Les importateurs sont-ils plus forts que l’Etat ?
Soutenant la transition, les Nigériens ont fait montre d’une résilience qui a surpris plus d’un observateur. On leur a promis le chaos, mais à la surprise générale, ils ont résisté et restent plus que jamais vivants. Pendant que les prix grimpaient dans les marchés, personne ne s’en plaignait et les autorités ont beau décider de prendre des mesures qui aident les populations à ressentir moins les conséquences de l’embargo, les commerçants nigériens n’observent que peu les décisions prises et annoncées. Quand, au plus fort de la crise, certains produits venaient à manquer dans le pays, l’on s’était demandé quel combat faisaient certains commerçants qui ne peuvent être solidaires des populations dans des moments aussi difficiles que leurs compatriotes vivaient de manière courageuse. Malgré les implications du régime, on avait vu que certains ne réagissaient pas, appliquant des prix qui ne sont pas ceux convenus. Et, l’on s’était demandé s’ils n’étaient pas solidaires, par une telle attitude, du régime renversé. A chacun son combat. Pendant que le Zantché Kasa et le Labu san ni no battent leur plein, d’autres, ouvriers de l’ancien du régime, et nostalgiques des dérives qui leur permettaient de s’enrichir, jouent au sabotage. Il faut mettre des visages sur ceux-là.
La même question est aujourd’hui valable quand, à l’approche du mois béni de Ramadan et, ce, malgré les efforts du gouvernement à plafonner les prix de certains produits, il y en a qui s’y refusent, continuant à vendre selon leurs fantaisies, et même, à créer des ruptures pour davantage éprouver la Oumma islamique à l’approche de son Grand Mois. Depuis des jours, dans certaines boutiques de la capitale, le riz est devenu introuvable et celui qu’on expose, généralement, dit parfumé, n’est pas à portée des ménages nigériens moyens. Et, on fait les boutiques et on n’en troue plus.
Pourquoi donc les décisions de l’Etat ne peuvent-elles plus s’imposer à ces Nigériens ?
La première question que l’on se pose, ainsi que s’en plaignent certains commerçants, est de savoir si ces prix avaient été fixés sans concertation préalable avec les concernés, notamment les commerçants et les organisations de défense des consommateurs très peu visibles depuis quelques temps dans le pays. Les commis de l’Etat se sont-ils isolés dans leurs bureaux pour décider des prix, ne suivant, eux aussi, que leurs fantaisies ? Il est clair que s’il en est ainsi, il ne peut qu’être difficile de voir s’appliquer les prix décidés alors de manière unilatérale. Car, le commerce n’est pas une activité philanthropique, c’est pour faire des bénéfices. Personne ne fera du commerce pour perdre et fermer boutique. Il faut donc espérer que les autorités reviennent communiquer pour édifier les Nigériens. Pourquoi, pour se mettre à l’abri de possibles dénonciations de la part des consommateurs pour ceux qui appliquent d’autres prix qui ne sont pas ceux fixés, l’Etat ne peut pas s’en prendre à ceux qui créent la rupture, refusent de sortir le riz pour empêcher que les consommateurs puissent s’approvisionner ? Un tel acte est pourtant plus grave que de vendre au-delà du prix exigé. Il faut remettre chacun à sa place.
C’est pourquoi, il y a à s’inquiéter. L’Etat perdrait-il son autorité pour que des individus puissent ainsi le défier ? Non. Il faut que l’Etat joue son rôle. Et force reste à la loi.