Les événements politiques, qui sont venus s’ajouter à la crise sécuritaire au Mali, ont mis à l’épreuve la CEDEAO qui a manqué d’inspiration à gérer intelligemment la crise multidimensionnelle du pays, ne pouvant trouver mieux à faire qu’à imposer des sanctions qui compliquent la situation du Mali. De telles mesures insensées, heureusement, ne peuvent contrarier son peuple engagé et ses autorités à fléchir, vent debout pour leur dignité, pour ne jamais renoncer à la « révolution » en marche. Ce fut le cas au Burkina Faso. Au Niger aussi. Dans ce dernier pays, plus qu’ailleurs, les sanctions prises n’ont rien de commun avec les autres, car la CEDEAO, lâchement, sous les injonctions de la France triste de perdre le Niger, décidait de mesures inédites, iniques, assassines qui n’ont d’objectif que d’anéantir le peuple du Niger en le faisant mourir de faim et de maladie. Mais, le peuple ne courbera pas l’échine. Il a résisté. Fièrement.
Que de péripéties n’avait-on pas connues depuis lors dans les relations houleuses entre le Niger et la CEDEAO qui a oublié que le Niger est un pays souverain qu’aucun autre, même pas une organisation à laquelle il aura souverainement adhéré, ne peut commander pour lui dicter des choix qui ne peuvent pas correspondre aux aspirations de son peuple. Pour avoir délibérément choisi, dans le mépris de l’idéal qu’elle pré- tend défendre et des valeurs de cohésion qui sont en principe les siennes, elle est allée, devenant cette pourriture immonde dont s’offusquent les populations de son espace, par les manipulations d’Emmanuel Macron, prendre des mesures qui, au lieu de conforter la solidarité qu’elle défend en son sein, ont ébranlé sa cohésion déjà fragile qu’aucun bon sens ne peut comprendre, décidée à blesser un peuple, dans l’espoir de l’agenouiller et de le rabaisser, de l’humilier et de l’assujettir définitivement. Mais, les Nigériens ont refusé de céder à la pression télécommandée de la CEDEAO devenue l’instrument d’un autre, notamment de la France.
Avec courage, ils ont tenu dignement dans la souffrance, démentant tous les pronostics par lesquels, trompée par l’ancien Premier ministre Ouhoumoudou qui, désormais sans domicile fixe depuis qu’il fit le choix de l’exil, prétendait qu’il ne voyait pas comment, avec la batterie de mesures que sortaient la CEDEAO et d’autres partenaires, le Niger puisse tenir même en deux semaines. Et voilà, plus de quatre mois, que le Niger tient, trouvant le moyen de tenir dans les épreuves dont elle a appris à contourner les affres par son courage et son engagement, par le patriotisme de ses enfants et leur résilience. Le pauvre ancien Premier ministre, voyant ses pronostics macabres échouer lamentablement, devrait aujourd’hui se tenir la tête entre les deux mains, triste de ne plus voir son pays sombrer ainsi qu’il le prédisait dans les folies d’un exil qu’il avait cru doré auprès du président français dont ils servaient la cause, oubliant celle d’un pays, le sien en principe, qu’ils auraient eu l’humilité de reconnaitre, en vérité, comme cette nation qu’ils avaient trahie et pillée.
Et la CEDEAO n’a écouté personne. Elle n’a pas écouté les Nigériens et les nouvelles autorités pour comprendre la crise nigérienne, pour cerner les malaises qui ont conduit à la situation que l’on sait et, finalement aussi, au renversement d’un régime qui ne marchait plus avec le peuple depuis plus de dix ans qu’il s’égarait par ses égoïsmes. Elle n’a pas écouté ses propres populations qui ont dénoncé des sanctions qui trahissent le bon voisinage et des relations séculaires empreintes de cordialité. Elle n’a pas écouté les interpellations de nombreux africains, activistes des réseaux sociaux, qui attiraient son attention sur la gravité de ses choix contre le Niger et contre tous les pays qui sont en transition. Elle n’a même pas écouté les divisions en son sein, quand, sur quelques quinze pays membres, seuls peuvent être actifs dans l’option militaire quelques quatre ou cinq dirigeants de l’espace, dont certains au fil du temps, par réalisme, finirent par se ramollir, exprimant peu leurs ardeurs guerrières contre le Niger qui les attendait des pieds fermes. Les cris de certaines populations qui souffrent des sanctions et, notamment, de la fermeture des frontières, en l’occurrence celles du Benin, ne peuvent pas amener l’organisation à reconsidérer ses mesures injustes, laissant, sans cœur, des familles de son espace mourir de faim quand leurs activités ne peuvent plus prospérer.
