Enfin, la transition entame ses premiers pas !
Après le coup d’Etat, ainsi qu’il est de tradition chaque fois que pareille situation survient dans le pays, les Nigériens attendaient d’être appelés à une grande messe où ils iront diagnostiquer le mal nigérien, faire la radioscopie de la démocratie nigérienne inopérante, à chaque fois en crise, comme pour dire que le Niger n’a pris qu’une version jetable alors que les versions originales, plus durables et peut-être plus couteuses quand on considère les images symboliques que le pays prend ici, étaient disponibles. Et comme dirait l’autre, c’est une démocratie de l’ordre de la friperie que le Niger est allé prendre chez l’autre, inconvenante aux réalités et aux besoins du peuple. Démocratie Yougou-Yougou. Mais, la vérité est que ce sont les acteurs politiques qui en sont responsables, eux qui ne peuvent s’accommoder des principes de la démocratie, cherchant à chaque fois qu’ils ont le pouvoir à personnaliser la démocratie, incapables d’avoir le comportement qui sied pour faire vivre une démocratie.
Certains, dans le pays, déjà souffrants d’être sevrés du confort et des privilèges que donne le pouvoir, ont commencé à exprimer leur impatience, trouvant mille et un moyens pour se plaindre des lenteurs de la transition et interpeller les militaires pour organiser rapidement des élections, misant sans doute sur les fortunes colossales amassée pendant douze années de pillages et de vols pour revenir corrompre les consciences d’un peuple que l’on a paupérisé, pour lui arracher un vote par l’achat de leur honneur d’électeurs devenus vulnérables. Mais, plusieurs autres raisons poussaient les Nigériens à se demander où va cette transition quand on voit des faveurs inexpliquées et incompréhensibles faites à des acteurs de l’ancien régime qui ne manquent pourtant pas de quoi répondre devant la Justice nigérienne.
Mais, voilà qu’au cœur de ces doutes, en fin de semaine dernière, l’on apprend que le Chef de l’Etat, Président du CNSP, le Général Abdourahamane Tiani, signait un décret par lequel il a rendu officielle la tenue prochaine du forum national, en compose les animateurs et les responsables. Une telle décision, on le voit, marque un pas important, un grand pas qui mène vers la refondation promise aux Nigériens et à une vie constitutionnelle normale que des partenaires mettaient en avant pour en vouloir à ce qu’ils appellent la « Junte » qui ne venait pourtant que pour mettre de l’ordre dans un pays totalement défait par les caprices d’acteurs politiques qui n’ont eu de préoccupation que de se servir du pouvoir comme d’un raccourci pour s’enrichir comme personne ne peut le réussir dans un monde normal où, pour y parvenir, l’effort reste la seule voie. Quand on voit comment les acteurs de l’ancien régime, aujourd’hui gagnés par le désespoir, usent d’intox à travers les réseaux sociaux qu’ils partaient investir, sans doute qu’on aura compris le désarroi dans lequel ils se trouvent, pour croire, par un tel moyen, ils puissent trouver la voie pour discréditer les militaires au pouvoir et en même temps, dans le but de les affaiblir, de les diviser en créant la suspicion et la zizanie entre eux.
Choix des hommes, entre gratitude et désir du sérieux
Quand on lit entre les lignes, les noms des hommes et des femmes choisis pour travailler dans le cadre de forum national, l’on ne peut qu’être rassuré de deux choses : le sérieux des hommes, de plus en plus, rentre en ligne de compte des critères ayant motivé leur cooptation à venir travailler dans un tel cadre car tous, ou presque, de ceux qui, par leurs comportements, ont amené à douter d’eux, et souvent jusqu’à leur moralité, ne pouvaient pas être là. Ils sont à attendre, car le Niger nouveau n’a plus besoin d’eux. Comment ne pas se réjouir de noms, parmi tant d’autres peu connus, de Dr. Mamoudou Harouna Djingarey, d’Ali Idrissa Nani, de Bana Ibrahim, d’Ibrahim Hassane Mayaki, d’Idi Ango Omar, de Nouhou Mahamadou Arzika, des hommes dont le combat, ces dernières décennies, n’aura été que le Niger et le Niger seul, et pour lequel ils prenaient des risques face à des régimes liberticides ? Sur ce plan, bien d’observateurs sont arrivés à dire que le CNSP qui ne se laisse pas influencer sait bien ce qu’il fait lorsqu’on le voit garder son sang-froid pour agir selon ton tempo, son timing, non d’un autre ainsi que la fameuse Dynamique citoyenne d’Issoufou Sidibé venait tenter de le lui imposer.
