ne croient guère, ferment les yeux et les oreilles là où d’autres disent et font pire. De lui on exige tout, aux autres on pardonne tout. Comme s’il y a des gens au Niger qui doivent être des saints, tandis que d’autres sont autorisés à tout faire et à tout dire, impunément. Grand serviteur de l’Etat, Hama a tout donné à l’Etat, et au peuple nigérien. De même, il a tout subi, comme il l’a si bien dit un de ses anciens compagnons. Rentré très tôt dans le commandement et en politique, Hama Amadou s’est révélé au grand public en 1990 lors de la Conférence nationale où, par sa détermination et sa combativité, son franc-parler, pu sauver le MNSD parti-Etat d’une dissolution programmée par les forces dites ‘’véritablement démocratiques’’. Les nigériens sauront, des années après, que beaucoup de ces forces dites véritablement démocratiques sont de véritables forces rétrogrades et réactionnaires. Considéré par certains comme la contradiction majeure au sens marxien du terme, il était dès lors devenu l’homme à abattre. Tout était bon pour ce faire, à commencer par le mensonge, la délation pour finir par les montages de dossiers gros, les tentatives d’emprisonnement, l’attaque de son domicile, la prison et l’exil. Des coups, il en a pris ; du harcèlement, il en a subi. D’abord de son parti, le MNSD, qu’il a sauvé du naufrage et dont il a contribué à élire le candidat par deux fois : 1999 et 2004. Premier ministre et Chef de gouvernement pendant 07 ans, il est renversé par son propre camp pour et une fumeuse affaire dite de fonds de presse qui lui fut collée, l’affaire MEBA n’ayant pas prospéré. Débarqué de ‘’façon rocambolesque’’, comme il le dira, de la présidence du MNSD, ce même parti qu’il a sauvé de la dissolution, il crée, du fond de sa cellule carcérale, le Mouvement démocratique pour une fédération africaine, MODEN/FA LUMANA-AFRICA. Aux élections de 2011, son parti soutient le candidat du PNDS-Tarayya. Mahamadou Issoufou accède au pouvoir. En 2014, Hama est contraint par celui qu’il appelait son ‘’allié’’ à quitter la présidence de l’Assemblée nationale et à l’exil. De retour au pays en 2015, à la veille des élections de 2016 ‘’, il est conduit en prison. ‘’A ma descente d’avion, je fus immédiatement conduit à la prison de Filingué, pour m’empêcher de me présenter librement aux élections générales à l’horizon’’, écrit Hama Amadou. Malgré tout, il oblige, du fond de sa cellule, le président candidat à sa propre succession, resté seul sur le terrain de la campagne électorale, à un second tour. En 2020, la candidature de Hama Amadou est invalidée, alors que celle de Bazoum est validée (sic). Suite aux manifestations post-électorales, après l’élection controversée de Bazoum, Hama est arrêté avec de centaines d’autres citoyens, poursuivi pour plusieurs chefs d’accusation, les plus fallacieux que les autres. Évacué pour des soins en France, il y resta jusqu’au coup d’Etat du 26 juillet 2023 pour lequel il prend fait et cause, pour l’intérêt supérieur du Niger. Il rentre au pays et, à partir de là, consacre son temps à sa famille, des voyages privés hors du pays et des visites dans la capitale et en régions, pour présenter des condoléances, ou à des compagnons pour échanger sur la situation actuelle et l’avenir du pays, pour parler de pardon et de cohésion sociale. Le pardon, Hama Amadou en est capable. C’est ça aussi l’une de ses forces. Et, selon certains proches de lui, Hama aurait pardonné à tous avant de mourir. ‘’Même Satan, s’il me demande pardon au nom d’Allah, je lui pardonne’’, a-t-il coutume de dire. L’histoire retiendra que Hama a eu une longue et riche carrière et qu’il aura été l’homme politique nigérien le plus harcelé, dans l’histoire politique post-conférence nationale, pour sa sincérité, sa constance dans la défense des principes, mettant toujours les intérêts de l’Etat au-dessus de tout. Il aura été comme dirait l’autre ‘’le prisonnier des présidents’’. Hama a ‘’tiré sa révérence comme on dit’’, en homme libre, au milieu des siens, avec, en sus, un hommage national officiel. Qui l’eût cru il y a quelques mois ? Hama laisse ainsi tous ceux qui lui ont voulu du mal, tous ceux qui ont menti sur lui dans les différents dossiers où on l’a impliqué, tous ceux qui l’ont trahi, tous ceux qui ont été conditionnés pour le haïr, dans l’amertume et la rancœur. Pour des millions de nigériens, le ‘’Prisonnier des présidents’’, Hama Amadou, reste celui qui, à plusieurs reprises, a sauvé le pays du naufrage et l’homme politique qui a toujours préféré leur dire la vérité, au risque de déplaire, que de leur mentir.
‘’Je ne sais pas mentir, même en politique. Je ne peux pas vous promettre ce que je ne peux pas faire. Je vous permets que ce que je peux faire, parce que je sais le faire’’, a-t-il dit aux étudiants de l’Université Abdou Moumouni, à la Place Amadou Boubacar, le 11 novembre 2020, à la veille de la campagne pour la présidentielle.
Bisso