Pourquoi pas un militaire de carrure pour le diriger ?
Se battant sur plusieurs fronts, la transition nigérienne, devenue la cible d’Emmanuel Macron qui perdait dans le pays son plus grand obligé et allié, la transition n’a pas pu mettre toutes les institutions en place. Il y avait tellement d’urgences à affronter, notamment quand la Françafrique n’hésite pas à annoncer publiquement qu’elle s’investira à faire échouer la nouvelle marche rebelle du Niger vis-à-vis de l’impérialisme, qu’elle n’avait pas eu le temps d’aborder d’autres préoccupations et, en l’occurrence, la mise en place des différentes institutions de la transition. Cela a d’ailleurs préoccupé certains nigériens impatients, comme ceux de la Dynamique qui, inquiets qu’après un an de transition, l’architecture soit restée incomplète, avaient osé une déclaration pour rappeler au CNSP, et surtout à son Président, Abdourahamane Tiani, sa parole donnée pour une transition de trois ans. Réparer la situation, vaincre le terrorisme pour pacifier l’ensemble du territoire et rendre possible et paisible la vie ne devraient pas intéresser ceux-là ; ils ne pouvaient même pas voir les menaces qui pèsent sur le pays. Ils veulent le pouvoir, c’est tout. Et sans doute parce que l’état des lieux n’aura pas permis de leur demander des comptes, ils gardent encore leurs fortunes et misent, il va sans dire, sur elles, pour espérer revenir corrompre les consciences d’un peuple qui a tant souffert pour reprendre le pouvoir. Les Nigériens doivent veiller. La mafia d’hier ne doit pas revenir au pouvoir. Au nom de la révolution.
Dans le projet de budget 2025, on peut voir une inscription pour le Conseil Consultatif qui donne à penser que cette institution sera installée au cours de l’année. Ceci montre bien par ailleurs que la transition sait ce qu’elle fait, posant méthodiquement ses jalons chaque fois que le contexte s’y prête. Comme quoi, refonder un pays requiert tact, patience, endurance, intelligence. Le Niger, comme l’AES, n’a pas droit à l’erreur, surtout quand on a conscience des défis de la conjoncture historique. Les Nigériens doivent en tenir compte pour continuer de soutenir l’armée qui venait sauver la patrie, et veiller sur sa marche afin d’aller au bout de cette lutte ultime pour la souveraineté. Les chemins de la liberté n’ont jamais été des chemins faciles. Nous devrons encore consentir à payer le prix qu’il faut. Notre survie de peuple libre en dépend. On ne fléchira pas ; on ne devra jamais fléchir. Au nom de la dignité.
Mais, on entend trop de bruit autour de la mise en place de ce conseil. Pendant que d’autres rêvent de trouver, enfin, la place pour se refaire une nouvelle santé, et que d’autres se préoccupent de son agenda, votre journal, Le Courrier, lui, s’intéresse à la qualité des hommes qui doivent l’animer pour n’avoir de préoccupation que d’y aller penser pour le Niger et le Niger seul. Et pour cause, cet autre rendez-vous avec l’Histoire, nous ne devrons pas le rater pour répondre présents à l’appel d’un monde où ne gagneront que les peuples qui ont fait preuve d’ingéniosité et de force, pour marcher et avancer, fièrement, sans jamais compter sur un autre.
C’est pour cette raison qu’il est important aujourd’hui de se demander qui il faudra avoir à la tête de cette institution quand elle viendra à être mise en place. Désormais, l’esprit de partage qui semble avoir orienté dans certains choix ne doit plus prévaloir pour que le pays ne tombe pas dans les mêmes erreurs. Ainsi, pour ne pas sombrer dans les mêmes calculs politiciens où les gens viennent pour des positionnements tout en faisant en sorte que les décisions à prendre soient en faveur de leurs clans politiques, l’on peut souhaiter que soit porté à la tête d’une telle institution un militaire de carrure qui a une bonne maîtrise des enjeux géopolitiques et géostratégiques et qui connait bien l’environnement politique du Niger pour ne pas se laisser manipuler par des gens qui viendraient pour jouer leurs intérêts, non ceux du pays.
Il s’agit également, par un tel choix, d’éviter d’aller dans des débats oiseux, futiles, loin de l’essentiel qui doit plutôt guider les acteurs choisis pour y siéger afin de mener un travail sérieux pour la nation, non pour eux, non pour leurs camps politiques. On a le mauvais souvenir de la conférence nationale de la décennie 90 où, pendant neuf mois, les gens se sont laissés aller à des débats de bas étages où l’on peut voir inscrite à l’ordre du jour « la maladie de Seyni Kountché » comme si la connaissance de celle-ci pouvait aider à régler les problèmes de l’époque qui étaient alors essentiellement économiques et politiques. Ce pays n’a plus de temps à perdre pour aller dans des futilités et sacrifier les vrais débats, ceux dont la maitrise peut aider à avancer.
Pour mener un tel travail, sans doute qu’un militaire pourrait bien le réussir. Aujourd’hui encore, quoiqu’on dise, le Niger dispose de ces militaires valeureux, très cultivés, qui ne se sont compromis dans aucune action politique, gardant autant que possible, leurs distances avec le champ politique que les lois du pays leur défendent de fréquenter. Il faudra donc éviter à tout prix la pagaille, comme celle que l’on a souvent déplorée à la conférence nationale, pour laquelle certains médias n’hésitaient à parler de ‘’conférence de badauds’’ qui se poursuivrait. On se rappelle d’ailleurs qu’on commençait le même jour avec le Mali, mais alors que le Mali, plus réaliste, se donnait juste deux semaines pour conduire les débats, choisir «l’oiseau rare » comme PM et trouver les voies et moyens pour ramener l’argent frais dont avait besoin le pays, au Niger, on allait dans tous les sens avant qu’un certain Bonkano ne vienne divertir les conférenciers et les éloigner des vrais débats, devenant la vedette de la conférence, qui les faisait rêver de milliards à reprendre avec lui pour gérer dans la facilité le pays dont ils prenaient les commandes.
Le Niger a besoin de changer. Et pour changer, il lui faut des acteurs sérieux, capables de porter les mutations dont on rêve pour le pays. C’est ça le challenge. Le vrai.