Le gouvernement nigérien entre amorphie et inertie
Ali Mahamane Lamine Zeine, ainsi que s’en plaignent pour lui certains de ses admirateurs, n’aura pas toujours eu, dans son équipe, les hommes et les femmes de sa carrure qu’il lui faut pour une meilleure efficacité de l’action gouvernementale, alors plombée par l’incompétence et le manque d’initiative de certains membres de son équipe. Si pour certains, le seul fait d’avoir appartenu au système que les Nigériens décriaient et que le CNSP renversait peut justifier leurs contre-performances et leur nullité, pour d’autres, la triste réalité est que l’on ne peut rien voir en eux de ce qui peut en faire des ministres de notre époque. La transition, font entendre certains analystes, aura péché par ses choix, dans bien de cas, subjectifs, qui ont conduit à promouvoir certains hommes et certaines femmes, plus par des relations quelconques que par des critères objectifs de compétence et d’intégrité. Mais, après plus d’un an maintenant, il y a lieu de faire l’autopsie de ce gouvernement fait souvent de bric et de broc qui fait son hétérogénéité et qui lui fait manquer l’énergie nécessaire à son bon fonctionnement.
Dire que ce gouvernement ne vaut rien peut paraitre un abus. Cependant, en son sein, l’on peut distinguer quatre catégories.
Les bons…
Il y en a et les Nigériens voient comment ils changent leurs secteurs. Aux Finances, le Premier Ministre et son Ministre délégué forment un binôme sérieux qui gère avec sérieux ce département, cherchant depuis qu’ils arrivaient à la tête du ministère de l’économie à voir plus clair dans la gestion antérieure, corriger les manquements et assainir la gestion actuelle des finances publiques. La gestion des pécules des contractuels, celle des pensions des retraités, des bâtiments loués par l’Etat rentrait dans cette logique avec, aujourd’hui, d’importantes économies réalisées pour mettre fin à la saignée en blanc des deniers publics ainsi que l’ancien système l’avait planifié pour enrichir ses acteurs. On peut ajouter à cette liste, les ministres de la Santé, de la Communication, de l’Intérieur, de la défense dont on voit tous les jours le dynamisme qui a permis d’une part d’apporter de grands changements, notamment dans le domaine de la santé au grand bonheur des populations mais aussi pour assurer la sécurité des populations malgré quelques actions de harcèlements sporadiques menées par les forces du mal pour faire croire qu’elles survivent alors qu’elles savent bien que la donne a changé et qu’elles sont aujourd’hui acculées, poussées jusque dans leurs derniers retranchements, prises en sandwich par les trois armées de l’AES qui ne leur font plus de quartier, décidées à les anéantir. Il y a également le ministre des Sports et de la Jeunesse qui a réussi de grands événements et à mobiliser les artistes à accompagner, chacun par son art, la marche actuelle du pays. Il réussit même à réinventer la culture nigérienne depuis des années laissée en marge, réhabilitant la semaine culturelle et créant la synergie d’action qui permette aux cultures des trois pays de l’AES de dialoguer. On peut, dans une certaine mesure, ajouter la ministre de l’énergie qui, plus discrètement, depuis des mois, s’activent à trouver une solution définitive à la crise énergétique et permettre au pays d’assurer son indépendance énergétique dans les plus brefs délais.
Les discrets mais efficaces…
Ici, on ne peut pas s’empêcher d’évoquer le ministre des Affaires Etrangères qui, même s’il n’est pas de la trempe de son homologue du Mali, plus loquace, il reste un ministre qui connait bien son domaine et le gère avec le tempérament qui est le sien, agissant discrètement jusqu’à réussir à lever tous les verrous posés qui éloignaient le Niger de la communauté internationale qui avait mis le Niger en quarantaine. Il a réussi, dans le respect de la déontologie diplomatique, même si certains Nigériens ne le disent pas et ne le reconnaissent pas, à ouvrir, par son savoir-faire dans le domaine de la diplomatie qu’il connait, du reste pour en être un produit par son expérience, bien de portes qui ont permis au Niger de sortir rapidement de son isolement et souvent de parler au monde qui peut enfin reconnaitre son nouveau régime à tort diabolisé. C’est donc une force tranquille : elle sait ce qu’elle cherche et où elle va. C’est le plus important. Le CNSP ne l’aura pas choisi pour rien. L’homme qu’il faut à la place qu’il faut ne peut ici avoir que tout son sens.