Elle n’a pas écouté les cris d’alerte de certains de ses députés qui ont dénoncé ces mesures inappropriées et qui, plus, ne peuvent être justifiées par aucun texte de l’organisation : c’est la France qui les veut et les Nègres de la CEDEAO s’y sont pliés, heureux sans doute de réincarner l’image refoulée du colonisé d’une époque qui continue de les poursuivre.
Aujourd’hui, après plus de quatre mois d’isolement, la CEDEAO peut avoir compris que le Niger, le Mali et le Burkina Faso peuvent vivre sans elle et sans ses frontières. Elle peut donc les fermer autant qu’elle le voudra, leurs peuples et leurs dirigeants n’étant plus prêts au renoncement pour abdiquer alors que leur victoire est si proche. Les positions se sont ainsi cristallisées entre la CEDEAO et les pays du Sahel, chacun campant sur les siennes, refusant de céder pour laisser quelque place au dialogue. Mais, alors que bien de pays avaient compris que le retour du président déchu pour lequel ils se battaient n’était plus envisageable, la CEDEAO n’eut pas le courage de se raviser pour revenir à des meilleurs sentiments afin de comprendre et d’assumer son échec dans l’épreuve qu’elle a inutilement engagée contre le Niger.
Mais aujourd’hui, tout le monde a compris que la CEDEAO a compris qu’elle a joué, par ses médiocrités, pour son inévitable mort prochaine, quand, donnant les preuves qu’elle ne peut pas agir pour le bien des peuples, tout le monde, de partout, appelle à l’abandonner et à se détourner d’elle. On sait les angoisses qui taraudent bien l’esprit des dirigeants de l’espace qui ont fini par comprendre que cette CEDEAO n’est plus qu’un malade grabataire qu’on pourrait, dans les prochains mois, enterrer. Les Sahéliens avaient besoin d’autre chose et rêvent le meilleur pour eux et pour le monde : il fallait d’autant plus autre chose aux populations qu’elles ont fini par déchanter depuis qu’elles ont compris que la CEDEAO ne peut réussir le projet de la monnaie unique et que sa fameuse libre circulation des personnes et des biens n’est qu’un leurre et un mensonge qu’on découvre à chaque pas d’une frontière à l’autre.
Sommet de tous les dangers…Les petits monstres qui dirigent aujourd’hui la CEDEAO ont fini par ruiner sa réputation et le plonger dans un coma profond. Ils sont nuls et d’une nullité agaçante. On les pousse à se faire la guerre et ils ont accepté le job, presque bêtement, incapables de comprendre que ce n’est ni dans l’intérêt de la démocratie, ni même dans l’intérêt des Etats, a fortiori de la CEDEAO elle-même. Et elle va mourir, c’est une triste réalité. Alors que beaucoup de pays font déjà un clin d’œil à l’AES qui nourrit de grandes ambitions qui vont au-delà du Sahel pour concerner toute l’Afrique, la CEDEAO, sans doute déçue de ne pas voir les résultats de ses mesures pour voir le Niger tomber en faillite, voit son espace, comme peau de chagrin, se rétrécir gravement, inquiète à aller dans un sommet le 10 décembre prochain pour se prononcer sur la situation des pays en transition et notamment du Niger contre lequel, par méchanceté, elle prenait des sanctions inhumaines que ses textes ne peuvent nullement justifier.
