Des deals avec Bolloré contre les intérêts du Niger
Le désastre que l’ancien président Issoufou Mahamadou aura provoqué dans ce pays est immense, difficile à cartographier, même si un consortium de journalistes d’investigation en fait le pari. L’homme humble qui entrait au pouvoir en 2011 en est sorti immensément riche, milliardaire par ce qu’il a acquis et qu’il ne peut justifier par ses seuls revenus légaux de président et, notamment, d’un pays qui est le dernier de la planète pendant les dix ans où il est resté au pouvoir. Ses accointances incestueuses avec l’Europe, et notamment avec la France, avec les Etats-Unis et avec des tiers, constituent aujourd’hui l’ensemble du boulet qu’il traine aux pieds, le gênant à marcher dans un pays où, il sait depuis ses premières sorties osées dans le quartier Yantala-Ganda, qu’il n’a plus rien à construire avec ce peuple qu’il a trahi. Ici, nous voudrions parler d’un de ces hommes qu’Issoufou, de son propre chef, tenu par une certaine amitié avec l’homme d’affaires français, a imposé aux Nigériens jusqu’à lui faire prendre des rôles qu’on n’aurait jamais dû donner à un étranger si l’on devait avoir quelque fierté pour son pays. Bolloré, celui-là qui le corrompait avec une voiture électrique qu’il peut publiquement essayer, la conduisant avec à ses côtés le colon blanc, et lui au volant, pétri de vanité et de complexe, au milieu de la foule bluffée, savait ce qu’il venait chercher dans le pays et il sait que « l’ami de la France » ne saurait rien lui refuser après le cadeau empoisonné. Tout ce que la France voulait, il la lui donnait sans hésiter, le seul intérêt pouvant être de lui garantir son fauteuil, en venant aussi dans le pays, plus pour protéger sa présidence que pour lutter véritablement contre le terrorisme qui ne servait alors que de prétexte. On se rappelle qu’Issoufou Mahamadou, de François Hollande, voulait même, à la place de gardes nègres nigériens pour assurer sa sécurité, des militaires blancs qui viendraient le protéger contre les menaces qui pourraient le viser, lui qui sait que sa gestion, telle qu’il l’a voulue, ne peut que lui attirer des ennuis dans le pays et bien d’impopularité.
En plus de la place qu’on fit à Bolloré, notamment pour gérer les recettes douanières selon un système qu’il venait vendre à Issoufou éberlué, tuant les activités de transitaires Nigériens qui faisaient vivre de nombreuses familles dans le pays, Issoufou lui confiait, encore pour ses vanités, un projet-fou, chimérique de chemin de fer qui ne répond à aucune exigence technique autre que la volonté d’un président qui aspire pour son m’as-t-u-vu à aller un 18 décembre pour la fête tournante dédiée à la région de Dosso, afin de partir se plastronner devant les populations qu’il croit émerveiller par cette route de fer qu’elles n’auraient jamais vue de leur vie. Dès l’entame, l’on avait décrié le projet tel qu’il a été conçu et mis en œuvre. On se rappelle que c’était Bolloré lui-même qui disait à Niamey, à l’occasion d’une cérémonie, qu’on ne lui a donné aucun franc et qu’il n’aura écouté que les volontés du président pour dépenser son argent, et surtout qu’il n’y avait pas eu d’études préalables pour commencer les travaux. Comment un grand entrepreneur de son gabarit, peut-il, sans entamer la crédibilité de ses entreprises et de son nom, accepter de faire un travail d’une aussi grande importance, requérant une expertise particulière, sans étude, sans aucun sérieux ?
Mais Issoufou voulait son chemin de fer, coûte que coûte. Il n’écoutait personne, pas même le syndicat des cheminots du Benin qui partait en grève pour alerter sur le fait que les chemins de fer de Bolloré au Niger ne correspondent pas aux normes actuelles et notamment d’écartement des rails pour s’ajuster aux leurs puisque le but était de faire en sorte que du Benin, le train arrive au Niger. Vieux rêve devenu chimère. En Afrique, le Niger était devenu la chose d’Issoufou, il pouvait décider de tout sans avoir à redire à un autre. Il a presque vendu le Niger qui devenait alors presque un jardin hérité qu’il peut engager dans toutes formes de compromissions. Au Niger aussi, quand on sait que les populations des villages traversés par le « serpent de fer », sommées souvent de déguerpir, sous la menace de forces de l’ordre, n’avaient eu ni délai pour déguerpir ni bénéficié de dédommagement. Un jour, c’était dans un bus revenant de la ville de Dosso qu’une femme nous disait que c’est la nuit qu’on venait leur dire de partir, et le matin chacun a dû se débrouiller pour aller louer ailleurs car, tout de suite, personne ne pouvait construire une maison pour abriter sa famille alors que venait la saison des pluies. Personne n’avait décrié cela alors que ce sont des faits vérifiables. Pourquoi tant de mépris pour ces populations ? On sait que deux localités avaient résisté. Tchoudawa dont la population avait clairement fait entendre que le train, s’il devrait faire déplacer leur village, le fera sur le dernier cadre des habitants. Il y a aussi Birni N’Gaouré où les rails devraient paresseusement passer sur la maison du Chef de Canton qui avait aussi résisté, refusant que ce train sans avenir vienne les déloger.
En plus du fait que cette voie est venue gêner les populations des quartiers Aéroport à Niamey, en rase campagne, elle a séparé des populations riveraines de leurs champs, ne pouvant contourner avec leurs charrettes que sur de longues distances et notamment quand, les rails sont plantés dans des trous profonds qui pourraient faire croire qu’on est dans un conte de fée, non dans une réalité vivante. Et pour ce machin inutile, lorsque le même régime d’Issoufou, sans doute humilié par l’ouvrage, décidait à un conseil des ministres de le déboulonner pour utilité publique, la réaction de l’entrepreneur avait été vigoureuse, réclamant à l’Etat du Niger, avant toute destruction de l’inutile voie ferrée préhistorique, quelques 1900 milliards de francs cfa ainsi que l’écrivait le journal en ligne, Africa Intelligence, presque le budget annuel du Niger.
Ne comptons pas, tant à Niamey qu’en rase campagne, les accidents de la route mortels causés par l’ouvrage ridicule. Voilà donc, en plus de ce que Bolloré demandait pour ces fers inutiles, ce que le chemin de fer de « l’ami français » du socialiste nigérien aura causé aux populations du Niger. Mais alors qui paiera la note ?
« Tchabé,a si ma kalan da a di…. »