Les agitateurs…
Ils sont presque les tonneaux vides qui font trop de bruit. Inutilement. Ce n’est pas parce qu’ils seraient dénués de compétence. Mais, la réalité est qu’ils ne sont pas faits pour les domaines qu’on leur confiait, car ils ignorent tout des urgences et des défis du secteur, et notamment des complexités surtout quand il faut avoir la conscience de la gestion dont ils héritaient. C’est ainsi, très souvent, qu’ils sont pris en otage par les éléments résiduels de l’ancien système dont ils héritaient comme collaborateurs, refusant à leurs risques et périls, les choix qui peuvent permettre de réussir, notamment avec des cadres moins compromis. Ainsi, ils se laissaient tomber dans les vices, pressés de s’enrichir et d’aller plus vite dans ce qui leur permet de gagner de l’argent, dans l’oubli total de ce qui peut radicalement changer les choses dans leurs secteurs. Alors que leurs domaines demandent de profondes réflexions que ne sauraient faire les seuls commis qui entourent les ministres plus les applaudir, ils se sont laissés aller à des choix folkloriques qui ne font pas avancer le secteur. Quand on va pour se balader, cupides, avec tous les directeurs – et souvent pour certains cas, suivez mon regard – avec tout le cabinet pour que chacun mange, donne-t-on franchement la chance à un ministère de fonctionner sinon que de montrer, par de tels choix, cette propension à distribuer des frais de missions et souvent à des gens qui ne devraient pas les mériter, immobilisant ainsi le ministère tout en fatiguant ses responsables dans des missions superfétatoires alors qu’ils auraient mieux servi en restant concevoir des activités utiles qui changent des choses dans leurs secteurs. Dans le rallye des missions qui épuisent les acteurs, que voudrait-on que des directeurs centraux fatigués et angoissés du fait d’un style de travail plus ancré sur le m’as-tu vu réussissent sinon que de sombrer dans l’attentisme et dans la dépression surtout quand, dans certains autres cas, le clanisme est revenu pour ne vouloir travailler qu’avec son clan dont on s’est entouré pour protéger son mangement. Mais certains, comme à l’Education, ont eu la chance de profiter de l’aura du CNSP que les Nigériens et toutes les structures organisées ont décidé de ne pas trop gêner en lui donnant la chance de réussir. Aujourd’hui, dans ces ministères, les acteurs sont dubitatifs, et peu rassurés par un certain leadership : ils sont déprimés, perdant confiance dans les changements attendus. Peut-être qu’un autre jour, nous pourrions être plus précis dans ces appréciations. Il se trouve que certaines campagnes médiatiques ne sauraient tromper sur les médiocrités de certaines gouvernances sur lesquelles l’on ne peut aujourd’hui s’empêcher de mettre le doigt.
Les silencieux et les invisibles…
Ils sont aussi nombreux. Il y a en effet des ministres dont on ignore jusqu’aux noms car depuis qu’ils sont là, ils ne se sont illustrés dans aucune activité d’envergure, cloitrés dans leur isolement, peut-être parce qu’ils ne savent même pas ce qu’ils doivent faire et même ce que le rôle de ministre pourrait signifier. Ceux-là pourraient avoir été surpris par leur ascension, et se sentir peu préparés à assurer les rôles dont on les chargeait pour récompenser quelques relations. Ce sont ceux-là et les bavards qui tirent vers le bas le gouvernement. Sans doute que le Chef de l’équipe en sait quelque chose. Ceci n’est pas compréhensible quand on sait que le Niger compte pourtant encore d’hommes et de femmes valables.
Le temps passe et la transition doit aussi comprendre que le temps, après l’adversité ouverte des acteurs de l’ancien régime, joue contre elle.
A suivre !
Mairiga