Elle peut donc maintenir les mêmes lâchetés, en ne renonçant pas à ses mesures ; et peut même les corser si tant est qu’elle le voudrait et que cela lui ferait quelque plaisir, le Niger n’a que faire des bienveillances nouvelles qu’elle pourrait avoir pour l’en épargner après plus de quatre mois de résistance. Les Nigériens ne mourront pas. Ils ne courberont pas l’échine !Il ne fera donc ni chaud ni froid aux Nigériens quant aux décisions que la CEDEAO pourrait être amenée à prendre à l’issue de la prochaine rencontre car les pays de l’AES s’y sont préparés, faisant depuis des semaines, des choix courageux pour se passer d’elle, de son UEMOA, de son CFA et de sa France colonialiste. Tous peuvent avoir compris que les trois pays, depuis des jours, sont dans une dynamique à laquelle ils n’entendent pas renoncer. Certains, parlant de cette rencontre décisive pour l’organisation régionale, n’ont pas tort de dire qu’à l’issue de cette messe, ou ça passe ou ça casse, peu importe pour le Sahel.
Au lieu du Niger, le grand perdant sera la CEDEAO elle-même qui, peut-on le prédire, explosera inévitablement. Ses dirigeants ont oublié une règle élémentaire pour gérer de telles crises : mettre dans la balance les intérêts du peuple contre ceux d’un système décrié et controversé ou, dans le cas du Niger, d’un individu qu’on veut, coûte que coûte, imposer à son peuple qui l’a pourtant rejeté, lui et toute sa gouvernance qui a manqué de courage contrairement à ce que peut dire Emmanuel Macron, qui, converti en avocat du président déchu, défend son client avec une rhétorique maussade qui ne peut convaincre personne.
Forcément, en sortant de son prochain sommet, la CEDEAO devra être profondément affaiblie, surtout quand ceux qui doivent parler en son nom, comme ce lugubre personnage nigérian, ministre des Affaires Etrangères de son Etat, qui peut, dans ses « diarrhées verbales », s’autoriser des dé- rives qui vont forcément impacter les relations de bon voisinage que les deux pays et leurs peuples, pendant des décennies de respect mutuel, avaient cultivées et affinées. Personne ne peut forcer le Niger, le Mali, le Burkina Faso à faire partie de la CEDEAO ou de tout autre regroupement qui peut leur vouloir du mal, et dans le cas du Niger, jusqu’à vouloir porter contre lui une guerre. Son sommet du 10 décembre, c’est donc son problème, pas celui du Niger qui ne compte plus sur elle, et pas même sur l’électricité du Nigéria pour se développer, les Nigériens ayant appris à s’en passer. Elle s’en rendra compte quand, ouvrant ses travaux, elle verra plusieurs fauteuils vides et qui pourraient le demeurer encore pour longtemps, et sans doute aussi, pour toujours.
C’est d’autant sérieux que l’AES est très avancée dans des choix stratégiques importants qui finiront par séduire toute l’Afrique de l’Ouest. L’AES pourra d’ailleurs, misant sur les contradictions de l’organisation régionale, concurrencer fortement la CEDEAO sur son espace jusqu’à l’éteindre définitivement, quand, enfin, une nouvelle monnaie forte viendra délivrer le Sahel du CFA et de la France. Quand on voit la dernière mission russe au Niger avec une importante délégation de responsables militaires russes avec l’implication directe de la hiérarchie militaire du Niger, l’on ne peut que croire irréversible la marche engagée par l’AES pour ne jamais renoncer à sa révolution en marche.
Si le Niger n’est rien pour la France, s’il n’est pour elle qu’un pays pauvre, et peut- être le plus pauvre de la planète, elle ne devrait plus se plaindre de l’avoir perdu. Elle doit, au contraire, se réjouir, de s’être déchargée d’un fardeau. Le Niger, lui, est heureux de marcher sans la France. C’est un bonheur nouveau qui sonne aux nigériens tant d’ivresse pour aller dans la nouvelle année, sous de nouveaux soleils. Notre Sahel est l’oasis de l’Afrique. Il est en renaissance !
Par Mairiga