Nomination d’un nouveau bureau : naissance d’un nouvel espoir ?
C’est sans surprise aucune que les nigériens ont appris la nomination d’un nouveau bureau de la Commission de lutte contre la Délinquance Economique, Financière et Fiscale (Coldeff) par le Chef de l’Etat, président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), le Général de Brigade Abdourahamane Tiani. C’est en effet par décret n°2025-057/PCNSP en date du 29 janvier 2025, que le Chef de l’Etat remerciait l’ancien bureau de l’institution, chargée par ses soins, 14 mois auparavant, de faire rentrer, dans ses droits, l’Etat nigérien, en faisant rembourser les délinquants économiques et financiers, véritables prédateurs des deniers publics. Aucune raison officielle n’a été avancée pour justifier le débarquement de toute l’équipe du Colonel de gendarmerie Abdoul Wahid Djibo, en place depuis le décret la nommant le 20 novembre 2023. Mais, les raisons ne manquent certainement pas. Et pour bien de nigériens, au moins deux raisons des plus objectives seraient à la base de l’ire du Chef de l’Etat contre le bureau de la ColDEFF. Premièrement, la maigre moisson de la ColDEFF. Depuis le 20 novembre 2023 qu’elle s’installait, suscitant l’espoir des nigériens qui pensaient légitimement que cette fois-ci justice serait faite et qu’ils seraient dans leurs droits, la ColDEFF n’a pu récupérer que la modique somme de 57 milliards FCFA. Pendant que les institutions du même genre ayant la même fonction, mises en place justement pour récupérer les sous volés de l’Etat, l’argent détourné du peuple, des autres pays membres de la Confédération de l’Alliance des Etats du Sahel, récupéraient, à peu près, sur la même période des centaines de milliards avec, en sus, des confiscations de biens des criminels économiques. Ainsi faisant, les institutions chargées de lutter contre la délinquance financière au Burkina et au Mali donnaient et donnent encore des rasions solides aux peuples burkinabe et malien d’espérer. Mais, peut-être qu’à ce niveau, la différence relève beaucoup plus de la volonté politique qui dépend d’un autre niveau de responsabilité que du travail technique d’une commission dont les limites d’action sont bien définies par le politique. Toujours est-il que la moisson de la ColDEFF est maigre. C’est unanimement reconnu. Alors que ce ne sont quand même pas les voleurs, les détourneurs, les spoliateurs et les kleptocrates qui manquent au Niger. Toute la gouvernance de la renaissance (12 ans et demi) est jalonnée de scandales politico financiers, plus monstrueux les uns que les autres, portant sur des milliards qui seraient dissipés au profit d’intérêts particuliers, mettant en péril les intérêts supérieurs et stratégiques de toute une nation. Ce sont sur ces dossiers, dont certains ont défrayé la chronique nationale et internationale, que la ColDEFF était vivement attendue. Et d’ailleurs pas que la ColDEFF, mais toute la transition et le CNSP qui, en venant au pouvoir le 26 juillet 2023, avançait deux raisons fondamentales et sur lesquelles tous les nigériens étaient d’accord. Et, c’est pourquoi les nigériens, dans leur ensemble, de tous les coins du pays, ont soutenu et continuent d’appuyer les autorités de la transition. Ces raisons avancées dans le premier communiqué au lendemain du coup d’Etat pour le justifier sont : ‘’la dégradation continue de la situation sécuritaire’’ et ‘’la mauvaise gouvernance économique et sociale’’. Et, pour lutter contre la prédation des deniers publics justement, conformément à la pratique consacrée depuis Kountché, le CNSP a institué, pour répondre à une demande sociale très forte qui est la soif de justice des nigériens, une commission de lutte contre la délinquance financière et fiscale, chargée de récupérer les fonds dilapidés : la ColDEFF. Mais, la moisson n’a pas été à la hauteur des espérances et attentes du CNSP, encore moins du peuple nigérien.Le trésor public, en ces temps et de sanctionséconomiques de toutes sortes contre le Niger, a besoin d’argent frais, et le peuple nigérien de justice. Rien de tout ça ne fut au rendez-vous. La deuxième raison du débarquement en catimini du bureau de la ColDEFF serait la guéguerre entre les deux premières responsables de l’institution. A entendre des sources, depuis l’arrivée de la vice-présidence, rien ne va plus au sein de la ColDEFF. Deux clans se seraient constitués, l’un autour du président qui semblait jouir de toute la confiance et l’estime du Chef de l’Etat, et l’autre autour de la nouvelle arrivée. Une institution comme la ColDEFF, une institution des plus sérieuses sur laquelle pèse l’espoir de tout un peuple, ne peut pas tolérer et survivre à de telles zizanies. Pour une troisième catégorie d’observateurs, cette mesure-sanction contre le bureau balayé de la ColDEFF, serait la conséquence de la disparition du dossier sur l’audit du pétrole nigérien dont Le Courrier fait régulièrement cas dans ses parutions. Mais, soit. Maintenant, tout ceci est derrière nous. Avec cette nouvelle équipe, les nigériens nourrissent l’espoir que, cette fois-ci, la ColDEFF sera à même de récupérer les sous volés de la République. Et, pour ce, peut-être faudrait même modifier les textes qui la régissent pour lui donner plus de pouvoir. L’échec n’est plus désormais permis. Les flammes de l’espoir doivent être entretenues. Par les résultats, pas par les déclarations. Car, les attentes des nigériens sont énormes. Bon vent donc au Colonel Zennou Moussa Aghali et son équipe. L’ancien DRH du ministère de l’hydraulique et de l’assainissement est une perle rare, connu pour son intégrité et son sens élevé du bien public. Le chef de l’Etat, président du Conseil national pour la sauvegarde la patrie, le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, ne peut pas faire meilleur choix pour diriger la ColDEFF. Géographe de formation, le Colonel Zennou ne perdra surement pas le nord.
BISSO