Grosse responsabilité…
Ceux qui venaient ainsi d’être choisis savent bien toute la portée du choix qui, parmi 26 millions de Nigériens, les aura préférés à tous, pour les amener, dans la confiance que l’on a relativement à leur probité, à leur engagement pour ce pays – le Niger – afin de déployer toute leur énergie et leur intelligence à sortir le pays de l’impasse. Tous savent qu’ils n’ont de pays que le Niger, et comprennent le poids des charges qu’ils portent aujourd’hui face à l’Histoire et un peuple qui veut croire qu’enfin, il amorce le grand départ. Pour cela, ils savent toutes les exigences que leur impose la délicatesse du travail qu’ils ont à faire pour le pays pour ne jamais céder à aucune tentation. Le plus important aujourd’hui est le Niger, et le Niger seul, toute chose pour laquelle – et il faut le comprendre – l’on n’arrête pas de demander qu’on demande des comptes à l’ancien régime qui ne peut raisonnablement faire ce qu’il a fait sans en rendre compte au peuple souverain. C’est une question de justice sans laquelle la marche actuelle ne peut que couver des malaises – les mêmes – sans véritablement soigner les plaies d’une société malade de tant de blessures.
Se servir des lumières de l’Histoire…
Dans cette marche, pour éviter de tomber dans les mêmes erreurs et sombrer dans les mêmes déboires, il y a à regarder notre histoire récente pour en tirer les leçons qui s’imposent. Rien ne peut plus se faire comme on l’a fait jusqu’ici : il nous faut changer. Radicalement. C’est l’époque qui l’impose et le Niger n’a plus le droit d’échouer, condamné à triompher pour rentrer, par les sourires des succès, dans l’histoire. C’est pour cela qu’il est important aujourd’hui de rappeler à la bonne conscience de tous, ses propos du Général Ali Saibou, alors éclaboussé par des Forces vives de la nation manipulées par la recrue politique qui cherche le moyen de s’affirmer, mais qui ne s’est pas laissé ébranler par ces ardeurs d’une jeunesse immature qui ne peut comprendre la responsabilité de gouverner un Etat. C’est ainsi que, face à ces agitations qui oublient souvent jusqu’à préserver la cohésion du pays, il fit entendre à la conscience des participants aux assises de la Conférence nationale, les mettant face à leur conscience et à l’Histoire ces vérités empreintes de sagesse politique d’un homme d’Etat accompli qui a décidé, malgré toute la détente qu’il autorisait – la décrispation diront d’autres – de ne laisser s’installer la chienlit dans le pays pour en répondre devant le peuple. Il dira alors : « Les décisions que vous prendrez engageront notre peuple et notre pays. Vous assumerez la responsabilité devant ce peuple qui attend, devant l’extérieur qui observe et devant l’histoire qui jugera. Sachez que pour le reste, rien ni personne, n’est au-dessus du Niger et de son peuple. Les hommes passent avec leurs qualités et leurs défauts, le Niger demeure et c’est en fonction de ses intérêts, de ses seuls intérêts, que nous devons tous agir. »
C’est sans doute le message que les Nigériens, rappellent de ceux qui ont, aujourd’hui, la responsabilité historique de faire de nouveaux choix, sans calcul, pour le Niger et pour les Nigériens.
Mairiga