Les membres de la Commission de lutte contre la délinquance économique, financière et fiscale (Coldeff) ont le dos au mur. Le général Tiani, président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (Cnsp) et chef de l’État, ne leur a laissé aucune chance de se faire, sinon des raisons pour justifier un échec de leur mission ou du moins des excuses pour un travail a minima. Ils n’ont bouclier, ni armure, encore moins de paravent. Ils sont face à l’intransigeance et à l’impatience d’un peuple spolié de ses deniers et biens et qui entend fermement rentrer dans ses droits. « Au plan de la justice sociale et de la restauration de l’État et du peuple dans ses droits, la Commission de lutte contre la délinquance économique, financière et fiscale (Coldeff) est à pied d’œuvre pour instruire tous les dossiers relevant de sa compétence. J’engage ses membres, au demeurant sous serment, à tout mettre en œuvre pour mériter la confiance placée en eux par la Nation », avait déclaré le chef de l’Etat, non sans avoir martelé sa promesse de ne jamais interférer dans les activités de la Coldeff, mieux, d’user de ses pouvoirs pour briser les entraves et difficultés éventuelles. « Pour ma part, je réitère mon engagement, celui du CNSP et du gouvernement, de ne couvrir personne et de prêter mains fortes à cette institution pour surmonter toute entrave ».
Le général Tiani le sait et l’a dit : « le fléau généralisé de la corruption est l’une des causes qui nous ont conduits à prendre nos responsabilités pour mettre fin au régime que vous connaissez », une façon de dire que le succès et l’échec de la Coldef est imputable au Cnsp dont l’intervention, le 26 juillet 2023, a été motivée, entre autres causes, par le fléau de la corruption et infractions assimilées. Pour enfoncer le clou, il rappelle le serment du Cnsp de mettre l’État dans ses droits. Et, sublime mention à l’attention de ceux qui rêvent d’un cinéma de la part du Cnsp, le général Tiani a dit, le visage serré : « Pas de répit ni de pitié pour ceux qui ont spolié les biens de l’Etat. Nous avons instruit la Coldeff à travailler en toute transparence tout en respectant le droit des uns et des autres ».
Les membres de la Coldeff ont probablement compris. Si le succès est d’abord celui du Cnsp, l’échec, lui, est le leur. Cependant, le Niger entier leur sera reconnaissant et gardera en mémoire les éminents services qu’ils rendraient à ce pays, sinon pour rompre définitivement avec le cycle des détournements, du moins servir d’exemples tangibles qui décourageraient de tels actes.
Laboukoye